Hors compétition... mais pas hors-jeu !

Sorties d'agglomérations, les deux motos revivent... et leurs pilotes aussi ! Celui qui chevauche la Ducati n'est d'ailleurs pas mécontent de sentir le vent se plaquer sur son torse : c'est toujours ça de moins à supporter pour ses poignets, mis à rude épreuve par l'assiette fortement inclinée sur l'avant.

À la longue, la protection de la Suzuki se révèle appréciable : sans atteindre naturellement le niveau d'une GT - mais tout de même assez proche des "routières" actuelles -, la GSX-R 750 permet au pilote de se réfugier derrière sa bulle lors des longs parcours en courbant le dos. La tension dans la nuque et les sifflements du casque diminuent ainsi considérablement, ce dont le pilote de la Ducati, couché derrière le "saut de vent" italien, n'oserait même pas rêver !

Question confort toujours, les deux motos se distinguent par leur propension à engendrer des vibrations : présentes sous les fesses à cause du martèlement des deux pistons, celles de la 848 sont supportables et peuvent même contribuer au charme naturel de la belle italienne.

A contrario, les grésillements perceptibles au niveau du guidon et des repose-pieds sur la Gex entraînent des fourmillements désagréables dans les mains et les pieds, surtout lors des longs parcours autoroutiers.

D'où qu'elles proviennent et quel que soit leur parcours, ces vibrations semblent toutes converger vers les rétroviseurs et altèrent passablement la surveillance des arrières sur les deux montures... Trop effilés à leurs extrémités et peu espacés, les rétros de la Ducati ne servent de toute façon quasiment à rien !

Ceux de la Suzuki sont un peu plus utiles : plus larges, ils permettent au pilote de contrôler le retour de la 848... Car en cas d'accélération soudaine, la Suzuki ne laisse aucune chance à la Ducati !

Calées en sixième sur voies express, la réponse aux sollicitations de la poignée droite ne sont en effet pas les mêmes. Le constat est sans appel : sur le dernier rapport, la GSX-R 750 humilie purement et simplement la 848, bien que l'injection et la transmission fonctionnent parfaitement sur les deux machines ! Handicapée par une démultiplication finale trop longue (à 4 000 tr/min, la Ducat' cavale déjà à 110 km/h en sixième...), l'italienne se fait littéralement larguer par la japonaise.

Le 4-cylindres est définitivement un sacré moteur ! Reprenant dès 1 500 tr/min sans broncher, il tracte de manière virile et ininterrompue à partir de 3 500 tr/min. Sa puissance est magnifiée par les feulements rauques du pot et les sifflements de la boîte à air : jouissif !

Mais attention, la 848 n'est pas en reste ! Une fois averti - et un brin déçu, voire dubitatif quant aux bridages des deux motos -, le pilote de la Ducati tombe deux rapports et parvient alors à contenir les assauts du missile nippon. Et dans ce cas, la bombe de Bologne fait jeu égal avec la GSX-R. Ouf !

De plus, la bande son italienne n'a rien à envier à la japonaise : les deux silencieux - si l'on ose dire - produisent une sonorité profonde et rageuse. Un régal !

Au moment d'aborder les virages, le fossé se creuse encore entre les deux motos car les parties cycle se distinguent nettement sur route, où la qualité du revêtement peut parfois laisser à désirer.

Dans cette situation, la Suzuki fait merveille alors que la Ducati a tôt fait de rejoindre sa place dans les rétros... En réglage standard, les suspensions de la japonaise se montrent bien plus confortables que celles de l'italienne car la fourche et le mono-amortisseur de la Gex gomment mieux les brutales imperfections de la route.

En contrepartie, les transferts de masse sont plus sensibles que sur la 848 et les amateurs de motos raides - donc efficaces ?! - préfèreront les réactions de l'italienne, quitte à sautiller désagréablement au gré des bosses et sillons parsemant la plupart de nos routes viroleuses...

Plus agréable à mener, la GSX-R 750 facilite le travail du pilote qui se concentre essentiellement sur la fluidité de ses trajectoires. Pendant ce temps, celui qui chevauche la 848 tente de se frayer un chemin entre chaque irrégularité du bitume et joue de la boîte pour ne pas perdre de vue la roue arrière de la Gex.

Au freinage, la balance penche en revanche du côté de l'italienne : l'attaque ferme des étriers Brembo de la Ducat' correspond mieux aux attentes du motard "sportif" que celle trop douce des Tokico de la Suzuki. Niveau puissance et dosage, la Ducati conserve l'avantage...