• L'essentiel
  • -
  • En savoir plus...
TEST
Almeria (Espagne), le 27 février 2018

Essai Speed Triple RS : le roadster Triumph hausse le ton et le son en 2018

Essai Speed Triple RS : le roadster Triumph hausse le ton et le son en 2018

Deux ans seulement après sa dernière mise à jour, la Speed Triple profite d'une nouvelle évolution mêlant refonte mécanique et renfort technologique. Moto-Net.Com a testé le maxiroadster 2018 de Triumph dans sa version haut de gamme : la Speed Triple RS. Premier contact sur route et circuit.

Imprimer

Essai Speed Triple RS page 2 : Triumph roule des mécaniques

La souplesse du 3-pattes anglais reste tout à fait remarquable, bien plus proche de celle d'un 4-pattes que d'un bicylindre : la Speed Triple 2018 peut trotter à 50 km/h sur le dernier rapport, puis repartir sans broncher ni brusquer son pilote. Doux et costaud sont des qualificatifs qui lui vont parfaitement.

L'agrément de conduite en ville est renforcé par la gestion électronique des gaz : la hausse du régime est habilement modérée sur les premiers degrés de rotation de la poignée, ce qui facilite grandement le travail de la main droite du pilote.

Les poules mouillées peuvent enclencher le mode "Rain" pour bénéficier d'une réponse encore plus douce, quelle que soit l'ouverture de gaz. Les accélérations sont très linéaires : elles restent musclées dans les tours bien sûr, mais le moteur est tout de même bridé à 100 chevaux. En France merci, on a déjà donné !

Essai Speed Triple RS : le roadster Triumph hausse le ton et le son en 2018

Testé par MNC sur des routes totalement sèches et parfaitement revêtues, le mode "pluie" de la Speed Triple RS use et abuse du principe de précaution : bien avant que la roue arrière ne patine - il n'y avait aucune raison de manquer de grip en l'occurrence -, l'électronique régule sensiblement les accélérations.

Pour la première fois de son histoire, le maxiroadster Triumph rechigne à ouvrir en grand comme le pilote l'exige ! La RS est donc bel et bien la toute première Speed Triple pourvue d'un cerveau - la centrale inertielle "IMU" -, ce qui lui permet de prévenir plutôt que tenter de guérir...

Le surnom de "Hooligan" que lui donnaient ses concepteurs n'est plus vraiment d'actualité. Le pilote ne peut plus en faire qu'à sa tête - à moins de déconnecter les assistances, ce qui est possible - mais ne risque plus de se casser la gueule bêtement. Plutôt sécurisant, donc.

Essai Speed Triple RS : le roadster Triumph hausse le ton et le son en 2018

En sélectionnant le mode "Road", le motard dispose de plus de répondant à la poignée droite. Plus franche dans ses reprises, la Speed Triple 2018 profite d'ores et déjà de ses 150 chevaux maxi (idem en mode "Sport" et "Track", ce dernier étant réservé à la RS).

Dès 3000 tr/min, le moteur catapulte prestement l'engin (190 kg à sec) et son pilote (72 kg à poil). Aux alentours des 6500 tr/min, le moulin - à eau - semble tourner de plus belle. En fait, cette sensation est accentuée par la sonorité des pots de plus en plus retentissante : le roadster hausse conjointement le ton et le son !

Sur route, Moto-Net.Com cale naturellement son rythme sur celui de l'ouvreur Triumph au style de conduite viril mais correct : c'est un ancien du Tourist Trophy ! Pour enrouler sportivement - d'accord, débouler copieusement - sur les petites routes andalouses, l'aiguille du compte-tours n'a toutefois pas besoin de dépasser les 7500 tr/min.

Essai Speed Triple RS : le roadster Triumph hausse le ton et le son en 2018

Selon les graphes du constructeur (qui compare les performances du moteur 2018 Vs 2016 ,lire notre point technique en page 3), le pic de couple est atteint juste après 7000 tr/min. Mais 2000 tours plus bas, le moteur dépasse déjà les 110 Nm, ce qui - croyez-nous sur parole -, autorise des relances tout à fait grisantes !

D'un coup de joystick-super-pratique, le pilote peut adopter le mode "Sport" (icone "route sinueuse") qui se révèle encore plus réactif et dynamique. À ce stade, la gentille petite balade du dimanche matin se transforme irrémédiablement en une vilaine grosse arsouille !

Disponible dans le catalogue Triumph avec une cinquantaine d'autres accessoires, le quickshifter souligne encore le caractère sportif de la machine, simplifiant et accélérant non seulement les montées de rapports mais aussi les descentes. La Speed se charge toute seule de mettre le petit coup de gaz facilitant la rentrée du rapport : broaaap !

Essai Speed Triple RS : le roadster Triumph hausse le ton et le son en 2018

Le bon point de cet accessoire - indispensable ? adopté une fois essayé en tout cas - est que son utilisation ne se limite pas au circuit : sur route et même en agglomération, le shifter se montre suffisamment doux pour être employé la majeure partie du temps. On en oublierait presque le levier d'embrayage.

Le mauvais point, car il y en a un, est que ce convaincant quickshifter n'est pas monté de série sur la Speed Triple 2018, pas même sur la RS. Pour rappel Mister Triumph, votre Street Triple RS bénéficie elle d'un quickshifter de série - qui ne gère pas la descente des rapports, certes.

D'origine sur les deux versions de la Speed en revanche, le régulateur de vitesse est un autre "gadget" de plus en plus utile sur nos routes aux radars de plus en plus nombreux et aux limitations de vitesse de plus en plus basses... donc difficiles à tenir en chevauchant ce type d'engins modernes et performants !

Essai Speed Triple RS : le roadster Triumph hausse le ton et le son en 2018

Revers de la médaille de ce "cruise-control" : les motards français n'auront plus d'excuse pour ne pas avoir maintenu scrupuleusement leur future Speed à 80 km/h "compteur" sur le réseau secondaire, vitesse atteinte sur le sixième rapport lorsque le Triple tourne à 3000 tr/min.

Sur la Speed Triple RS pourtant, Moto-Net.Com se verrait parfaitement, et en toute sécurité, rouler à 80 mph de moyenne sur de belles routes dégagées : le moteur expressif et l'électronique de pointe travaillent à l'unisson avec une partie cycle quasiment inchangée, donc toujours aussi réjouissante !

En premier lieu, le freinage demeure irréprochable : les étriers Brembo - et leur maître-cylindre - autorisent toujours des freinages à faire pâlir le plus aguerri des passagers - qui ne dispose pas de poignées pour s'accrocher ! -, et à faire rougir le camarade de virée installé à bord d'une toute récente Superbike.

Essai Speed Triple RS : le roadster Triumph hausse le ton et le son en 2018

Le frein arrière Nissin est tout aussi satisfaisant : mordant, dosable et puissant, il permet à lui seul de ralentir la moto à la vue d'un feu virant au rouge, ou de corriger sa trajectoire à l'aveugle dans un virage plus sec que prévu.

Le châssis à double tubes en aluminium caractéristique des roadsters d'Hinckley offre une stabilité à toute épreuve : rivé à la roue arrière de l'ouvreur Triumph, Moto-Net.Com négocie pistons battants de longues courbes et prend un malin plaisir à ne pas trop couper les trajectoires afin de prendre le maximum d'angle. Miam !

Parfaite pour rouler à 80... miles per hour !

Dans le sinueux, l'agilité de la Speed Triple est tout aussi remarquable. Pour nous en convaincre, l'équipe Triumph a inclus dans notre parcours une section particulièrement viroleuse, longue de plusieurs kilomètres et totalement dépourvue du moindre bout droit !

De simples appuis de part et d'autre du guidon suffisent à faire slalomer la Speed Triple RS d'un virage à l'autre sans jamais ressentir de fatigue. Pour être tout à fait franc, le Journal moto du Net a réussi l'exploit de s'écoeurer en enchaînant la route un peu vite - rien à voir avec le copieux petit-déjeuner anglais, non...

Essai Speed Triple RS : le roadster Triumph hausse le ton et le son en 2018

Sur les routes impeccablement bitumées des environs d'Almeria, les suspensions Öhlins ont livré un parfait récital : leur rigueur permet de placer la moto au centimètre près, que ce soit au freinage ou à la remise des gaz. Aucun phénomène de raideur en entrée de virage, aucun affaissement en sortie ne vient perturber les souhaits du pilote et sa maîtrise.

Sur de rares portions à la chaussée passablement déformée, MNC note que l'amortissement est très satisfaisant et l'hydraulique finement réglé par défaut, pour un pilote de moins de 80 kg tout équipé... Compte tenu du parcours soigneusement préparé par Triumph, les suspensions ne sont pas loin de mériter la note maximale.

Ce serait un sans-faute si "notre" Speed Triple RS absorbait mieux en ville les ralentisseurs les plus accusés ou les trous un peu profonds. Il faut bien ralentir pour les franchir sans que les poignets et les fesses prennent un petit coup : ça change des dernières motos testées par MNC (Africa Twin Adventure Sports ou Tiger 800 et 1200) !

Essai Speed Triple RS : le roadster Triumph hausse le ton et le son en 2018

Le maxiroadster se montre toutefois bien plus usante sur voies rapides puisque son saute-vent est purement esthétique... Sur autoroute espagnole limitée à 120 km/h, le pilote doit déjà bien se pencher en avant et contracter le cou pour contrer le vent vitesse - combiné au vent réel si vous n'avez pas de pot...

Sur le circuit d'Almeria - que Triumph nous a ouvert afin de pousser en toute sécurité et encore un peu plus la Speed Triple RS -, la traversée de la ligne droite menant aux stands ne peut se faire sans forcer sur le guidon, ou en se posant complètement sur le réservoir.

Juste avant de prendre les - excellents - freins, le compteur de notre Triumph affiche un peu plus de 230 km/h. La vitesse maxi de la nouvelle Speed Triple 2018 est légèrement supérieure à celle de la 2016, mais qui se soucie réellement de la Vmax aujourdhui ?

Essai Speed Triple RS : le roadster Triumph hausse le ton et le son en 2018

Ce que MNC retient en revanche, c'est le surplus d'allonge du moteur : la zone rouge est élevée de 1000 tr/min par rapport au précédent modèle : on tape ainsi moins vite et moins souvent dans le rupteur. Au bout de quelques tours, on prend l'habitude de changer de rapport un peu avant de 10 000 tr/min, où le pic de puissance est atteint.

Alors qu'on se contente très largement des grondants mi-régimes sur route, on apprécie les hargneux hauts régimes sur piste. On aime aussi le tirage court de la poignée ainsi que la grande réactivité de la poignée de gaz, le parfait calibrage de l'injection et la transmission transparente.

Si la Speed Triple n'est pas conçue pour claquer un chrono, elle se montre néanmoins très convaincante dans cet environnement. La garde au sol offerte par les repose-pieds - un peu hauts justement, on l'a vu en page 1 - est très satisfaisante pour un roadster.

Essai Speed Triple RS : le roadster Triumph hausse le ton et le son en 2018

En sélectionnant le mode de conduite "Track", le pilote - de course ou presque - profite d'un Triple particulièrement réactif... et d'un traction-control plus du tout préventif : contrairement aux modes conçus pour la route, ce mode "circuit" n'est plus là pour anticiper les pertes d'adhérence mais pour les réguler !

À l'accélération, l'électronique attend que la roue arrière tourne effectivement plus vite que la roue avant pour diminuer les gaz et éviter de trop grosses glisses. "Grâce au mode Track, les pilotes les plus fins peuvent alors profiter du maximum de grip", nous indique Stuart Wood, ingénieur en chef Triumph.

"De même, le mode Track coupe le "cornering" ABS afin de pouvoir maintenir la pression dans les freins le plus longtemps possible", ajoute Felipe Lopez, responsable du développement et des tests des nouveaux modèles Triumph. La fonction ABS "tout droit" en revanche, n'est pas désactivée.

Essai Speed Triple RS : le roadster Triumph hausse le ton et le son en 2018

Moto-Net.Com n'est pas allé sonder le freinage maxi sur l'angle mais peut humblement signaler que les infimes tressautements sensibles dans le levier lorsqu'on charge copieusement l'avant, moto sur l'angle, disparaissent complètement en mode "Track".

Dans les sections techniques du tracé andalou, la Speed Triple RS accepte d'encaisser de gros freinages et des accélérations maximales. Mais MNC conseille d'adopter un pilotage fluide afin de ne pas contrarier la belle/bête d'environ 210 kg tous pleins faits, tout de même !

Lors de sa troisième et dernière session, Moto-Net.Com a pris la piste sur une moto dont le mode "Sport" était resté enclenché. Ce qui a mis la puce - électronique ! - à l'oreille de MNC ? Le fait que dans ce cas, on sente la moto légèrement retenue en sortie de courbe.

Essai Speed Triple RS : le roadster Triumph hausse le ton et le son en 2018

Un court passage dans les stands pour remettre le mode "Track" - il faut obligatoirement s'arrêter pour le valider, "safety first !" - et le Journal moto du Net retrouve une Speed Triple RS totalement libérée... délivrée, dont le pilote ne voudra plus jamais rentrer !

La Speed Triple RS 2018 est la plus puissante, la plus réactive, la plus sonore, la plus sophistiquée... "et la plus chère de la dynastie ?", interroge Moto-Net.Com... Triumph doit répondre par l'affirmative : la "S" qui sortira fin avril 2018 s'affichera à 13 750 euros dans son coloris noir "Jet", et 125 euros de plus pour le coloris blanc "Crystal".

Les lecteurs de Moto-Net.Com - qui, comme chacun sait ont un peu plus de mémoire vive que les autres -, se souviennent qu'à sa sortie, la Speed Triple R 2016 s'affichait à 12 100 euros. Soit une inflation de plus de 1500 euros que peinent à justifier les avancées mécaniques et technologiques.

Essai Speed Triple RS : le roadster Triumph hausse le ton et le son en 2018

Chez Moto-Net.Com, on soupçonne Triumph de vouloir augmenter l'écart tarifaire entre la "big" Speed Triple et la "medium" Street Triple RS qui, pour rappel, exige un joli chèque de 11 700 euros. Étant donné les prix des maxiroadsters maxisportifs de la concurrence, la marque anglaise bénéficiait d'un peu de marge, qu'elle croque aujourd'hui !

Pour acquérir la Speed Triple RS 2018 testée par le Journal moto du Net et dévoilée officiellement dans les concessions françaises Triumph le 7 avril prochain, les motards devront lâcher 15 850 euros... C'est 2050 euros de plus que la précédente Speed Triple R, mais pour le coup, la présence des pots Arrow et de l'IMU fait plus facilement accepter la hausse tarifaire.

.

Commentaires

Ajouter un commentaire

Identifiez-vous pour publier un commentaire.

.

CONDITIONS ET PARCOURS

 
  • Modèle d'origine avec quickshifter et poignées chauffantes
  • Parcours : 280 km
  • Routes : route et autoroute
  • Circuit : 3 x 15 min (Almeria)
  • Pneus : Pirelli Diablo Supercorsa SP
  • Conso moyenne : 6,6 l/100km (ordi)
  • Problèmes rencontrés : RAS
 
 
 

POINTS FORTS SPEED TRIPLE RS 2018

 
  • Moteur  plus vif et expressif
  • Electronique de pointe (IMU !)
  • Partie-cycle toujours au niveau
  • Equipements de série et finition
 
 
 

POINTS FAIBLES SPEED TRIPLE RS 2018

 
  • Tarif en forte hausse (S surtout)
  • Comportement sur route cabossée ?
  • Quickshifter en accessoire
  • Rayon de braquage et coffre