Mais si, les GSX-R existent toujours. Elles ne sont tout simplement plus importées sur le vieux continent, faute de respecter les normes antipollution... et faute de ventes, aussi ! Pour attirer les motards sportifs - dans l’âme surtout ? -, Suzuki propose donc une nouvelle GSX-8R, sur base de roadster GSX-8S. Présentation.
Le Supersport est mort... Du moins, celui des années 1990-2000 lorsque les 4-cylindres 600 cc se vendaient comme des petits "shokupan", ces savoureux petits pains au lait japonais. À l’époque d’ailleurs, Suzuki se démarquait de la concurrence en proposant une 750, qui se voulait aussi compacte et agile qu’une 600, aussi démonstrative et rapide qu’une 1000...
Dans son ultime version importée en France, lancée en 2011 et maintenue dans le catalogue jusqu’en 2017 et l’application de la norme Euro3, cette fameuse "Gex sept-et-demi" crachait 150 chevaux - à contrôler au seul moyen de la poignée de gaz, sans antipatinage ! - et ne pesait que 190 kilogrammes tous pleins faits.
Sur le papier donc, la GSX-8R ne joue pas - du tout - dans la même cour que la GSX-R750 : avec son Twin développant 83 ch et un poids tous pleins faits de 205 kg, le rapport puissance/poids paraît faiblard. Et pourtant, Suzuki France clame haut et fort qu’avec cette nouvelle sportive, "la relève est arrivée !"
D’un côté, Moto-Net.Com entend déjà les pistards grincer des sliders : une GSX-8S carénée, affublée de demi-guidons et munie de suspensions Showa (Vs Kayaba sur le roadster) ne remplacera jamais leur bonne vieille Gex. Certes. Mais de l’autre côté, notre interview de la concession Suzuki La Défense - qui a définitivement fermé ses portes cet été... - nous revient aussi en casque...
"Je serais le premier ravi de voir le retour de la Gex 600 ou de la 750 qu'on était les seuls à conserver. Mais elles ne se vendraient pas", constatait fin 2020 le patron Henri Farcigny. Devant la disparition des - vraies - petites motos sportives, "certains motards sont scandalisés ! Mais quand on demande combien envoient un chèque pour en réserver une, là, tout de suite : plus personne", se désolait-il.
Les chiffres donnent raison aux professionnels, concessionnaire comme constructeur : l’an passé (en 2022), Yamaha a vendu 922 de ses nouvelles R7, Aprilia 746 de ses récentes RS660 et Kawasaki 361 de ses inoxydables Ninja 650. Seul Honda résiste avec une CBR650R qui n’a, malgré son 4-en-ligne, pas l’étoffe des héroïnes du temps jadis (lorsque les motards étaient plus jeunes et infatigables, les radars peu nombreux et repérables).
Pour 2024 donc, Suzuki sort une nouvelle Supersport d’un nouveau genre, étroitement dérivée de la GSX-8S. Le Twin parallèle de 776 cc et son électronique de pointe (assistances paramétrables et écran colorisé), le châssis acier et le bras oscillant alu, les jantes et leurs freins Nissin sont conservés tel quel.
L’unique modification sur la partie-cycle concerne les suspensions : selon Suzuki, la fourche inversée Showa SFF-BP (à fonctions séparées sur chaque tube et à gros piston) profite d’une structure qui "ne réduit pas uniquement le poids, mais assure aussi des caractéristiques d'amortissement stables qui la rendent adaptée à la fois à la conduite sportive et aux longues distances".
Sans dénigrer le matériel installé sur le roadster bien sûr, les ingénieurs d’Hamamatsu estiment que la "suspension arrière mono-amortisseur de type Link (également fournie par Showa, NDLR), avec réglage de la précharge, est conçue pour contribuer à la stabilité en ligne droite et à une conduite souple et contrôlable". Euh, pas trop souple quand même ?!
Délesté des blocs optique et compteur qui migrent sur le tête de fourche surmonté d’une - trop ? - courte bulle, la GSX-8R deviendrait "plus maniable et proposerait un ressenti plus neutre dans la direction" analysent les japonais par rapport à leur GSX-8S dont MNC avait déjà fort apprécié la partie-cycle.
À l’inverse, le moteur que le Journal moto du Net avait trouvé peu sensationnel sur le roadster, devrait mieux s’en sortir sur cette moto au programme plus sportif, voire pistard. Dommage toutefois que les excellents motoristes Suzuki n’aient pas été cherché - et trouvé, on leur fait confiance - davantage de chevaux dans les tours pour contenter les amateurs de 4-pattes rageurs, non ?
La GSX-8R pointera le bout de son carénage - et de son feu stop spécifique, clin d’oeil au GSX-R et SV650S aussi -courant février 2024 dans les concessions françaises. Elle s’y esposera dans trois coloris : le Bleu "Triton" très "corporate", un Argent "Sword" teinté de rouge sombre, ou un Noir "N°2", au prix unique de 9699 euros. C’est 800 euros de plus que le roadster originel... 400 euros de moins que la R7, 250 de plus que la CBR650R et 1900 de moins que la RS660.
À titre de comparaison toujours, la GSX-R750 qui continue son bonhomme de chemin route et de circuit sur d’autres marchés internationaux, s’affiche au Québec par exemple au PDSF (prix de détail suggéré par le fabricant, hors taxes) de 14 875 dollars canadiens soit 10 092 de nos actuels euros, contre 12 475 dollars ou 8465 euros pour la GSX-8R.
Avec une bête règle de trois et sans tenir compte du passage à la norme Euro5 et de l'intégration de l'obligatoire ABS (voire de l'incontournable mise à jour électronique...), cela placerait la "Gex sept-cinquante" à 11 333 euros en France. Qui signerait, là, tout de suite ?
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