Essai scooter Honda Forza 300 : le chaînon manquant

Quel dommage d'avoir conçu un scooter aussi long (2166 mm) et d'avoir autant amputé l'espace dévolu au conducteur. Pour un pilote dépassant le mètre quatre-vingt, la déception est grande... et douloureuse : les jambes sont fortement repliées et les genoux viennent au contact des boîtes à gants du tablier.

Heureusement, l'assise basse (716 mm) et profonde sauve un peu la mise. Mais il est dommage de constater une telle erreur sur un détail pourtant fondamental : l'ergonomie. C'est à se demander si Honda ne s'est pas inspiré des mensurations du pilote MotoGP Dani Pedrosa pour élaborer son scooter...

Excepté ce détail qui va favoriser les Japonais mais pénaliser les Français (qui mesurent respectivement, en moyenne, 1,72 m et 1,75 m), on constate que l'ensemble du scooter est soigné. Les éléments de carrosserie semblent assez robustes et le guidon - sans habillage - est planqué derrière une mini bulle teintée qui renforce l'aspect sportif du Honda.

C'est certain, ce scooter a du caractère et devrait continuer à faire des émules au feu rouge ! En plus d'une boîte à gants verrouillable équipée d'une prise 12V - le vide-poche de droite ne se verrouille pas -, on trouve sous la selle un coffre généreux qui permet de loger deux casques intégraux de taille moyenne.

Ces multiples rangements et la trappe à essence s'ouvrent grâce à des boutons situés à côté du contacteur. Seul point noir : ce bel attirail est terni par la médiocre qualité de certains plastiques qui semblent peu robustes et marquent facilement...

Cette petite déception est en partie effacée à la vue du tableau de bord, largement inspiré de l'automobile. Son design est soigné et moderne, le fond joue sur les niveaux de gris et ses compteurs analogiques occupent largement l'espace parmi un écran digital, ce qui facilite la lisibilité de l'ensemble.

Une fois en selle, on apprécie de constater que le Honda NSS300 Forza tient l'équilibre presque tout seul à l'arrêt, tant les masses sont basses et bien réparties. Tout aussi basse, la position de conduite façon "Low Rider" ajoute, elle aussi, du charme à l'ensemble.

En ville, cet équilibre exquis et son encombrement minimum facilitent les remontées de files. En contrepartie, la position basse ne permet pas d'y voir très loin... On se réconforte par son punch au démarrage aussi convaincant qu'une grosse cylindrée : les relances sont copieuses et la transmission réagit immédiatement, sans les temps morts parfois causés par un variateur trop lent.

Sur les petites routes, le Forza 300 brille par sa faculté à dépasser sans rechigner, même dans les côtes. On n'a jamais l'impression de manquer de puissance même si la montée en régime est linéaire. Le freinage ABS combiné (le levier de frein arrière agit sur le frein avant) rassure et permet des ralentissements appuyés : bonne pioche de la part de Honda France qui a décidé d'importer le NSS300 Forza uniquement avec ce freinage couplé C-ABS (en option ailleurs).

L'ensemble est puissant même si le levier avant (non réglable) requiert une bonne poigne pour freiner l'engin. L'autre qualité dynamique du scooter se situe au niveau de sa stabilité en virage. Bien aidé par l'un des meilleurs pneus scooter du moment, le Dunlop ScootSmart, le Forza 300 est facile à mettre sur l'angle et très à l'aise pour y rester !