L'actuelle présidence luxembourgoise de l'Union européenne souhaite instaurer un nouveau permis moto progressif sur trois ans en fonction de la cylindrée. Mais la Federation of European Motorcyclists' Associations tire la sonnette d'alarme.
Le réaménagement du permis moto européen tel que proposé par l'actuelle présidence luxembourgeoise à M. Grösch, rapporteur du Parlement européen, repose sur une approche progressive en trois temps en fonction de la cylindrée. L'accès direct au permis gros cubes sans formation initiale serait toujours possible mais repoussé à 24 ans au lieu de 21, tandis que la catégorie A2 actuellement limitée à 25 kW serait élargie à 35 kW.
"Que le citoyen européen moyen [doive] passer un examen (théorie et pratique) complet pour pouvoir rouler sur une moto de petite cylindrée, c'est logique", estime Antonio Perlot, secrétaire général de la Federation of European Motorcyclists' Associations (FEMA, le principal lobby motard à Bruxelles).
Ce qui l'est moins en revanche, c'est qu'après avoir roulé sur ce type de deux-roues pendant deux ans, le jeune motocycliste devrait alors passer "un autre examen pratique complet" afin d'accéder aux motos de moyenne cylindrée. Cette catégorie A2 de motos "intermédiaires", qui englobe aujourd'hui les motos de moins de 25 kW (34 chevaux), serait élargie aux motos affichant une puissance allant jusqu'à 35 kW (environ 50 ch), "ce qui est une bonne chose car cela rendra la catégorie plus attractive aux yeux des jeunes motards", estime Antonio Perlot interrogé par Moto-Net.
Après deux ans d'expérience sur sa moto de moyenne cylindrée, notre jeune candidat motard, particulièrement motivé, serait à nouveau appelé à passer "pour la troisième fois un examen pratique complet " lui permettant de rouler sur une grosse cylindrée.
"Ceci n'est pas logique", explique à Moto-Net Antonio Perlot, car "ça revient à nier l'expérience acquise au cours de l'apprentissage progressif". Le Conseil européen laisserait en outre aux Etats membres - et donc "aux moto-écoles privées", précise la FEMA - le droit de décider du nombre d'heures pour ces cours très onéreux : "au moins 5 heures au coût moyen de 70 euros de l'heure", calcule la FEMA qui dénonce en outre le fait que "le motocycliste devra à chaque fois s'absenter de son travail pendant plusieurs jours pour prendre ces cours".
La FEMA regrette donc que le Conseil omette "complètement de reconnaître et récompenser de manière appropriée l'expérience acquise sur la route avec des véhicules de plus petite cylindrée, qui est la base d'un système progressif attractif. Au lieu de cela, il crée des obstacles injustifiés, onéreux et une perte de temps pour le citoyen".
En tant qu'organisation représentant les motocyclistes d'Europe, la FEMA se dit "consternée par l'absence de logique de cette proposition" qui "court-circuite l'esprit même de l'accès progressif et dissuade les citoyens d'accéder à ce véhicule qui leur offrirait une mobilité de base".
Sans compter que les futurs motards, en fonction de la législation adoptée par leur pays respectif, "pourraient être amenés à passer par ce système à des âges très différents selon le pays alors que l'intention de la Commission était de rendre le système de permis plus transparent pour le citoyen et les autorités qui l'appliquent", dénonce la FEMA qui "exhorte le Parlement européen à ne pas accepter ce système (...) illogique et déséquilibré, uniquement dans le but de clôturer rapidement le dossier complet de la 3ème Directive sur le permis de conduire sous la présidence luxembourgeoise avant la fin juin".
L'association a présenté au rapporteur et à la délégation du Parlement européen des propositions pour un système d'accès à la moto "logique et attractif". "Aujourd'hui, la catégorie A2 est limitée à 25 kW (34 ch, NDLR) et il faut refaire un permis" explique Antonio Perlot. "Nous proposons, pour les jeunes qui passent de la catégorie A1 (125 cc) à la nouvelle catégorie A2 étendue à 35 kW (environ 50 ch), un examen limité ou une formation de 5 heures maximum, uniquement sur les différences entre les deux catégories de véhicules (car souvent un scooter 125 est différent d'une moto A2). Cela incitera les jeunes à commencer avec un 125 cc et à acquérir de l'expérience".
Partant du principe qu'entre la catégorie A2 et la catégorie A (gros cubes) il y a "nettement moins de différences" qu'entre la A1 et la A2, Antonio estime qu'il est "inutile de mettre en place un examen ou une formation. Avant d'accéder à la catégorie "suprême" (24 ans), la FEMA propose simplement une durée minimale entre chaque catégorie de permis : deux ans pour les jeunes qui ont commencé par la A1 (16 ans) et trois ans pour ceux qui ont commencé avec une A2 (18 ans). "Il me semble que c'est une proposition équilibrée qui incite encore une fois à l'accès progressif. De plus, deux ou trois ans d'expérience avec la nouvelle A2 seront envisageables par l'usager, car la moto est plus intéressante et polyvalente que l'ancienne catégorie limitée à 25 kW. Surtout, insiste la FEMA, la formation entre chaque permis ne doit pas dépasser cinq heures", les trois examens successifs ne doivent pas reprendre ce qui a déjà été acquis lors des étapes précédentes et se concentrer uniquement sur les différences entre les types de motos.
"Le principe est d'encourager l'accès progressif plutôt qu'éloigner les usagers en les confrontant à des contraintes excessives et inutiles (test ou formation) qui répètent les notions déjà apprises sur la catégorie précédente", résume pour Moto-Net Antonio Perlot tandis que la FEMA demande, "en tant que citoyens, au Parlement européen de prendre le temps nécessaire à une bonne réflexion car une loi votée dans l'empressement est souvent synonyme de mauvaise législation".
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