Comme prévu depuis l'automne dernier, le port de gants homologués CE deviendra obligatoire le 20 novembre pour les conducteurs et passagers de moto et scooter. Cette nouvelle mesure sanctionnée par une amende de 68 € et d'un retrait d'un point s'applique aussi aux cyclomoteurs (50 cc), aux quads et aux scooters à trois et quatre-roues comme les MP3 et Quadro4.
Obliger les motards à porter des gants n'est pas une idée nouvelle : le préfet Régis Guyot le recommandait dès 2013, soulevant des réactions contrastées. Certains y sont favorables au motif évident de la sécurité, quand d'autres s'agacent de son caractère obligatoire, considéré comme une contrainte liberticide supplémentaire alors que la plupart des usagers deux-roues - conscients des risques - s'équipent correctement. Et les estimations reprises par le gouvernement pour entériner sa mesure corroborent ce point de vue : en France, "12% des utilisateurs de deux-roues motorisé roulent encore sans gants adaptés", selon une enquête TNS Sofres. 88% de motards et scootéristes porteraient donc des gants adaptés !
Fort de statistiques démontrant l'importance des gants (voir ci-dessous) - notamment le fait que lors d’une chute à moto ou à scooter, "les blessures aux mains sont atténuées ou évitées dans 95% des cas pour les motocycliste" selon le rapport MAIDS -, le gouvernement avait néanmoins décidé de rendre leur port obligatoire l'automne dernier lors du Comité interministériel de la sécurité routière, avec une mise en application prévue au 1er janvier (lire notre Dossier spécial CISR du 2 octobre 2015 et MNC du 5 janvier 2016 : les motards trinquent en 2016).
Mais ce calendrier a pris du retard, entre autres à cause des difficultés à définir un cadre législatif entourant les caractéristiques des gants en question, qui doivent assurer une réelle protection sans pour autant coûter un bras (ou même en l'occurence une main). Un grand écart difficile à réaliser, surtout concernant les jeunes de 14 ans que les parents doivent désormais équiper de manière adéquate. Le décret 2016-1232 publié aujourd'hui au Journal officiel précise donc que "les gants doivent être conformes à la réglementation CE relative aux équipements de protection individuelle" (EPI, soit tous les gants portant la mention "CE" sur une étiquette, NDLR). Le coût moyen de ces EPI certifiés (lire MNC du 9 mars 2012 : le point sur les normes des équipements moto et scooter) serait de "45 €", estime le gouvernement : pile le prix de l'amende minorée en cas de non-port de gants (amende de 68 € minorée à 45 € à condition de payer sous 15 jours) !
Cette contravention s'applique aussi bien au conducteur qu'à son passager, mais le pilote encourt en outre un retrait d'un point sur son permis de conduire. Voila qui commence à devenir cher payé pour une mesure à l'origine décidée pour "limiter la gravité des blessures aux mains et aux avant-bras, trop souvent liées à l’insuffisance, voire l’absence de protection corporelle". Autre motif d'inquiétude chez les motards : la potentielle escalade vers le port obligatoire d'une tenue complète (chaussures hautes, pantalon, blouson...), avec à terme - pourquoi pas ? - l'obligation de disposer aussi d'un dispositif airbag (lire notre Dossier spécial airbag moto).
Si l'idée peut sembler louable, elle serait extrêmement contraignante et coûteuse, ce qui mettrait un coup de frein supplémentaire à la pratique de la moto et du scooter en France, déjà fortement ralentie par des mesures toujours plus répressives à l'égard des usagers deux et trois-roues : formation de 7 heures pour les 125 cc, permis A2 obligatoire quel que soit l'âge, interdiction d'accès à Paris pour les motos anciennes, etc. La liste des contraintes exercées sur les motards et scootéristes n'en finit pas de s'allonger...
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