Quelques jours avant de partir au Castellet pour disputer son premier Bol d'Or et accomplir "le rêve de toute une équipe", le team amateur et 100% bénévole Challenge 2R a dû jeter l'éponge à cause de l'obligation d'acheter son essence au nouveau fournisseur exclusif... Explications.
Quel est le point commun entre les Gilets jaunes et le championnat du monde d'endurance moto EWC ? Le prix de l'essence, qui a décidément de multiples conséquences !
Le promoteur du championnat du monde d'endurance moto EWC (Eurosport Events) et la Fédération internationale de motocyclisme (FIM) ont décidé il y a 15 jours d'imposer un fournisseur unique de carburant sur toutes les épreuves, à l'exception des 24H Motos du Mans où la place est déjà prise par Total. L'idée est de sécuriser "la distribution, le transport et le stockage de l’essence sur les épreuves EWC" et d'empêcher qu'un team puisse stocker "plus de 60 litres d'essence dans son box".
Or le prestataire récemment retenu, l'italo-hongrois Panta Racing Fuel (qui fournit déjà le WorldSBK et le BSB, entre autres), propose une essence avec un indice d'octane de 102 à un prix particulièrement désavantageux : 3,85 euros le litre, passé à 3 euros après la grogne d'une partie des équipes engagées... "Une aide financière spéciale sera accordée aux teams permanents EWC pour les aider à amortir l’augmentation du prix au litre", promet Eurosport Events le 4 septembre. Sauf que les teams amateurs qui ne disputent qu'une ou deux courses, généralement les 24H Motos du Mans et le Bol d'Or, ne sont pas concernés.
"Je n'ai aucun problème avec le règlement, il en faut un et c'est très important de le respecter", assure le team manager de Challenge 2R, Jérôme Pentolini, interrogé par MNC. "Ce qui me gêne c'est d'être prévenu aussi tard, alors que les membres de l'équipe, tous bénévoles, avaient déjà posé leurs congés pour partir au Bol", poursuit ce plombier et électricien de métier à Agen (47) qui avait lui aussi fait une demande de congés auprès de son patron.
Outre l'augmentation de 40% du budget essence ("entre 400 et 500 litres pour la semaine du Bol d'Or", estime le team manager), l'indice d'octane posait problème au team Challenge 2R qui redoutait une surchauffe de sa R1 2019. "Il aurait fallu refaire la cartographie et acheter au moins deux radiateurs plus gros à 3000 euros pièce", calcule Jérôme qui a préféré jeter l'éponge plutôt que de risquer une casse moteur qui lui aurait coûté très cher.
Un coût financier - une participation au Bol d'Or coûte "21 000 euros, hors moto et préparation des pièces, dont près de la moitié en pneus", estime-t-il -, mais aussi en termes d'image, car pour la première course de son équipe en championnat du monde "je ne voulais pas risquer un abandon"...
Le team Challenge 2R n'est pourtant pas un débutant en endurance (six participations aux 24H de Barcelone, dont une 6ème place scratch en 2017 !), mais c'était sa première course en championnat du monde. "Toute l'équipe se faisait une joie", regrette Jérôme. "Quand on annoncé notre retrait, les organisateurs nous ont fait savoir qu'on pouvait avoir du 98 à 2 euros le litre", nous explique-t-il, "mais c'était trop tard"...
Inscrite en catégorie EWC aux mains de Fréderic Albas (qui roule également au Bol Classic), Sébastien Dupond, Thomas Souques et Mickael Brillault, soutenue par Yamaha et équipée de nombreuses pièces du GMT94 (bras oscillant, fourche, réservoir, etc.), la R1 n°47 de Challenge 2R avait pour objectif de rallier l'arrivée. Mais ce n'est certainement que partie remise ! "Du coup, comme tout le monde était dispo ce week-end, je leur ai dit de venir chez moi et on décidera de ce qu'on fera la saison prochaine", conclut le team manager qui se tournera probablement de nouveau vers les 24H de Barcelone... et peut-être le Bol d'Or 2020 ?
(*) Course le samedi
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