Essai Hornet 2009 : l'ado délurée a mûri !

S'il est indéniable que le roadster Honda s'est assagi lors de sa profonde mutation de 2007, sous ses apparences de première de la classe un peu coincée se cache pourtant un tempérament sportif que le poids des années n'a pas étouffé !

Un côté "deux visages" que la Hornet cultive avec classe et panache, à l'image de son comportement moteur : doux comme un agneau en dessous de 4 000 tr/mn, il envoie un premier avertissement à 7 000 tr/m - en même temps qu'une sérieuse louche de vibrations - avant de se mettre à rugir avec force de 10 000 aux 14 000 tr/mn du rupteur !

Les gènes de la 600 CBR sont bien présents et l'on retrouve ses envolées pas toujours des plus expressives, mais ô combien efficaces : dans la ligne droite du circuit de Beuvardes, notre Hornet a donné du fil à retordre à bien des sportives de moyenne cylindrée ! Évidemment, le roadster perd le contact à hautes vitesses et son pilote pâtit de surcroît d'une protection inexistante et d'une direction demandant de la circonspection passée les 180 km/h. Mais le berlingot crache ses 102 ch avec une conviction étonnante et autorise un respectable 235 km/h en cinquième. Pas mal, pour un roadster 600 !

Sur route comme sur piste, la douceur de la boîte et le tranchant du train avant raviront les plus sportifs tandis que les disques de 295 mm suffisent à arrêter la belle avec deux doigts sans jamais manifester de coup de mou : seul le mordant surprenant en début de course appelle à la prudence dans des conditions d'adhérences précaires.

Dès lors, la Hornet incite à la gaudriole : sur circuit, il est facile de mesurer comme les participants de feu la Hornet Cup ont dû s'en payer une bonne tranche, tant la machine montre des prédispositions étonnantes ! N'attendez pas de la Honda qu'elle tourne autour d'une GSX-R ou d'une 848, mais bien menée dans le sinueux, la Hornet 2009 peut faire des ravages tant son châssis sain et sa puissance toujours maîtrisable permettent de plonger à la corde en un éclair, puis d'accélérer sans arrière-pensée jusqu'à la prochaine courbe en profitant de son allonge jouissive !

Sur une piste rendue délicate par de fortes ondées tombées la veille de notre essai circuit, la Hornet a su tirer profit de son agilité - pratique pour changer de cap en cas de zones mouillées en plein sur la traj' ! - et de sa motricité impressionnante.

Chaussée de Michelin Pilot Power toujours dans le coup, notre modèle d'essai s'est joué des traces d'humidité avec bonheur. Et à condition d'ôter les tétons des cale-pieds, la garde au sol autorise bien des fantaisies avant d'être rappelé à l'ordre? Alors, la Hornet 2009 accomplit-elle un sans-faute à la fois sur route à un rythme sportif et sur circuit ?

En réalité, bien que la dernière mouture du blason ailé soit une réussite sur le plan dynamique, la position de conduite moins incisive et l'amortisseur manquant de progressivité la pénalisent au moment de sortir la grosse attaque. Sur un bitume parfait, aucun souci : la fourche jugule les transferts de masse avec brio et le mono-amortisseur garde le cap. Mais dès que la route se fripe ou que de grosses compressions font leur apparition, l'élément arrière paie son absence de biellette par des réactions sèches qui pénalisent les sorties de courbe ou les changements d'angles rapides.

De son côté, la fourche de 41 mm étonne tant elle semble capable d'en supporter toujours plus sans faillir : plein angle et genou au sol, l'avant autorise de légers freinages en courbe sans moufter ! Seules les entrées en virages requièrent un franc lâché du levier droit avant de faire plonger la moto à la corde, sous peine de verrouiller l'ensemble.

Réglables en détente, les suspensions avouent donc leur limite mais - et la précision est de taille ! - seulement lorsqu'elles sont repoussées dans leurs derniers retranchements sur des petites routes bosselées avalées à vives allures, ou sur un circuit technique parcouru sans chômer !