Déclarations et analyse du Superbike à Imola

Il y a un nouveau leader en World Superbike ! Alors que de nombreux observateurs - dont Moto-Net.Com, il faut bien l'avouer - voyaient Tom Sykes accentuer son avance au championnat à l'occasion de cette quatrième épreuve italienne, le champion du monde en titre a du céder son trône.

Qualifié samedi au fond du deuxième rang, "Super Sykes" a du batailler ferme hier en première manche pour monter sur la troisième marche du podium devant Loris Baz et Sylvain Guintoli, mais s'est fait battre par ces mêmes sacrés Français en seconde manche, Tom terminant à une décevante cinquième place.

Grand favori pour la double victoire (qu'il avait obtenue ici même en juin dernier et lui avait permis de prendre le commandement du championnat, lire les Déclarations et analyse du Superbike 2013 à Imola), le "Number One" perd en Italie "sa" première place au provisoire, son compteur indiquant 135 points, soit 4 de moins que le nouveau Big Boss du WSBK...

Who's the boss ?

Auteur ce dimanche d'un remarquable doublé - de quatrièmes places, c'est du bon boulot non ?! -, Loris Baz a définitivement acquis le statut de cador de la catégorie. Bien qu'on doute de leur existence même, les derniers sceptiques ont vu leurs doutes s'évanouir lors de la seconde manche...

Après avoir descendu froidement Guintoli dans l'ultime boucle de la première manche, notre "Bazooka" national a en effet réglé son compte à Sykes, son illustre coéquipier, dans les mêmes conditions à la toute fin de la deuxième course.

Plus rapide que Tom dans les derniers tours, Loris a su attendre le bon - et dernier - moment pour porter l'attaque décisive et devancer le Ninja n°1 sur la ligne d'arrivée... Une première cette année, qui intervient dans des conditions climatiques parfaitement clémentes !

Quelques boucles plus tôt, la ZX-10R n°76 s'était frottée avec le même panache aux carénages des Aprilia et Ducati officielles. Moto-Net.Com ne s'était donc pas trompé - cette fois ! - en surnommant la jeune et haute pousse de 21 ans et 1,92 m, le "Géant Vert" du World Superbike !

Propulsé il y a moins de deux ans dans la catégorie suite au malheureux accident de Joan Lascorz survenu à Imola, Loris Baz compte parmi les meilleurs pilotes du plateau. Le quatrième meilleur à ce stade de la compétition pour être exact : il totalise 119 points !

Troisième du provisoire avec 123 points, Sylvain Guintoli a réalisé à Imola exactement le même score que Tom Sykes : les deux grands rivaux de 2013 - avant que Laverty ne mette son grain de sel en fin de saison ! - se sont neutralisés ce dimanche en s'échangeant les cinquième et troisième places.

Baz et Guintoli ne lâchent rien

"Guinters" peut au passage remercier le Kawasaki Racing Team de ne pas avoir - encore ? - instauré de consignes d'équipe. Sans l'estocade de Baz sur Sykes, Sylvain aurait vu son retard sur Tom accroitre de deux points... Pour rappel, le même Sykes avait perdu le titre WSBK 2012 face à Biaggi pour un demi-point !

Insatisfait de ses résultats ce dimanche, Guintoli n'avait qu'à lorgner de l'autre côté du box Aprilia pour s'apercevoir qu'il n'ont rien de décevants... Son coéquipier Marco Melandri a effectivement connu un week-end bien plus dur, passé à chercher - en vain - les bons réglages puis à essayer de monter une machine indomptable.

Mécaniquement donc, la cote de "Guinters" monte au sein de l'usine de Noale, mais également chez les supporters français qui auront apprécié avec quelle détermination le plus "Frenchie" de nos pilotes a réussi à repousser les attaques du bouillant Baz en première manche, afin de s'offrir son quatrième podium de la saison.

Les derniers détracteurs de Guintoli, qui préfèreraient le voir attaquer pour la victoire plutôt que se défendre pour le podium, ne manqueront pas de féliciter le n°50 pour ces deux débuts de course explosifs... Son tout droit dans la chicane Alta dans le premier tour de la première course illustre parfaitement l'état d'esprit de Sylvain : tout donner !

Malheureusement pour lui, deux hommes étaient au-dessus du lot ce dimanche : Jonathan Rea et Chaz Davies ! Ce sont ces deux pilotes britanniques - originaires de l'Irlande du Nord pour le premier, du Pays de galle pour le second - qui ont bouleversé l'Establishment.

Mister Davies tout d'abord, a prouvé que la 1199 Panigale (en configuration Superbike) pouvait prétendre à d'excellents résultats... en course et sur le sec ! L'an dernier, Checa et Badovini ne s'étaient montrés compétitifs que pendant les essais ou lors de courses disputées sur le mouillé.

Davide Giugliano, qualifié samedi sur la première ligne de la grille italienne, était bien parti pour offrir à la belle bête de Bologne son premier podium sous le soleil, mais un appui un soupçon trop prononcé sur son pneu avant a suffi à mettre en pièce sa belle démonstration.

Chaz Davies, qui ne ménageait pourtant pas son train avant davantage que son coéquipier au n°34, est resté sur ses roues jusqu'au bout ! On ne sait par quel miracle - à moins que cela soit dû au talent ? -, "Chazie" n'a pas fauté et mené par deux fois sa Ducati vers le podium.

Ducati et Davies font la paire

Les bons résultats de Checa sur la 1198 à Imola par le passé (trois victoires de rang en 2011 puis 2012) avaient établi que sur ce circuit dépourvu de - très - longues lignes droites, la partie-cycle tenait un rôle prépondérant dans la réussite d'une moto.

Réputé incompatible avec la configuration moteur "Superbike" (plus puissante que celle des Superstock), l'original châssis monocoque de la Panigale est de plus en plus affuté et permet - à Davies en touts cas - de tourner aussi vite que ses rivales et, surtout, de les battre au corps à corps !

Car si Chaz a pu se "contenter" d'aligner seul en piste ses impressionnants chronos - notons au passage que le record de la pole et du tour en course à Imola demeure la propriété de Tom Sykes - pour obtenir la deuxième place de la première course, il a du jouer des coudes lors de la seconde manche...

À cinq tours du drapeau à damier, le pilote officiel Ducati n°7 se trouvait en quatrième position. C'est en retardant - encore un peu ! - ses freinages et en insistant - mais pas trop lourdement - sur son train avant que Chaz a doublé coup sur coup Sykes et Guintoli.

Au final donc, le diable gallois affichait dimanche après-midi une paire de deuxièmes places qui lui permettait d'accéder à la cinquième place du provisoire (87 points). Qui dit mieux ?... Jonathan Rea bien sûr, avec une imparable paire d'As et la première place du classement !

"Johnny" arrivait en Italie avec 89 points au compteur, soit un retard de 19 points sur le leader Sykes, 7 sur Guintoli et 4 sur Baz. Vainqueur de la dernière course, disputée il y a deux semaines à Assen sur une piste détrempée (lire WSBK Pays-Bas (2) : Rea supplante, Guintoli se plante), le pilote n°65 a poursuivi sa moisson de victoire à Imola, cette fois sur le sec.

Et une, et deux, et trois victoires !

Comme Tom l'an dernier, Jonathan n'a pas fait de quartier, signant la pole et boulant chacun des 38 tours de course en tête ! "JR" n'a donc pas volé les 50 points qui le propulsent en tête du championnat : 139 points au total, soit 4 de plus que Sykes, 16 de plus que Guintoli, 20 de plus que Baz... et 52 de plus que Davies (5ème) !

Grâce à ses deux nouveaux succès, Rea grimpe également au tableau des vainqueurs du WSBK : il partage désormais le même nombre de victoires (14) que Spies, Russel et Kocinski. Prochaine cible : Tom Sykes qui en compte 16, à l'instar de Toseland, Hodgson et Falappa (pour mémoire, Fogarty en totalise 59).

Cependant, le plus remarquable dans la prestation de Jonathan Rea ce dimanche demeure l'incroyable aisance avec laquelle il a fait plier tous ses adversaires malgré une monture considérée comme inférieure aux RSV4 championne du monde 2013 et à la ZX-10R "du" champion du monde en titre.

Stable au freinage et agile dans le sinueux, la Fireblade manquait de motricité pour faire jeu égal avec ses grandes rivales. Au vu des trois dernières courses de Rea, il semblerait que les efforts soutenus de l'équipe Ten Kate et du HRC en matière de gestion électronique aient enfin porté leurs fruits...

Les résultats de Leon Haslam sont moins concluants : 10ème puis 8ème, le n°91 a franchie la ligne d'arrivée environ 30 secondes après son coéquipier lors des deux courses italiennes. Leon n'est pourtant pas une pince : sur sa "bonne vieille" Suzuki, il avait été le seul en 2010 à faire face à Biaggi et son Aprilia !

"Nous savons qu'il peut tourner à moins d'une seconde, voire une demie seconde de Jonathan, mais ce n'était pas son jour", estime simplement le coordinateur technique de l'équipe Honda Pata. "C'est pourtant là, c'est un battant : il n'abandonne jamais et nous non plus".

La prochaine épreuve étant programmée chez lui à Donington Park - chez son père Ron surtout, avec qui Leon y encadre des leçons de pilotage ! -, la "Pocket Rocket" espère trouver le moyen de faire décoller sa saison. Mais ce ne sera pas évident car Sykes, Rea, Davies et même le "Froggie" Guintoli se considère aussi chez eux là-bas !

Carton plein pour Honda Pata

Brillante chez elle à Assen, l'équipe Honda Ten Kate a été éblouissante à Imola : en effet, outre les deux magistrales victoires de Jonathan Rea en Superbike, le team néerlandais a enregistré un autre genre de "doublé" en Italie...

Certes au bout de quelques tours seulement, la course de la catégorie Supersport semblait gagnée pour le triple champion Kenan Sofuoglu. Mais un pépin technique - le deuxième de suite en course ! - a contraint le pilote Kawasaki à abandonner.

Alors installé à une solide deuxième place, Lorenzo Zanetti sur sa CBR600RR n°26 a donc hérité du commandement devant son coéquipier n°60 et Florian Marino sur sa Ninja n°21, tous deux leaders du championnat WSSP à l'issue de la course !

La tête de la course, Lorenzo l'a soigneusement conservé jusqu'au bout : quinze jours après l'éclatante - première - victoire du n°60 chez lui aux Pays-Bas, c'était donc au tour de Zanetti de décrocher la victoire !

Une victoire tout aussi mémorable que celle de "Mikey" puisqu'il s'agissait aussi de la première pour l'Italien en WSSP et qu'il l'a dédié au regretté Antonelli. Pour ne rien gâcher, Lorenzo triomphe devant les siens également, ainsi que devant les responsables du sponsor titre de l'équipe...

On imagine difficilement le niveau sonore atteint dans la loge "Pata" au moment où Zanetti et VDM ont franchi le drapeau à damier sur la roue arrière de leurs Honda ! On en a une petite idée en observant le boss de la marque - Remo Gobbi, dument chaussé de ses "Klompen" bataves ! - exploser de joie en rejoignant Rea sur le podium SBK...

"Si un seul mot peut résumer ce qu'étaient les Honda Pata aujourd'hui, c'est... rapide", gazouillait habillement l'équipe sur son compte Twitter officiel hier soir ! Pour info, "Pata" commercialise non seulement des chips "Speedy" mais également toute une gamme de produits siglée... VR46, ou Valentino Rossi !