Hors compétition... mais pas hors-jeu !

Sur piste, les deux caractères s'affirment... et c'est désormais la Ducati qui dicte sa loi : sur le revêtement particulièrement propre du circuit de la Ferté Gaucher, l'italienne peut enfin faire valoir ses qualités de "Supersportive" taillée pour la vitesse !

Il ne faut pas hésiter à déhancher et ne pas lésiner sur ses appuis pour commander la 848, mais l'efficacité en retour va bien au-delà des efforts consentis ! Au final, la Ducati ne fatigue guère plus que la GSX-R dont il faut gérer les écarts de trajectoire plus importants lors des prises de frein ou remise de gaz.

Plus précise, la Ducati donne rapidement la sensation de pouvoir débouler dans les virages bien plus vite, de freiner et accélérer bien plus tôt ! Certes, le frein moteur et l'inertie du bi demandent un peu d'attention en entrée de courbe, mais l'italienne est bien plus stable et précise. Au contraire, la Gex met moins en confiance, notamment dans les longues accélérations où l'on peine à se caler.

Sous contrainte, le bras oscillant de la Suz' se dandine légèrement là où le monobras de la Ducati reste imperturbable et permet de grappiller un peu d'avance. Dans les enchaînements plus techniques, la 848 s'en sort également mieux et finit d'assurer la "victoire" à son pilote.

La supériorité de l'italienne sur la japonaise est également palpable dans les enchaînements plus techniques. Un freinage appuyé sur l'angle juste avant de plonger dans un virage sur l'angle opposé permet d'attester de la plus grande neutralité du train avant de la 848.

Sur la Gex, on sent dans ce cas de figure une légère raideur de la fourche et l'enchaînement est moins fluide. De plus, on note au fur et à mesure des tours une certaine perte de précision et d'efficacité de la part des freins Suz'.

Là encore, un même pilote passera plus vite au guidon de la Ducati qui semble plus légère et vive à manier, ainsi que plus endurante.

On l'a vu sur route, les performances en ligne droite des deux rivales sont parfaitement identiques à condition de se trouver sur les bons rapports. Mais niveau sensations, les motos s'adressent à des types bien différents de motards.

D'un côté, la Suzuki satisfait ceux qui aiment faire miauler leur moteur mais elle plaît également à ceux qui apprécient de pouvoir se tromper d'un rapport sans trop en pâtir. Plein à tous les régimes, le 4-cylindres Suz' propulsera toujours la Gex et son pilote avec vigueur.

De l'autre, la Ducati comble les fans de Haga, Bayliss ou Fogarty selon la génération : c'est directement dans l'ambiance du Mondial Superbike que les plonge la 848 avec le feulement rauque de ses pots entrecoupé de nombreux changements de vitesse.

Ces passages de vitesses doivent en effet être vifs et précis, sous peine de sortir de la plage d'utilisation du moteur moins étendue que sur la nippone. La sanction est immédiate : trop bas, le moteur tracte difficilement et trop haut, le rupteur rappelle à l'ordre. C'est fréquent lorsqu'on descend tout juste du Gex mais heureusement, des shiftlights guident le novice.

Petit détail à souligner sur la 848 et qui peut fâcher : ses repose-pieds sont équipés à leur extrémité de petits ergots sur lesquels les bottes peuvent glisser. Il faudra donc veiller à placer soigneusement la plante de ses pieds afin de ne pas se faire désarçonner !

Ce comparatif ne laisse donc place à aucun doute : la Suzuki GSX-R 750 est une excellente sportive capable de vous emmener - très - rapidement sur n'importe quel type de route, ouverte comme fermée.

La partie cycle passe-partout de cette Gex, son moteur à la fois disponible et musclé, sa protection non négligeable et son tarif bien placé (12 699 €) en font une moto terriblement intéressante. Seuls le faible mordant de son frein avant et les chatouillis dans les mains et les pieds ternissent légèrement le tableau sur route.

Sur circuit, les aptitudes de la japonaise sont excellentes mais comparées directement à celles de la 848, on constate de légères carences en agilité et en stabilité. On ne peut pas être au top partout !

La Ducati 848, quant à elle, demande à son propriétaire bien plus de concessions : inconfortable en ville et fatigante sur petites routes, l'italienne tire même trop long pour arsouiller sur le dernier rapport sur voie express et son autonomie avant réserve ne dépasse pas les 200 km (environ 230 km sur la jap').

En revanche, dès que ses Diablo Dragon Supercorsa touchent la piste - des BT 016 équipent la Gex -, la Ducati redonne immédiatement le sourire ! Comme constituée d'un seul bloc, la "mini 1198" transcende son pilote du dimanche en potentiel champion du monde !

Tout y est : le twin italien et sa mélodie envoûtante, la partie cycle précise et le look hors du commun... Le tout pour 13 500 € en noir, soit 750 € de moins que les versions blanche ou rouge et 4 490 € de moins que la 1198. Mamma mia !