Sans la détresse de centaines de milliers de personnes qui bloquent les ronds-points depuis le 17 novembre pour protester contre la hausse des taxes sur le carburant et "redonner de la dignité aux citoyens", la façon dont l'exécutif a "géré" cette crise inédite pourrait être assez comique. Ou tragique. Ou tragi-comique... Edito.
Résumons. En moins de trois jours, la hausse des taxes sur l'essence et le gasoil est passée de fermement maintenue ("on garde le cap", ce n'est pas la rue qui décide, respect des institutions, toussa) à une suspension de 6 mois (ils ont quand même l'air vraiment très en colère...), puis à une annulation pure et simple... en tout cas dans l'immédiat (la mesure ne sera pas inscrite au projet de loi de finances 2019 actuellement débattu au Parlement).
Hier, craignant que le mouvement des Gilets jaunes ne se radicalise ce samedi 8 décembre, notamment à Paris, le président de la République a pris de court son premier ministre et l'ensemble du gouvernement : alors que Édouard Philippe avait passé l'après-midi à expliquer sur tous les tons qu'il ne s'agissait en aucun cas d'une suppression mais d'une simple tentative d'apaisement, Emmanuel Macron a soudain fait savoir dans la soirée que l'augmentation de taxes sur l'essence était... annulée (pour 2019) !
Ce matin, les éléments de langage de l’Élysée - repris notamment dans Libération, Le Figaro, Le Parisien et Le Journal du Dimanche – nous prient de croire que si cette décision n'a pas été prise plus tôt, c'est à cause du grand méchant Édouard Philippe, celui-là même qui tenait à faire rouler automobilistes et motards à 80 km/h quelles que soient les conditions de circulation pour mieux les taxer protéger.
A en croire l’Élysée, Emmanuel Macron aurait même voulu la supprimer dès mardi dernier, mais "le premier ministre a réussi in extremis à le convaincre de ne pas annoncer de pause fiscale", assurent nos confrères...
Sauf que d'après les informations du Canard Enchaîné... ce serait exactement l'inverse : Edouard Philippe se serait donné "beaucoup de mal pour faire bouger l'Élysée", mais "le président est arc-bouté sur ses positions" et "ne veut pas donner l'impression de reculer devant l'obstacle", indique le palmipède ! Bref, c'est pas moi c'est lui et c'est celui qui dit qui y est.
Selon une "information Europe 1", le président de la République aurait même souhaité annuler la limitation à 80km/h et remettre la vitesse à 90 km/h sur les routes pour calmer les automobilistes... Selon nos propres informations MNC, il aurait également voulu annuler la maladie, le chômage, la faim dans le monde et la guerre (en cours de vérification : restez connectés !)
Qui croire ? Pamela Anderson, dans un rôle d'observatrice politique et sociale qu'on ne lui connaissait pas (honte sur nous), a pris position en faveur des Gilets jaunes en soulignant que les vraies violences n'étaient peut-être pas les plus visibles et médiatisées...
"Je méprise la violence, mais quelle est la violence de ces gens qui brûlent des voitures de luxe (pas seulement, NDLR) par rapport à la violence structurelle des élites françaises et mondiales", s'interroge l'actrice d'Alerte à Malibu (Baywatch), une série phare des années 90. "La vraie question est de savoir si la désobéissance civile peut s'avérer constructive : qu'est ce qui vient après ? Est-ce que les progressistes peuvent, en France et dans le monde entier, se servir de cette énergie pour qu'au lieu d'avoir des images de violence, on puisse construire des sociétés juste et équitables ?"
Enfin pour faire bonne mesure, le ministre des finances Bruno Le Maire assure ce matin dans Challenges que le gouvernement compte bien taxer les "Gafas" dès 2019, avec ou sans l'accord de l'Europe.
On sait en effet que grâce à des montages juridiques parfaitement légaux, les géants mondiaux tels que Google, Apple, Facebook et Amazon (GAFA) et d'autres comme Microsoft ou Starbucks ne payent pas d'impôt en France, alors que les petites boîtes comme votre boulanger ou votre Journal moto du Net se font copieusement assaisonner au moindre retard...
Sur le terrain, l'annonce de cette suppression des hausses de taxes en 2019 ne semble pas avoir eu l'effet escompté. Pour l'Acte 4 prévu ce samedi 8 décembre, la FFMC 34 et la FFMC 30, "en collaboration avec les Motards Jaunes des deux départements", maintiennent leur rendez-vous sur le parking du Zénith de Montpellier à 19h00 pour un départ un peu avant 20h00.
"Les gilets jaunes des provinces éloignées n'ont pas les moyens de monter à la capitale pour porter leurs messages de colère et de détresse", explique l'antenne locale de la Fédération française des motards en colère. "Un moyen nous est offert, délivrer nos revendications auprès des hommes qui sont susceptibles de se faire écouter par le pouvoir actuel, qui après une surdité effarante commence à ouvrir en grand ses oreilles, profitons en".
Dans l'Yonne, un "départ groupé de Sens est prévu à 7h30 pour rejoindre le départ du cortège à Auxerre" dans le cadre d'une manifestation de "soutien aux Gilets jaunes", indique la FFMC 89.
Dans le Jura, "une nouvelle manifestation de motards est organisée samedi 8 décembre à Lons-le-Saunier (300 motos le week-end dernier, NDLR) en soutien aux Gilets jaunes", annonce la FFMC 39 en rappelant que "fidèle à ses décisions et à l’engagement pris avec les organisateurs, elle ne sera pas présente en tant qu’association à cette manifestation, mais comme la semaine dernière, appelle tous les motards qui se reconnaissent dans les revendications des Gilets jaunes à agir et à participer dans le calme à ce rassemblement".
Même à Paris, où la FFMC Paris Petite Ceinture (PPC) s'était d'abord montrée réservée face aux Gilets jaunes en raison du "manque d'interlocuteurs du mouvement", de la "récupération politique dont il a été victime" et de ses "revendications imprécises", les choses ont évolué.
"Face à un gouvernement méprisant, aux mensonges sous prétexte d’écologie, à un président qui ne daigne même pas reporter ses déplacements alors que la France brûle et que bon nombre de nos concitoyens ne peuvent même plus vivre décemment, les FFMC de Paris et d'Ile de France soutiennent officiellement le mouvement des Gilets jaunes et appellent à les rejoindre sur toutes leurs opérations et leurs manifestations citoyennes", annoncent les antennes locales.
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