Vidéos, déclarations et analyse du SBK à Misano

Grâce à ses deux victoires hier sur le circuit de Misano "Marco Simoncelli", mais aussi grâce à sa série quasi ininterrompue de Top 5 depuis le début de l'année, le Corsaire Max prend le large au provisoire : son compteur affiche désormais 210,5 points, contre 172 pour son "second" Johnny Rea.

Mais la quête vers un sixième sacre reste longue pour Biaggi et potentiellement semée d'embuches. Les lecteurs de Moto-Net.Com se souviennent que la saison 2011 de Max avait également fort débutée : malgré quelques bourdes - qu'il a soigneusement évitées cette année -, le Transalpin possédait un nombre de points comparables à celui de cette année.

Alors au top de sa forme, seul le futur "King" Checa dominait le champion du monde 2010. Mais c'est le triste incident du Nürburgring (pied cassé par une grille, lire MNC du 22 septembre 2012 : Max Biaggi déclare forfait pour Imola !) qui avait véritablement scellé le destin de Max, l'empêchant formellement de défendre son titre et de de se battre même pour la 2ème place au championnat face au "rookie" Melandri...

Espérons donc que cette nouvelle saison - la "der des der" pour le quadragénaire ? - se déroulera sans pareille mésaventure ! Car le grand Biaggi est bel et bien de retour : celui des flamboyantes victoires en GP 250 et 500, celui de 2010 et du premier titre mondial en Superbike pour un non-anglophone depuis Raymond Roche !

Ses compatriotes venus en masse sur le circuit Misano Simoncelli (67000 spectateurs auraient fait le déplacement ce week-end d'après les organisateurs) ont retrouvé l'époustouflant n°3, ce (super)héros capable de remonter de la dernière à la deuxième place en l'espace de 18 tours lors de l'épreuve d'ouverture de 2012 à Phillip Island...

Depuis ce fameux 26 février toutefois, l'officiel Aprilia n'avait plus gagné. Son dernier doublé quant à lui, remontait à deux ans, sur la piste de la cote Adriatique encore. Encadré par sa petite famille - d'où la tétine sur le podium -, l'Empereur Romain a relancé la machine à gagner. Et Moto-Net.Com ne parle pas de la RSV4 !p>En effet, ni Eugene Laverty bien trop brouillon et victime d'un mauvais choix de pneu en deuxième manche, ni Chaz Davies parti de la 21ème place sur la grille (dur !), n'ont réussi à faire briller l'Aprilia. Ce qui tend à prouver que Biaggi n'obtient pas ses victoires "qu'avec l'aide d'une MotoGP maquillée", comme le sous-entendaient certains observateurs.

Au-delà des machines et de leurs réglages d'ailleurs, le facteur capital ce week-end était sans doute le choix des pneus ! C'était particulièrement vrai en première manche, alors que les températures de l'air et - surtout - du de la piste tardaient à grimper...

À Misano, les pilotes du World Superbike avait à disposition - pour le sec -, trois types de pneu avant et pas moins de cinq pour l'arrière. Or sans connaître la nature et les caractéristiques exactes des gommes ou les choix effectués par chaque équipe avant la première course, il était évident de distinguer les pilotes bénéficiant des Pirelli les mieux adaptés aux fraiches conditions, des autres coureurs !

Partis comme des boulets de canon, les Sykes, Rea et pilotes BMW notamment n'ont pas pu entretenir leur rythme sur l'ensemble de la manche et ont été littéralement déposés en fin de parcours par les Biaggi, Checa et Davies. Giugliano fut le seul à rester aux avant-postes durant les 24 tours, profitant d'un bicylindre plus tendre avec les pneus que ne le sont les 4-cylindres japonais.

"En première manche la température de l'asphalte était environ 15° plus basse que pendant la seconde manche", signale Giorgio Barbier, directeur du département course chez Pirelli moto, expliquant ainsi les grandes amplitudes de résultats chez les concurrents... Exception faite de Biaggi bien sûr !

"En deuxième manche justement, avec les températures plus élevées, les solutions SC0 comme le nouveau R548 ou le P1126, qui possèdent la même gomme mais des profils différents, ont définitivement fonctionné à leur meilleur niveau", poursuit le big boss transalpin.

"La démonstration en a été donnée par les performances du team BMW Motorrad Motorsport qui (après avoir terminé dans les choux en première manche malgré de bons chronos en début de course, NDLR) ont changé de solution et obtenu les 3ème et 4ème place grâce à Leon Haslam et Marco Melandri", se félicite le responsable course chez Pirelli.

Riche en dépassements et en rebondissements, la première manche a manqué d'homogénéité et les amateurs de - vraies belles - bastons ont sans doute été frustré par le triste spectacle de pilotes obligés de rendre les armes face à leurs assaillants, voire contraint de rentrer aux stands comme ce fut le cas pour Melandri ! Gageons que l'arrivée de l'été - le vrai, le beau ! - gommera ces soucis rapidement...

La seconde manche n'a d'ailleurs pas manqué d'attraits ! Parmi les faits de course importants, on retient bien évidemment la chute du tenant du titre Carlos Checa... Comme à Miller il y a deux semaines, le pilote espagnol n'a pas marqué de points en seconde manche : le passage de la mi-saison est dur pour le n°7 !

Les fans du Toro souligneront à juste titre que cette fois, la chute de leur "King" n'était pas de sa faute ! En effet, c'est un Marco Melandri débridé qui a mené à néant les espoirs de "doublé" puisqu'une seconde 2ème place était à la portée de la 1198 championne du monde.

Virulent à l'égard de Jonathan Rea au soir du "strike" de Donington Park, alors qu'il n'était pas complètement innocent dans l'histoire puisqu'il pilotait lui aussi un peu au-dessus de ses bottes, le n°33 n'a pas manqué de "gazouillé" des excuses à l'attention de Checa.

Eugene Laverty, qui n'a pas son smartphone dans sa poche non plus, se faisait un brin grinçant : "Je ne pouvais pas doubler : ma moto n'accélérait et ne décélérait pas (ce qui est un peu important). J'aurais peut-être du bousculer tout le monde, comme Marco Melandri !"

Car dans cette même deuxième course, le Hérisson de Ravenne a également "écrasé" notre Sylvain Guintoli national, un comble... Pas de bobo heureusement pour le n°50 du team Ducati Liberty Effenbert, mais une deuxième 1198 par terre, bientôt rejointe par la n°34...

Très impressionnant en première manche, Davide Giugliano n'avait pas réussi à suivre le rythme des deux champions du monde (Biaggi et Checa) jusqu'à la fin, contrairement à la première épreuve d'Assen où le rookie romain avait devancé son coéquipier Carlos...

En seconde manche, suite à la chute du même Checa dès le 4ème tour, les espoirs de tout un pays - celui de Bologne, Biaggi alors en tête représentait celui de Noale - se fondaient sur lui ! Las, le champion de Superstock est parti à la faute dans le dernier virage du 6ème tour en tentant de remonter sur le duo de tête, dommage.

Un autre débutant en revanche n'a pas failli en seconde manche : Loris Baz ! Victime d'un souci technique pendant la première course (lire sa déclaration en page précédente), le jeune Ninja français a réalisé une seconde course de toute beauté, avisée et très prometteuse.

À l'occasion de son troisième week-end seulement au plus haut niveau, notre n°76 préféré était déjà parvenu à devancer son coéquipier Tom Sykes à l'issue de la première journée. Hier, Loris a réussi à le suivre en course apparemment sans mal. Non content d'être extrêmement véloce, le jeune homme se montre en plus parfaitement mesuré.

Bien que confiant et très à l'aise au guidon de sa ZX-10R, "Bazooka" a préféré rester pacifique vis-à-vis de son coéquipier qui roule cette année pour le titre. Cette attitude lui aura certainement permis de "marquer des points" auprès de ses nouveaux employeurs.

Jean-Claude Olivier, l'ancien PDG de Yamaha Motor France, ne s'était pas trompé en nous confiant il y a plus de quatre ans que ce petit - il mesure 1m93 et pèse 79 kg désormais - irait loin dans la compétition moto (lire MNC du 28 novembre 2011 : Les bleus voient grand pour 2008) !

Le clan français avait également de quoi se réjouir en catégorie Supersport puisque Jules Cluzel sur sa CBR600RR n°16 du team PTR a été le seul pilote du plateau à suivre jusqu'au bout le rythme imprimé par le double - et bientôt inédit triple ? - champion du monde Kenan Sofuoglu et sa Ninja officielle !

Nouveau venu dans la discipline, l'ancienne terreur du Moto2 semble avoir considérablement muri : "je suis très content, c'est mon troisième podium d'affilée et je suis maintenant deuxième au classement provisoire", notait joyeusement le coq supersportif !

Auteur du meilleur temps en course, Fabien Foret est naturellement bien moins satisfait de sa 8ème place : la double pénalité infligée au pilote Kawa' n°99 peut sembler sévère, mais elle débouche sur une stricte application du règlement.

Le laps de temps écoulé entre la faute - une traversée involontaire de la chicane à l'extinction des feux rouges - et la décision de pénaliser Fabien est en revanche bien plus critiquable. Espérons qu'à l'avenir, la direction de course soit plus prompte à panneauter les pilotes fautifs.

Cela limitera ainsi d'une part la confusion du pilote... Il faut l'imaginer le pauvre, en pleine baston, apercevoir son numéro de course sur le panneau des commissaires et se demander "mais de quoi m'accuse-t-on au juste ? Je n'ai pas hésité sur la grille de départ, je n'ai pas dépassé sous drapeau jaune... ma sortie de piste il y a 5 tours était finalement répréhensible ?"

Dans le cas précis de fabien Foret hier, cela permettrait surtout de réduire les écarts entre les pilotes... Placé "sous investigation" dans le troisième tour et averti de sa - première - pénalité huit minutes après le départ, le n°99 était déjà très loin des poursuivants qu'il avait dépassé lors de son tout droit dans la chicane... À méditer.

Enfin, la performance de Sylvain Barrier en Superstock 1000 mérite d'être signalée : quatrième au moment où la course était interrompue - après le troisième tour sur chute -, le pilote BMW Italia n°20 a remporté le sprint final de six tours malgré une épaule encore convalescente...

"Cette course a été incroyable, au début du week-end je n'avais pas idée de pouvoir arriver à ce niveau, dire que mardi dernier j'étais encore à l'hôpital" remarquait un brin hagard le leader du championnat ! Casque bas, Monsieur Sylvain.