Arrivé presque par hasard en championnat Superbike américain l'an dernier, Toni Elias a décroché la plaque de "Number One" en 2017 au guidon de la toute nouvelle Suzuki GSX-R1000R. Retour sur ce succès, partagé avec le team Suzuki Yoshimura et un certain... Hayden.
Tout commence en 2016, alors que Roger Lee Hayden - frère du regretté Nicky - est censé faire de nouveau équipe avec un autre gosse du Kentucky fort prometteur : Jake Lewis, meilleur rookie de la saison 2015 du Moto America, nouvelle formule du championnat Superbike américain.
Malheureusement pour lui, "Mister" Lewis se blesse à l'entraînement juste avant le début de la saison... Mais c'est heureux pour Toni Elias, qui songe alors sérieusement à mettre un terme à sa carrière sportive : sa saison 2014 en World Superbike a été laborieuse et ses quelques piges en MotoGP en 2015 sont restées infructueuses...
Le CV de l'espagnol et sa disponibilité (!) lui valent d'être appelé par la charismatique équipe Suzuki Yoshimura : pour rappel, le Catalan a terminé troisième du championnat du monde GP125 en 2001, puis troisième deux ans plus tard en 250, et fut capable ensuite, dans ses meilleurs jours, de rivaliser face aux meilleurs pilotes de MotoGP !
Mais Toni n'a jamais réussi à égaler ses compatriotes Gibernau, Pedrosa et Lorenzo, si bien que lorsque la possibilité de disputer le premier championnat Moto2 en 2010 s'est présentée à lui, le célèbre n°24 a décidé de rétrograder dans la catégorie intermédiaire. Bonne pioche : sur la Moriwaki du team Gresini, Toni a décroché son premier - et seul à ce jour - sacre mondial !
Début 2016 donc, Elias remplace Lewis sur la GSX-R1000. Et le bougre remporte les trois premières courses de la saison ! Pat Alexander, responsable course chez Suzuki aux États-Unis, choisit logiquement de titulariser le leader du championnat (!) et recase le malchanceux Lewis dans un autre team.
Finalement, Toni termine sa première saison américaine à la troisième place, juste après les deux pilotes officiels Yamaha : un point seulement derrière le quadruple champion Josh Hayes (!) et sept points derrière le champion en titre Cameron Beaubier (!!).
Pour 2017, les équipes Yamaha et Suzuki conservent leurs "Dream Teams" respectives. Mais chez les Jaunes d'Hamamatsu, Hayden et Elias reçoivent une toute nouvelle moto : la GSX-R1000R ! Pour accélérer et optimiser sa mise au point, l'américain et l'espagnol - qui se contentaient jusqu'alors de partager leur box se mettent à partager leurs données...
Ce faisant, Roger et Toni apprennent à mieux se connaitre et tissent des liens d'amitié, renforcés par la tragique disparition de Nicky : "c'était une période difficile pour Roger", témoignait récemment Toni. "J'ai essayé d'être présent pour lui. Nous avons maintenant une bonne relation. Je peux dire que c'est mon ami".
Pour mémoire, l'espagnol était étroitement lié à Nicky et à son titre en MotoGP : lors de son unique victoire en catégorie reine (Estoril 2006), Elias avait devancé Rossi de deux millièmes de seconde, lui chipant donc cinq points... soit exactement l'écart qui séparait "The Doctor" du champion "Kentucky Kid" à la fin de la saison. Muchas gracias, Toni !
Cette année en MotoAmerica en revanche, Toni n'a fait aucun cadeau à Roger, pas plus qu'à Josh ou à Cameron d'ailleurs : en 20 courses, le n°24 a raflé dix victoires et huit deuxièmes places ! Sa seconde chute de l'année lors de la dernière épreuve à Barber n'a eu aucune incidence sur son sacre : Toni était titré cinq courses avant la fin de saison.
La domination du "Scud Missile" - surnom qu'il doit à ses attaques sur Josh Hayes - en MotoAmerica cette année n'est pas sans rappeler celle d'un pilote Kawasaki en World Superbike : Jonathan Rea bien sûr ! Chez Moto-Net.Com, on aimerait voir ce dont seraient capables Toni et sa GSX-R en WSBK. Et on lui collerait volontiers comme coéquipier Sylvain Guintoli, juste pour le fun !
Toni Elias semble cependant entièrement satisfait par sa "seconde vie" aux États-Unis. "Dès l'âge de trois ou quatre ans, j'ai eu un grand drapeau américain dans ma chambre", livrait le second champion des États-Unis non-anglophone (après le québécois Miguel Duhamel) dans une instructive interview accordée au site officiel MotoAmerica.
"La sensation que j'ai lorsque l'hymne national est joué sur les circuits est incroyable", expliquait le plus américain des pilotes espagnols. "J'adore le style de vie américain. Je suis tellement reconnaissant d'être ici, de donner tout ce que j'ai, d'essayer de rendre les gens heureux et d'aider ce championnat à grandir".
À bientôt 35 ans, Elias ne semble plus briguer de nouveau titre international, mais entend plutôt développer le championnat de Superbike américain qui l'a si bien accueilli l'an passé, lui a permis de briller cette année... et l'a fait tant rêver lorsqu'il était tout minot !
"Fait intéressant", soulignent nos confrères du site MotoAmerica : "en seulement deux saisons, Elias a déjà rejoint son héros d'enfance, Wayne Rainey, à la huitième place de la liste des pilotes MotoAmerica / AMA Superbike les plus victorieux, avec 16 victoires professionnelles".
La première place de ce classement sera bien plus dure à aller chercher pour le nouveau "Number One" : l'australien Mat Madlin s'est imposé à 83 reprises en AMA Superbike, aux commandes, lui aussi, de différentes générations de Suzuki GSX-R... La "Gex" est de retour !
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