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DUEL
Paris, le 24 avril 2014

Duel Diavel Carbon Vs Intruder M1800R Boss : éclatez la galerie !

Duel Diavel Carbon Vs Intruder M1800R Boss : éclatez la galerie !

En 2014, deux motos évoluent dans le segment des muscle bikes : Ducati Diavel et Suzuki Intruder M1800R. Chacune conserve son look ostentatoire, un pneu de 240 et un v-twin arracheur de bitume. Deux gros bras pour un duel entre terrasses et virolos !

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En ville comme en courbes, c'est show devant !

Malgré sa hauteur de selle inférieure (705 contre 770 mm), la Suzuki Intruder M1800R Boss se révèle moins accessible que le Diavel Carbon, à cause de l'écartement supérieur induit par cette assise très large et son énorme réservoir. La Suzuki se rattrape en partie grâce à l'épaisseur douillette de sa selle, plus accueillante à l'arrêt que celle de la Ducati.

Placé très loin du buste et extrêmement écarté, le guidon de la Suzuki demande d'étirer les bras vers l'avant, occasionnant au passage un repli prononcé du bas du dos. Même si les repose-pieds ne sont pas exagérément placés sur l'avant, la position qui en découle, typée custom, se révèle exigeante et assez vite inconfortable.

En face le Diavel, moto de compromis et de paradoxes, expose son mariage des genres jusque dans son ergonomie. Si sa selle large et son imposant guidon situé loin du buste renvoient directement aux canons en vigueur dans la famille custom, l'emplacement de ses repose-pieds évoque davantage un roadster. La position qui en découle évoque un improbable assemblage des caractéristiques ergonomiques d'un Harley-Davidson Iron 883 et d'un

Monster 1200...

Etonnamment pourtant, l'ensemble se révèle assez cohérent et rend la prise en mains de la Ducati plus naturelle que celle de la Suzuki. Avouons aussi que les plus de 100 kg qui les séparent influent énormément sur ce jugement ! A l'arrêt comme à basse vitesse, la lourde Intruder M1800R Boss exige une quantité d'énergie proportionnelle à son physique pour être manoeuvrée : colossale !

Sa roue avant plus large et plus haute (130 mm et 18 pouces contre 120 mm et 17 pouces sur le Diavel) n'arrange en outre pas ses affaires sur le plan de la maniabilité, pas plus que son angle de chasse très ouvert (31,15°) et son empattement important (1710 mm).

Malgré des valeurs géométriques assez élevées (1590 mm d'empattement et 28° d'angle de chasse), la Ducati se montre bien plus facile à faire virer ou à inscrire sur l'angle. Qu'une moto aussi imposante avec un pneu arrière de 240 mm de large puisse se montrer si agile laisse tout simplement sans voix !

Sans aller jusqu'à dire qu'elle se manie du bout des doigts, sa direction répond précisément et relativement promptement aux ordres, alors que celle de l'Intruder M1800R apparaît moins réactive et tombante. Déjà larguée, la Suzuki ? Pas du tout : grâce entre autres à son onctuosité mécanique, s'extirper de la ville à son guidon est une pure formalité.

Capable de reprendre à 1500 tr/mn sur les trois premiers rapports (un poil plus en quatrième et en cinquième), l'énorme v-twin japonais est un modèle d'agrément : ses vibrations sont très contenues, son embrayage est doux et progressif, son injection est bien calibrée et il ne chauffe pas exagérément en ville. Et quelle sonorité !

Sourde et virile, cette bande-son - présente mais sans excès - évoque immanquablement un majestueux navire. Ses lentes pulsations donnent littéralement l'impression de "naviguer" sur le bitume, avec puissance et sans heurts. Gare toutefois à surveiller le compteur : son côté force tranquille alliée à un étagement long (en cinquième, la moto prend 40 km/h tous les 1000 tr/mn !) a tôt fait de vous propulser bien au-delà des vitesses légales !

Dommage que sa sélection et sa transmission finale viennent quelque peu gâcher la fête : le passage des rapports est lent et sonore, tandis que le cardan distille des à-coups sensibles. Pour ne rien arranger, cette transmission perfectible nuit au fonctionnement de l'amortisseur arrière, en l'étirant à l'accélération et en le tassant à la coupure des gaz...

Dynamique : le Diavel impose son rythme

Totalement transparente sur le plan de la transmission finale (encore heureux, avec une chaîne !), la Ducati l'est nettement moins au niveau mécanique : son bicylindre ouvert à 90° possède indubitablement des gènes sportives... et les gênes qui vont avec.

Doté d'un frein moteur plus prononcé, le "L-twin" ne goute guère les évolutions sous 2500 tr/mn, même en maniant délicatement son accélérateur ride-by-wire pourtant d'une précision exquise. Plus rugueux mais aussi (beaucoup !) plus sonore, le moteur du Diavel prend ses tours presque sans temps mort, contrairement à celui de l'Intruder M1800R dont les montées en régimes (et les descentes) sont marquées par une forte inertie.

Son embrayage raide et délicat à gérer met en outre durement la main et l'avant-bras gauches à l'épreuve dans les bouchons. Une situation durant laquelle les muscles des fesses sont d'abord anesthésiés par les vibrations... puis chauffés par la chaleur dégagée par le cylindre arrière et sa tubulure d'échappement !

Enfin, si sa boîte est à peu près 1000 fois plus réactive que celle de l'Intruder, son mode de fonctionnement est à l'image du tempérament mécanique du diable bolognais : sportif ! La sélection exige ainsi des ordres fermes pour que chaque engrenage se verrouille parfaitement. A la limite, mieux vaut carrément passer les vitesses à la volée que de se montrer "mou de la botte" sur le sélecteur !

Tous ces petits désagréments s'oublient bien vite (ou pas, en fonction des goûts...) lorsque l'horizon se dégage et que l'on met plein gaz : malgré son déficit de cylindrée - 585 cc séparent les deux twins ! -, le Diavel bondit littéralement en avant avec une fougue et une vivacité qui laissent sur place l'Intruder M1800R.

Pénalisée par son surpoids et ses rapports longs, la Suzuki n'a ni le même punch ni la même réactivité, y compris à bas régimes. Une petite surprise pour MNC compte tenu de l'architecture de son moteur et de sa cylindrée (près d'1,8 litre, quand même !), qui laissaient craindre une double dislocation des épaules en cas d'optimisme dans le premier tiers du compte-tours...

Or, si la conséquente accélération générée par ses grosses gamelles demande effectivement de "s'accrocher aux branches", elle est moins hors normes qu'attendue. Et en tout état de cause, moins impressionnante et sensationnelle que celle du Diavel. En revanche, l'accélération de l'Intruder se renforce sensiblement au cap des 5000 tr/mn et ne faiblit pas jusqu'au limitateur placé à 7500 tr/mn, quel que soit le rapport engagé.

Côté allonge, le Diable Ducati n'est évidemment pas en reste et décampe loin devant en faisant hurler jusqu'à 10 000 tr/mn son moteur dérivée des Superbike ! L'Italienne garde l'ascendant dans le viroleux, où sa partie cycle rigide et aux réactions prévisibles autorisent une conduite... sportive. Oui, sportive !

Redoutable freineuse - tant en termes de toucher au levier que de puissance - et étonnamment facile à inscrire sur l'angle, la Ducati jouit en outre d'une garde au sol conséquente et d'une très bonne cohésion d'amortissement. Sa motricité est excellente et s'assure au besoin le renfort d'un contrôle de traction paramétrable sur huit niveaux, dont les interventions sont finement gérées.

Certes, son gabarit généreux et sa géométrie typée finissent par imposer des garde-fous à ne surtout pas dépasser, surtout en sortie de courbes où l'inertie engendrée par son poids tend à faire élargir la trajectoire. Mais quelles débauches de sensations sur le plan mécanique et dynamique ! D'ailleurs, MNC en est convaincu : le Diavel, Satan l'habite !

Plus pataude de comportement, l'Intruder M1800R Boss exige une solide poigne pour être emmenée à bon rythme. Surtout, elle impose un mode d'emploi particulier : avant toute chose, il convient d'intégrer le fait que c'est le pneu arrière de 240 mm qui dicte sa loi lors de l'inscription en courbes !

Stable malgré un amortisseur sec sur les petites bosses (plus que celui de la Ducati : un comble, non ?), la Suzuki est capable d'avaler les courbes à bon rythme et d'en ressortir encore plus vite grâce à son inépuisable puissance de feu. Elle voit néanmoins ses prétentions sportives limitées par sa faible garde au sol, surtout du côté droit où le silencieux prend vite le relais du cale-pied !

Le freinage est heureusement proportionné aux dimensions du bestiau : à l'avant, le sportif dispositif Tokico allie vigueur et puissance. Son mordant est certes en retrait par rapport au système Brembo, mais en l'absence d'ABS (même en option), ce n'est pas forcément une mauvaise chose ! Enfin, l'arrière se montre plus facilement dosable que son homologue italien.

Verdict : la frime oui, mais à quel prix ?

Étant donné ses prestations dynamiques surprenantes au regard de son gabarit, son style unique et sa finition léchée, la Ducati pourrait prétendre à une victoire sans contestation sur la Suzuki. Mais quelques paramètres sont à prendre en compte avant de distribuer les médailles...

Le premier touche bien entendu à la question du prix : affichée à 21 590 € dans cette version "carbonisée" (soit 3500 euros de plus que le Diavel standard), l'Italienne fait cher payer ses charmes, aussi nombreux et étourdissants soient-ils.

Malgré sa décoration spécifique elle aussi un poil survendue à nos yeux (1000 euros de plus), la Suzuki Intruder M1800R Boss à 14 999 € coûte la bagatelle de... 6591 euros de moins que le Divael Carbon ! Avec la différence, on peut s'offrir un Bandit 650 (actuellement à 6249 €), afin d'épargner à "sa Boss" des contraintes du quotidien pour lesquelles elle n'est pas conçue.

Car son truc à elle, c'est l'étirement des bras et l'esbroufe physique et mécanique à l'arrêt. A ce niveau, la Suz' n'a aucun complexe à avoir face à la Ducat' puisqu'on ne compte plus le nombre de pouces levés à son passage et les clins d'oeil admiratifs des piétonnes ! Une piège à filles, le Boss Suz' ? Assurément !

Le hic, c'est qu'en cas de "touche", la diabolique Ducati risque de lui faire une ultime fois les freins... Déjà, parce que son capot de selle livré de série recouvre l'assise d'un seul tenant, ce qui rend possible le duo en démontant ses fixations. Sur la Suzuki, le capot lui aussi de série s'installe en lieu et place de la selle passager : si vous partez en mode solo avec l'Intruder, vous rentrez célibataire !

Enfin, l'Italienne dissimule dans sa coque arrière une petite - mais pratique - poignée de maintien en forme d'aileron (voir l'encadré sur la photo ci-dessus) que l'on déploie en actionnant une tirette située dans le coffre. Sensationnelle et charmeuse à tous niveaux, le Diavel a décidément tout compris !

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CONDITIONS ET PARCOURS

 
  • DUCATI DIAVEL
    • Version Carbon
    • 1150 km au départ
    • Pneus : Pirelli Diablo Rosso 2
    • Consos mesurées : de 5,65 à 6,42 l/100 km
    • Problèmes rencontrés : RAS
  • SUZUKI INTRUDER M1800R
    • Version Boss
    • 1401 km au départ
    • Pneus : Dunlop Sportmax D221
    • Consos mesurées : de 6,26 à 7,4 l/100 km
    • Problèmes rencontrés : RAS
  • Parcours : 490 km
  • Routes : Petites routes entre le café M'as-tu-vu et le boulevard Je-me-la-pète
  • Météo : Globalement ensoleillée et sèche, avec une énorme averse orageuse pendant 80 km
 
 
 

POINTS FORTS DUCATI DIAVEL CARBON

 
  • Look et positionnement hors normes
  • Moteur sen-sa-tio-nnel !
  • Comportement dynamique très... dynamique !
 
 
 

POINTS FAIBLES DUCATI DIAVEL CARBON

 
  • Rugosité et sonorité potentiellement rébarbatives
  • Prix élevé, surtout en version Carbon
  • Gare aux excès de confiance !
 
 
 

POINTS FORTS SUZUKI INTRUDER M1800R

 
  • Silhouette tout en courbes et en muscles !
  • Moteur souple et puissant, y compris dans les tours
  • Freinage et stabilité sains et rassurants
 
 
 

POINTS FAIBLES SUZUKI INTRUDER M1800R

 
  • Sélection et transmission finale rustiques
  • Quelques détails de finition
  • 1000 € pour un nouveau coloris, ça fait cher...