Guide WSBK 2013 - Kawasaki : haut les Verts !

Un demi-point. Un freinage un peu plus appuyé, une dérobade un peu mieux gérée, une sortie de courbe moins crispée, un battement d'ailes de papillon à Tokyo Akashi ?! C'est un de ces tout petits riens qui a valu à Tom Sykes la deuxième place du championnat 2012 et non la première, raflée pour une seconde fois par Max Biaggi.

L'Empereur romain étant désormais hors course(s) - il les commentera pour la télévision italienne -, Tom Sykes se pointe à Phillip Island dans le costard de "meilleur pilote" du plateau. Une juste récompense pour le Ninja anglais et pour son équipe espagnole Provec, en charge des deux ZX-10R officielles.

Profondément marqués par le dramatique accident de Joan Lascorz, au lendemain de la deuxième épreuve disputée à Imola (lire MNC du 2 avril 2012 et Joan Lascorz : le point final de ma carrière de pilote Superbike ), le KRT (Kawasaki Racing Team) et son n°66 n'ont cessé de progresser et ont porté haut le n°17 du pilote espagnol.

Sykes arborait même un gigantesque 17 sur son casque lors de la finale de Magny-Cours, en hommage, voire en remerciement. Car à l'instar de Sete Gibernau en 2003 face à la disparition du regretté Daijiro Kato, il semble que Tom ait puisé dans cette épreuve l'élément qui lui manquait pour performer - et dont Joan disposait justement : une certaine sagesse.

En 2011, année du baptême de la nouvelle ZX-10R, Tom Sykes se montrait parfois trop sanguin... Tant et si bien que Joan Lascorz, pourtant moins rapide, avait terminé devant le Britannique au classement général : les deux Verts s'étaient respectivement classés 11ème et 13ème du championnat du monde.

À de multiples reprises l'an dernier, le n°66 a fait preuve de retenue : il est resté sur ses roues et ça s'est avéré payant. Kawasaki se félicite d'ailleurs ouvertement des progrès accompli par leur chef de file en la matière : "Sykes sait que le développement de la moto continue d'avancer. Mais il sent aussi que ce qu'il a appris en 2012 sera un atout pour le défi à venir"... À savoir bien évidemment, remporter le titre WSBK !

"Il y aura de grandes attentes l'an prochain", approuvait cet hiver le vice-champion du monde, "et je sens que je peux bien m'en sortir. Pour la finale de 2012 à Magny-Cours par exemple, j'arrivais deuxième du classement avec une grosse pression. Et finalement, j'ai très bien géré".

"Nous étions un peu limité sur le mouillé", se rappelle le n°66/17, "donc j'ai pris le maximum de points en première manche, ceux que je pouvais récolter sans prendre de risques, la troisième place. J'ai remporté la seconde manche, celle où se jouait le championnat et je n'en suis pas peu fier".

Ultra rapide en qualifications - il a signé neuf Superpoles en 2012 ! -, Tom Sykes a surtout franchi un cap en course l'an dernier en gravissant 13 podiums (soit une course sur deux) et en remportant quatre victoires. "J'ai entendu certains commentaires selon lesquels ma chance était passée", confie-t-il. Mais "qu'on" se le dise : "le meilleur reste à venir", promet Kawa !

Promu en World Superbike suite à l'accident de Lascorz, Loris Baz a prouvé qu'il méritait amplement le guidon de la seconde Ninja officielle. Il ne doit pas sa reconduction chez les Verts à un simple concours de circonstance, mais bien à ses performances !

Vainqueur d'une mémorable course sur piste séchante à Silverstone et auteur de deux autres podiums dans des conditions du même acabit, "Bazooka" sait parfaitement profiter des opportunités qui s'offrent à lui et pourra compter sur cette grande force l'an prochain également.

"Je considère que si tout vient à toi facilement et que tu n'as pas à te battre, alors tu apprécies moins les choses", expliquait cet hiver le n°76 du KRT. "Je sais où je suis et je sais où je compte me rendre, je dois juste faire ce qu'il faut pour y arriver".

Contrairement à son coéquipier, Loris n'aura pas de pression cette année : "je veux juste faire de mon mieux et je pense qu'en faisant ça nous produirons une bonne saison", affirme notre cher "Géant Vert"... Pour rappel, Loris mesure 1,92 m et fait passer son coéquipier d'1,76 m (taille respectable pour un pilote) pour un "Tom Pouce" !

Le poulain d'Adrien Morillas - et grand espoir de JCO ! - se fixe néanmoins un objectif en ce début d'année, le même qu'en fin de saison dernière : "essayer le plus tôt possible de terminer dans le Top 5 sur le sec, signale Loris.

"Ensuite j'essaierai de conserver ce niveau et de m'améliorer encore plus", prévoit cette prometteuse pousse verte qui vient de fêter ses 20 ans le 1er février ! Et vous au fait, vous faisiez quoi à son âge ?!

"Adrien Morillas, mon coach et ancien team manager, a toujours dit que je devais passer sur une 600 le plus tôt possible", se souvient Loris Baz qui a découvert cette cylindrée à 14 ans seulement - à l'âge où ses petits camarades bavaient sur des 50 cc ! - et est passé aux 1000 cc deux ans plus tard !

"Si bien que je suis arrivé en Mondial Superbike à 19 ans seulement, en ayant déjà roulé six ans sur des 4-temps, quatre sur une 1000 et avec un peu d'expérience sur une machine de Superbike en British SBK", résume Loris. Un exemple un suivre ?!

Deux autres Kawasaki Ninja ZX-10R préparées par l'équipe Pedercini participeront aussi à l'intégralité du championnat du monde Superbike 2013. Elles seront pilotées par un pilote suédois, Alexander Lundh, et l'Italien Federico Sandi.

Lundh a roulé en 2010 et 2011 en Mondial Supersport (16ème du classement final les deux années) et a tenté l'an dernier de se faire une place en Grands Prix en intégrant le team MZ Racing. Las, une blessure à Assen et son manque de résultat l'on reconduit "chez lui", en Mondial Superbike.

"Nous avons confirmé Alex Lundh, qui s'en était bien sorti l'an dernier bien qu'il ne participait qu'aux quatre dernières manches", annonçait en début d'année le boss Lucio Pedercini. "Nous sommes certains qu'il obtiendra de meilleurs résultats en disputant une saison complète".

Entré dans les points à quatre reprises - pas mal sur six départs -, le n°5 se réjouit de rempiler pour une saison complète : " Ma première expérience dans ce championnat fascinant et très compétitif a été inoubliable et je vais maintenant me donner à fond pour améliorer mes résultats".

Son futur coéquipier semble un peu plus remonté encore : "mon objectif est d'être régulièrement dans le Top 10, même s'il y a beaucoup de pilotes et de machines d'usine en Superbike", lance Federico Sandi, lui aussi ravi de pouvoir disputer une saison complète dans un team sérieux...

Car à l'instar de Sylvain Guintoli, Maxime Berger ou Jakub Smrz, le n°23 italien garde à un goût amer de son expérience avec le team Liberty Effenbert... Censé disputer le championnat européen de Superstock sur une Panigale, le garçon de 22 ans s'était retrouvé sans guidon à quelques semaines du début de saison, alors que son futur ex-coéquipier canadien, Brett McCormick, grimpait en catégorie Superbike...

Les efforts du team Althea pour le faire rouler - toujours en Superstock 1000 sur Panigale - s'étaient pas la suite avérés vains et la seule sortie de Federico l'an dernier en Mondial Superbike fut celle à Misano, au guidon d'une BMW Grillini.

"Je vais enfin disputer une saison complète du championnat du monde Superbike et c'est un grand pas pour moi", se réjouit Federico. "Je vais essayer de tirer profit de l'expérience que j'ai accumulée dans différentes compétitions et différentes catégories", conclut le pilote transalpin, troisième du championnat CIV de Superbike 2011 sur une 1098R Althea.

Les équipes Kawasaki

Kawasaki Racing Team

• Tom Sykes #66
  WSBK : 106 départs, 15 podiums dont 5 victoire, 11 poles
• Loris Baz #76
  WSBK : 20 départs, 3 podiums dont 1 victoire

Team Pedercini

• Alexander Lundh #5
  WSBK : 6 départs
• Federico Sandi #23
  WSBK : 8 départs