Apparue lors des élections municipales 2014 (!), l’idée - saugrenue - de rendre le stationnement des motos et scooters payant dans Paris doit se concrétiser en septembre 2022. Sauf que la mesure est injustifiée, injuste et insensée... donc contestée, par les constructeurs notamment. Explications.
Ça balance pas mal à Paris... au sujet du stationnement des deux-roues motorisés ! Début 2014 rappelez-vous, Anne Hidalgo estimait que les motards et scootéristes devraient payer "comme tout le monde"... Très vite toutefois, la candidate PS à la mairie de Paris rectifiait : si la gratuité doit être préservée en surface, il faudra raquer en sous-sol.
Depuis près de dix ans, des propositions réapparaissent régulièrement, en vain. Dernière tentative en date : lors des municipales 2020, la maire sortante espérait à nouveau réduire les émissions polluantes et sonores des motos et scooters en les décourageant à se garer dans la capitale.
Réélue en juin 2020, une fois le premier confinement anti-covid-19 passé, Mme Hidalgo n’a heureusement pas mis sa menace à exécution. Moto-Net.Com l’explique par plusieurs raisons : pandémie mondiale et désertion de la capitale d’une part, pressions fédérales (FFMC, FFM, CSIAM, CNPA, Codever) de l’autre.
Les récentes élections présidentielles ont offert un dernier (?) sursis aux utilisateurs de deux-roues motorisés : au plus bas dans les sondages fin 2021, la candidate - qui récoltera au final 1,74 % des suffrages, aïe - avait décalé la date butoir de janvier 2022 à septembre. Cette dernière reste d’actualité... Mais les législatives approchent !
Selon MNC, si cette mesure n’a toujours pas été mise en application, c’est avant tout parce qu’elle est profondément et désespérément infondée ! Pourquoi "El Diablo" taper sur le casque de citoyens qui circulent dans Paris au guidon de motocycles - de petites cylindrées, c’est mieux - plutôt qu’au volant d’automobiles de plus en plus grosses ?
"Les motos sont plus petites, plus légères, consomment moins de carburant, prennent moins de place, utilisent moins de matériaux pour être produites et, pendant tout leur cycle de vie, émettent beaucoup moins de CO2 et d’autres gaz à effet de serre, de matériaux polluants et de particules que les voitures", répète inlassablement la FEMA et tous les autres défenseurs du 2RM.
Pauvres parisiens ? Pas vraiment car "les plus impactés sont les non-parisiens", nous fait remarquer Vincent Thommeret, président de la branche moto de la CSIAM (chambre syndicale qui fédère et représente les intérêts des filiales françaises des constructeurs étrangers d'automobiles, de véhicules industriels et de motocycles).
"Les serveurs et cuisiniers, les livreurs, le personnel hospitalier... tous ceux qui habitent en banlieue mais ne peuvent utiliser les transports en commun en raison de leurs horaires décalés, ne vont pas dépenser la moitié de leur paye dans le stationnement de leur deux-roues", s’offusque-t-il légitimement. Car en plus d’être injustifiée, la mesure est injuste !
Pourquoi en effet demander au motard ou scootériste de payer moitié moins cher qu’un automobiliste, alors que ce dernier tourne des heures - OK des quarts d’heure, mais quand même - pour chercher une place libre et que sa voiture une fois garée prive quatre à cinq deux-roues d’un stationnement sur la chaussée (au lieu de monter sur les trottoirs).
Compte tenu des hausses de tarifs du stationnement à Paris et d’après nos savants calculs, le "moto-boulot-dodo" pourrait coûter jusqu’à 30 euros par jour... Hors essence, assurance, entretien, achat ou location du véhicule bien sûr : autant de dépenses qui augmentent également et allègrement !
Fort heureusement, la Mairie de Paris planche en ce moment même sur la création d’un "Pass 2RM" visant à diriger leurs utilisateurs vers certains parkings en sous-sol, au travers de tarifs plus attractifs... Sont à l’étude, un abonnement mensuel à 90 euros puis 30 centimes le quart d’heure dans les 11 premiers arrondissement et au-delà, un abonnement à 70 euros puis 20 centimes/15min.
MNC ressort sa calculatrice - solaire, "ecofriendly ? - et conclut que pour 20 jours travaillés par mois au coeur de Paris, l’hypothétique "passe deux-roues" ferait passer la facture de stationnement de 600 euros en surface à 330 euros en sous-sol. Non franchement, on préfère toujours zéro euro.
"Si demain nous perdons Paris, il y aura immanquablement un effet domino", s’inquiète le président de la CSIAM et directeur général de Yamaha Motor France, qui sait combien les concessionnaires parisiens ont souffert du coronavirus, et ne se relèveraient sans doute pas d’une seconde claque affligée par ce stationnement payant... À moins de vendre des véhicules électriques, non visés par l’actuel dispositif ?
À ce jour, les constructeurs majeurs ne proposent pas de gammes électriques : "nous avons prévenu la mairie de Paris qu’elle a entre trois et cinq ans d’avance sur le marché", nous rapporte Vincent Thommeret, "les électeurs sont donc pris au piège"... Une situation insensée, et pourtant.
Pour le représentant des constructeurs, "les scooters 50 cc ou les petits 125 cc sont des outils de transition écologique qui n’émettent que 50 g de CO2/km et ne consomment que 2,5 l/100km". Soit une excellente alternative à l’autosolisme : vous savez, le fait de se rendre chaque jour à son travail notamment, seul dans sa voiture (119 g/km et 5,3 l/100km pour une 208 standard, meilleure vente d’autos en France en 2021 et à Paris en 2018).
C’est pourquoi la CSIAM invite "les utilisateurs de 2/3 RM à faire connaître leur opposition à cette décision en signant la pétition en ligne portée par la FFMC". Pour l’heure, Kawasaki, Suzuki et Yamaha ont relayé l’information auprès de leurs "amis" sur Facebook, ce qui a permis d’élever le nombre de signataires de 27 000 à 30 000 en quelques jours. Combien de lecteurs MNC rejoindront le mouvement ?
Pour que le stationnement des motos et scooters reste gratuit dans Paris - et partout ailleurs - : signez la pétition !
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