Avec le C-ABS, les Honda CBR font les freins à la concurrence !

Pour jauger les capacités de son ABS de dernière génération, Honda France avait mis à notre disposition des 600 et des 1000 CBR avec ou sans C-ABS, en version française et en full power... Réunis autour des compétents moniteurs de l'ECF (École de conduite française), les essais débutent par des tests de freinage sur le mouillé, puis carrément sur une couche de sable !

Déconcertant de prime abord, l'exercice est aussi l'occasion de faire le point sur de mauvais réflexes. Freinage d'un seul ou de deux doigts, utilisation restreinte - voire pas d'utilisation du tout ! - du frein arrière : chaque phase est décortiquée par les instructeurs qui enjoignent les participants à "attraper les freins" à pleine main à leur signal, après s'être élancé à près de 90 km/h... Sur le tronçon de piste copieusement arrosée, le constat est sans appel : que ce soit avec la "petite" ou la "grosse" CBR, un freinage appuyé n'a pour ainsi dire aucune influence sur le cap ou sur la stabilité de la machine. Et, bien entendu, les roues ne se bloquent pas !

La moto s'arrête rapidement et reste en ligne - bien plus dans ces circonstances que si la gestion des freins était 100 % "humaine" ! -, dans une douceur de fonctionnement incroyable ! Plus que la puissance impressionnante de freinage, la gestion de l'assiette est tout simplement sidérante : sur les violentes prises de freins "réflexe" de ce cas de figure, nombreux étaient ceux à ne solliciter que les puissants étriers radiaux avant des motos.

Or, quelles que soient la vitesse et la violence avec laquelle les disques avant sont sollicités, le C-ABS régule automatiquement le soudain transfert de masses en sollicitant l'arrière de manière imperceptible pour le pilote. Résultat : les sportives Honda donnent l'impression de s'enfoncer dans le bitume détrempé, tout en gardant un salvateur contact au sol au niveau de la roue arrière !

Comme promis par les ingénieurs de la firme japonaise, le feeling au levier est absolument identique à celui d'une CBR sans ABS. On se surprend même à l'empoigner avec une vigueur absolument incompatible d'ordinaire avec un freinage sur une surface glissante ! Contrairement à un système ABS traditionnel, les phases où le dispositif relâche la pression hydraulique en cas de blocage d'une (ou des) roue(s), puis la renforce progressivement (et ainsi de suite) est nettement moins sensible, car beaucoup plus rapide.

L'action du C-ABS se fait tout de même ressentir guidon en main, mais d'une façon bien plus douce, précise et rassurante qu'avec un ABS conventionnel. Sur une couche de sable, la démonstration s'avère encore plus criante : plutôt timorées lors des premiers passages - on parle quand même d'un freinage d'urgence sur un bon centimètre de sable à allure moyenne ! -, toutes nos tentatives nous ont permis de constater que le C-ABS est tout bonnement impossible à prendre en défaut sur ce revêtement, qui s'apparente pourtant plus à un terrain de "Beach Volley" qu'à une départementale viroleuse !

Comme sur le mouillé, les CBR restent strictement dans l'axe et le contrôle de l'assiette fait merveille : sollicitée du frein avant, la moto plonge progressivement pour mettre le pneu avant en contrainte et lui donner de l'adhérence, tout en actionnant l'étrier arrière pour scotcher l'arrière au sol et stopper efficacement le tout... Magique !

Pour les instructeurs de l'ECF, la conclusion est tout aussi claire : jamais un système ne s'était montré aussi efficace et rassurant dans des conditions d'adhérence aussi précaires. Hormis avec une moto cross, aucun pilote sain d'esprit n'aurait autant pu solliciter le freinage d'un deux-roues dans ces circonstances ! Une vraie révolution pour le motard lambda, qui va pouvoir aborder le freinage d'urgence en toute sécurité et sans même transpirer !