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TÉMOIGNAGE
Paris, le 19 octobre 2017

Le Moto Tour de Nick Ayrton, vainqueur en Classiques

Le Moto Tour de Nick Ayrton, vainqueur en Classiques

Ze païlote : Nick Ayrton (un vieux, et un anglais par-dessus le marché !)... Ze brèle : une Suzuki GSX-R 1100 de 1986 (une vieille aussi, donc). Un duo très "Classique" qui s'offre la victoire dans la catégorie du même nom, au terme d'un Moto Tour 2017 qui sera le dernier sous cette forme. Témoignage.

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Après avoir raté les deux dernières éditions, la faute à trop de blessures et pas assez de budget, me voilà de retour sur le Moto Tour ! C'est mon douzième (un vieux de la vieille, je vous dis). Je ne prends pourtant pas le départ de cette 14ème édition très confiant, souffrant depuis plusieurs semaines d'intenses douleurs dans la nuque et le bras gauche... Je n'ai pas roulé depuis le Rallye du Dourdou en juillet et les reconnaissances des spéciales qu'on va parcourir cette semaine sont quasi nulles, se limitant à quelques passages en camping-car dans celles situées près de Limoges.

Cette année, c'est sous les couleurs de Moto-Net.Com que je pose les roues sur le prologue à Limoges, un prologue par ailleurs un peu dingue au coeur de la ville sur ce qui est normalement une piste d'initiation à la sécurité routière : 150 mètres maximum de long, large d'à peu près deux baguettes de pain, le tout avec un 1100 et des pneus froids...

Tout le monde me met en garde et me dit de faire gaffe, que "c'est juste le prologue qui détermine l'ordre de départ de demain". Y a rien à gagner, beaucoup à perdre. Mais voilà, il y a aussi pas mal de monde venu profiter de l'ambiance et du spectacle... C'est donc fidèle à moi-même que je pars à fond, je fais le spectacle et finis à la 15ème place. Quel débile, ce vieux ! En plus, à cause de moi, il va falloir qu'on se lève tôt demain...

Vous êtes prêts ? C'est parti pour mon "Retour sur le Moto Tour 2017" !

Premier jour... et premier réveil !

Premier réveil à 5h30 : c'est vraiment tôt ! Que celui qui pensait que le Moto Tour ce n'était qu'une semaine de vacances entre potes se ravise : c'est pas une thalasso, ni le festival de la grasse mat'... Il fait froid et humide, mais on a signé pour se lever tôt et rouler, même quand on aurait préféré pouvoir rester bien au chaud dans son lit.

La première liaison de nuit me permet de savoir que mes nouveaux phares à led, achetés sur eBay, sont top moumoute ! Nous voilà au départ de la première spéciale, Saint-Sulpice Laurière : il fait encore un peu sombre, c'est mouillé et plein de graviers. L'idéal pour se mettre par terre quoi, et c'est justement ce que va faire Julien Toniutti dès les premiers virages...

Effectivement c'est glissant, très glissant, mais avec (grâce à ?!) mes 20 ans d'expérience de rallye, je m'en tire pas si mal : 16ème temps ! Petite boucle de liaison et on revient à la même spéciale, de jour cette fois ci. La route est un peu moins mouillée, mais ça reste délicat.

Le Moto Tour de Nick Ayrton, vainqueur en Classiques

Les troisièmes et quatrième spéciales du jour se dérouleront sur la piste de karting de Pageas, mouillée elle aussi ! Un tour chacun de reconnaissance, c'est peu... Tout le monde se demande si le bitume tient... ou pas ! Eh ben après une quinzaine de chutes (quasiment toutes sans gravité, notamment pour Sonia Barbot, Mathieu Bruneau, Paul Fellicelli ou encore Kevin Cheylan), je crois qu'on a la réponse... A ce petit jeu, une mention tout particulière pour Stéphane Gueguin : le bougre nous a vendu du rêve avec sa superbe Cagiva Mito, genou par terre au premier virage... au deuxième virage c'était genou, puis épaule, puis airbag par terre : chapeau l'artiste !

A la fin de cette journée, malgré des conditions difficiles, je finis 12 au scratch, 1er Classique et... 1er Vétéran ! Sur le podium des différentes catégories on ne retrouve quasiment que des rallymen (et woman) du Championnat de France.

Deuxième jour : 320 km et 3 spéciales entre Limoges et Evaux Les Bains

Un peu moins tôt ce matin, on part pour les spéciales de Saint-Goussaud (x1) et de La Serre-Bussière-Vieille (x2). Comme hier matin, la première spéciale de la journée était bien mouillée avec, en prime, pas mal de châtaignes sur la route : j'aime bien les châtaignes, mais je les préfère grillées dans la cheminée à Noël que sous mes roues au Moto Tour. Résultat : une prise de risques minimale et un 18ème temps à la clé.

Dans la liaison vers Evaux, la route commence enfin à sécher mais c'est aussi là que mes douleurs se sont vraiment fait sentir (les efforts de la veille ?)... J'ai bien cru que je n'allais pas arriver dans les temps, ayant été obligé de m'arrêter plusieurs fois à cause de la douleur. Mon manque de reconnaissances aussi commence à se faire sentir avec un 25ème temps au premier passage dans la spéciale de La Serre-Bussière-Vieille. C'est à coups d'antalgiques (ma sacoche s'est transformée en une vraie pharmacie ambulante) que je rallie la troisième et dernière spéciale de la journée et tant bien que mal, je réussis à y faire le 32ème temps. Une liaison courte, mais interminable pour moi, et c'est l'arrivée... ouf !

Bilan : 23ème au scratch de la journée, premier classique pour 3 petites secondes. Je me retrouve 15ème au classement général. Pour se détendre après cette journée, quoi de mieux qu'un petit moment entre copains ? Je vous reparlerai plus tard du team Moto-Net/Antidotes Racing... en attendant, on file tous profiter du concert organisé au camion Bihr, avec un groupe du coin. Du vieux rock, quelques pas de danse, une bonne ambiance, les ingrédients de base d'une bonne soirée sur le Moto Tour !

Troisième jour : 401 km et 6 (six !) spéciales autour d'Evaux-les-Bains

Aujourd'hui, avec six spéciales prévues, je crois bien que c'est la journée la plus remplie depuis les débuts du Moto Tour en 2003 ! Deux spéciales sont au programme de cette troisième journée : Chambonchard et Evaux-les-Bains, avec trois passages dans chacune.

7h45 : départ matinal pour ce qui sera une superbe journée sous le soleil. Chambonchard est une spéciale connue, on l'a déjà faite lors du fameux Ultimate Rally en 2009. C'est une spéciale super rapide, typée course de côte, très large et avec un bon bitume. On va s'y régaler toute la journée ! Evaux-les-Bains quant à elle est une spéciale dans laquelle je ne suis passé que deux fois en reco avec mon ami et coach, Pierrot. Ce n'est pas assez pour une spéciale aussi rapide et étroite...

Le Moto Tour de Nick Ayrton, vainqueur en Classiques

Une particularité dans la liaison : le Moto Club et la municipalité de Gouzon ont invité tous les pilotes du Moto Tour pour un super repas : Merci ! Niveau spéciales, je navigue entre les 18ème et 28ème places ; c'est là qu'on se rend compte des progrès effectués sur les motos, surtout ces 5/8 dernières années : ma GSX-R de 31 ans (et plus de 100 courses au compteur !) tient bien le pavé et est toujours aussi vaillante niveau puissance, mais dès qu'on roule sur le sec avec de bonnes conditions elle accuse, malgré tout, le coup face aux jeunettes...

Bilan de la journée : 23ème scratch et premier classique, mais je rétrograde d'une place au classement général. Je suis maintenant 16ème.

Quatrième jour : 360 km entre Evaux-les-Bains et Issoire

Avant de prendre la route en direction d'Issoire, on refait la spéciale de La Serre-Bussière que l'on a déjà faite lundi, mais cette fois c'est sec (et y a moins de châtaignes) ! Pourtant, malgré ces conditions bien meilleures que lundi, je finis avec le 39ème temps et avec un chrono une seconde plus lent que lorsque la route était humide... Je ne comprends pas trop, mais c'est comme ça. On entame la superbe liaison vers Issoire, durant laquelle j'ai pu rouler avec mes amis du Championnat Julien, Thierry, Jacques... On en a profité pour bien admirer les paysages auvergnats avant de rejoindre Montaigut le Blanc ;-)

Montaigut le Blanc est une spéciale que je n'avais absolument pas reconnue. Je ne l'avais même pas regardée en vidéo... J'ai demandé à Johan, un pilote du championnat, venu sur le Moto Tour en commissaire avec sa fille (c'est ça l'esprit rallye !) à quoi elle pouvait bien ressembler ? Il me répond qu'il y a "trois virages serrés et tout le reste c'est à fond"... Eh ben mon Yo, il n'y en avait pas trois, mais quatre des virages serrés ! Chaud, chaud quand on ne connaît pas du tout : j'y claque par deux fois le 29ème temps.

Le Moto Tour de Nick Ayrton, vainqueur en Classiques

Ce quatrième jour est celui où j'ai le moins bien roulé et je le savais d'avance, vu mon manque de reconnaissances et mon manque de motivation : mon assistante de choc a lâchement abandonné son poste pour rentrer chez elle se reposer, prendre un douche et laver ses culottes ;-) Heureusement, son retour est prévu en fin de semaine : de quoi se motiver pour la journée circuit et surtout la journée marathon ! En attendant, mon assistance reprogramme le traction control de Suzy... Affaire à suivre !

Bilan de la journée : 32ème scratch, 2ème en classique et 18ème au scratch général.

Cinquième jour : 140 km sur le circuit d'Issoire avec une course de vitesse et une endurance

Avant cette journée 100% circuit, avec Pierrot et Eric embarqués comme à l'accoutumée dans cette folle aventure qu'est le Moto Tour, on change les pneus ! En partant ce matin, avec les Continental neufs, c'est magique : j'ai l'impression d'avoir tout changé ! Where is Suzy ? Mon vieux GSX-R aurait-il été remplacé pendant la nuit ?! Je ne roule qu'avec des Conti depuis plusieurs années, je les connais et les aime beaucoup, ils sont superbes, très bon grip, jour/nuit/mouillé/sec, aucune différence et en plus ils chauffent très vite, ce qui est super important en rallye routier. Merci pour leur implication sur ce Moto Tour !

[Minute nostalgie] Je n'ai pas revu le circuit d'Issoire depuis le Moto Tour 2003 avec messieurs Read, Sarron, Nuques, Bonhuil, Sébileau, Almaric, Husson, Gouzot, Delaval, Troussard, etc. Ca reste un grand et beau souvenir de ma vie de motard d'être sur la grille avec ces mecs-là ! Pour moi, c'est l'une des choses qui différencie le Moto Tour des autres compétitions : le motard lambda (pour ne pas dire le poireau moyen) peut avec un minimum de préparation côtoyer les "professionnels", les "Top Gun" de la discipline, simplement, sans prise de tête... Il n'y a pas beaucoup de compétitions où c'est le cas !

Mais revenons à 2017 : on roule désormais par catégories sur circuit. Je m'apprête donc à rouler avec un peu moins de concurrents qu'à l'époque. Les réflexes sont peut-être un peu moins vifs, mais je gagne haut la main mes séries. Il faut dire que mon concurrent direct, Augustin de Chassy sur son Kawasaki ZX 1100 "flambant neuf" (il ne date que de 1984 !), n'avait jamais mis ses roues sur circuit auparavant.

Le Moto Tour de Nick Ayrton, vainqueur en Classiques

Augustin De Chassy, mon "adversaire" en classiques...

Je suis assez content de ma 21ème place de la journée, mais un peu déçu de ne pas avoir pu rouler avec les machines rapides présentes dans les autres séries et en haut du classement général. Comme je roulais tout seul, sans lièvre devant moi, c'était un peu comme une séance d'entraînement, sans pression ni objectif. Je suis sûr que si j'avais roulé avec les autres, j'aurais pu gratter quelques places supplémentaires.

Le Moto Tour de Nick Ayrton, vainqueur en Classiques

Au final je perds même deux places au scratch général et me retrouve 21ème à l'issue de cette journée.

Pour couronner le tout, ayant voulu monter les bracelets pour cette journée circuit, je me retrouve à avoir super mal à l'épaule. Les 80 bornes de liaison pour rentrer du circuit n'arrangeront rien (et toujours pas de masseuse en vue à l'arrivée au paddock... Elle a dû programmer sa machine à laver en cycle long)...

Le Moto Tour de Nick Ayrton, vainqueur en Classiques

On se débrouillera comme on peut, malgré la douleur, un cacheton dans une main, une tisane "nuit calme" dans l'autre, pour préparer la moto en vue de la journée marathon qui nous attend le lendemain. La nuit sera courte, le réveil promet d'être piquant... Il ne fera pas jour à l'heure de récupérer nos cartons de pointage. Direction Toulon !

Sixième jour : 741 km (gloups !) axés sur la navigation et la régularité

C'est la veille au soir (le jeudi donc) que mon ami Éric se voit confier la responsabilité de faire le roadbook, distribué à la dernière minute par l'organisation. Couper, coller... La tâche n'est pas facile : faut pas que le roadbook casse au fur et à mesure qu'on le déroule et il faut surtout noter toutes les stations essence présentes sur l'itinéraire prévu... Eh oui, mon vieux Gex est gourmand !

Jeudi soir on prendra aussi le temps de remonter les phares additionnels : rappelez-vous, le départ est prévu à 4h55... et 30 secondes ! Coté pneumatiques, on monte à l'arrière un vieux pneu tout sec : je vais quand même pas user mon pneu neuf sur cette longue journée de route, non mais ! Ceci aura son importance plus tard... restez attentifs !

Il ne faisait pas bien chaud ce matin au départ de cette première longue liaison mais tout va (presque) bien : comme tout vieux motard qui se respecte, j'ai enfin craqué pour des poignées chauffantes... on y vient tous, plus ou moins tard, vous verrez !

Après cette première liaison, on arrive au départ de la première base chrono. Une base chrono, kesako ? C'est tout ce que tout rallyman qui se respecte déteste... Vous connaissez le principe d'une spéciale, cette route fermée sur laquelle il faut rouler le plus vite possible ? Eh bien une base chrono, c'est tout l'inverse : la route est ouverte à la circulation et le but n'est pas d'aller vite, mais de respecter au mieux une moyenne horaire imposée de 55 km/h en principe.

Jusque-là, vous me suivez ? Bien, parce que c'est pas tout. Une base chrono, on en connaît le point de départ, mais pas la longueur. Vous devez donc parcourir une distance inconnue, en respectant une moyenne horaire connue et en faisant gaffe à ne pas jardiner en vous trompant dans la lecture du road book... Si vous avez tout suivi, c'est parti !

La première base chrono de la journée, située à Cheylard-l'Evêque, faisait 8,9 km de long. Il fallait donc la parcourir dans le temps idéal de 12 minutes et 3 secondes. Je la ferai pour ma part en 11 mn et 53secondes, donc à 10 secondes du temps idéal. Petite subtilité du règlement concernant les bases chronos : les pénalités encourues en cas d'écart entre le temps réalisé et le temps idéal sont divisées par dix : j'écope donc d'une seconde de pénalité.

Depuis une quinzaine d'années que je fais du rallye et des bases chrono, j'en ai gagnées plusieurs, mais j'ai aussi fini bon dernier quelques fois. Eh ohhhhhh réveilles-toi : c'est nul les bases chrono, ça ne sert à rien et j'aime pas ça ! Et pourtant, une deuxième nous attend un peu plus loin sur le parcours. Entre les deux, un de nos mécanos du Team Antidotes, Pierrick, nous ravitaille en pleine cambrousse... Je ne sais toujours pas comment il est arrivé au point convenu en même temps que nous : bravo !

Pour vous convaincre que les BC ça ne sert à rien, attendez de lire ce que la deuxième de la journée nous réservait : elle était située au Mont Ventoux et faisait 44 km de long. D'un ennui mortel, j'ai failli me faire doubler par un vélo en descente ! Il fallait parcourir les 44 km et quelques en 49 minutes et 51 secondes, je ferai le 13ème temps en 50 minutes et 4 secondes. 50 minutes frustrantes. Le seul moment où j'ai franchement rigolé, c'est quand David Sainjon - un autre membre du team qui roule en relais avec Laurent Guinot parce que c'est trop fatigant de tout faire tout seul, LOL - m'a doublé alors qu'il était parti au moins 4 minutes devant moi... Genou à terre, il n'était sûrement pas à 55 km/h en ce moment-là !

Après, il ne nous restait "que" 360 kilomètres à faire, tranquilou, pour rejoindre Toulon et la plage du Mourillon. Enfin, en théorie... Car après avoir roulé un peu avec les potes du Championnat et notamment Jacques Grandjean (avec qui on se relayait pour nous préserver un peu de la fatigue) et Dimitri, un de mes fans fidèles depuis 20 ans, on arrive 100 km plus loin en haut d'un col particulièrement bosselé. En bons touristes, on s'arrête pour faire des photos.

Le Moto Tour de Nick Ayrton, vainqueur en Classiques

Quelques randonneurs nous interpellent et nous demandent ce qu'on fait comme course ? On roule toujours seul ? Combien de kilomètres nous attendent ? Des questions habituelles, mais un intérêt du grand public qui fait plaisir...

Puis arrive ce randonneur, qui regarde ma moto fixement. Je la regarde avec lui et remarque que, oui, oui oui, j'ai bel et bien perdu l'écrou de la roue arrière et que l'axe sort d'au moins 8 centimètres... Vous vous rappelez tout à l'heure, quand je vous disais que je ne voulais pas rouler avec mon pneu neuf pour la journée marathon ? Eh ben dans la précipitation, l'un des mécanos du team a dû mal resserrer l'écrou ! Je ne lui en veux pas, les conneries ça arrive et c'était à moi de tout vérifier.

Les copains qui arrivent les uns après les autres me passent quelques outils, notamment Christophe Boudier qui avait 2 mètres de fil de fer planqué au fond de son panier : merci, on peut toujours compter sur les side-caristes ! Les copains repartent pour leur liaison, pas de temps à perdre, je bricole comme je peux, un tendeur par ci, un rouleau de scotch américain par là... Si tu me crois pas, regarde un peu ça !

Le Moto Tour de Nick Ayrton, vainqueur en Classiques

Le Moto Tour de Nick Ayrton, vainqueur en Classiques

Je finis par reprendre la route moi aussi, un motard lambda me suit quelques kilomètres à vitesse réduite pour bien constater que la roue arrière, eh ben elle bouge pas mal... Ça va être dur de faire les 260 km restants comme ça ! Eric Fortin (et Brigitte, sa moto) me rejoignent pour quelques kilomètres, mais au bout d'un moment je lui fais signe de passer : je ne roule pas assez vite et je m'arrête tous les 3 à 5 kilomètres pour repousser l'axe...

Au bout d'un moment, je finis par trouver THE technique pour rouler à une vitesse presque normale. Ça s'appelle "serrer les fesses et freiner en permanence" : j'ai remarqué que quand j'accélère et freine en même temps, la moto est plus stable... Mais c'est pas tout, le temps passe vite et il me reste encore 200 bornes ! Huuuum, si j'ai besoin de chercher une station-service, c'est mort je n'arriverai pas dans les temps.

Soudain, au détour d'un virage, qui vois-je ? Pierrick ! Il avait calculé que ce serait bien plus facile de se ravitailler là que dans une station... Waouh, presque sauvé ! Le reste de la route se passe tant bien que mal, le fessier toujours bien serré, les kilomètres descendent, je crois même bon de me paumer en plein campagne...

Ce que j'avais oublié c'est que les bouchons, un vendredi soir à Toulon, c'est infernal : j'arrive au CH du Mourillon avec 8 secondes d'avance sur mon horaire limite de pointage ! Je passe le tapis et jette la moto par terre, j'en peux plus. Les copains applaudissent. Je suis bien content de voir que Zanussi a enfin fini de tourner... et que ma masseuse est revenue! (j'ai rien contre les mains de Pierrot, mais là j'ai besoin d'un peu de douceur !)

Le Moto Tour de Nick Ayrton, vainqueur en Classiques

Bilan de la journée : je termine épuisé après cette journée marathon qui a bien porté son nom. J'ai complètement oublié de regarder les classements des bases chrono, trop absorbé par le reste... Ah si, je viens de le faire : je finis 7ème scratch de la journée... c'est peut-être pas si mal les bases chronos, finalement ?! J'ai même gagné une place au scratch général, 19ème. Si j'ai souffert, Suzy, ma belle, n'est pas en reste non plus... Les roulements de roue sont morts, tout comme les plaquettes, soudées au piston d'étrier. Mon réconfort aura été d'attacher le mécano qui a oublié de serrer l'écrou, à poils, sur une bite (d'amarrage) dans le port de Toulon. Il doit toujours y être... Je l'ai attaché avec ce qu'il me restait de fil de fer !

Pour ceux qui n'avaient pas remarqué, aujourd'hui on était le vendredi 13 octobre. Sans être superstitieux, je me souviendrai longtemps de cette journée. Mais l'essentiel est fait : j'ai pas gagné à l'Euromillion mais j'ai rallié Toulon et tous les copains de la caravane pour l'ultime étape demain : à l'assaut du Mont Faron !

Septième jour : And God Created The Mont Faron

Septième et dernier jour de ce 14ème Moto Tour... Dernier départ pour l'étape que l'on attend tous, celle qui nous mènera à quatre reprises au sommet du Mont Faron. Sur les quelques 160 km de liaison qui nous attendent, pas de réels pièges : elle ne se déroule quasiment qu'en ville, les temps sont très larges. En restant un minimum attentif, nous y voilà. Au CH du Mont Faron.

Tu ne joues pas avec le Faron, à moins d'être sûr de ce que tu fais (ou complètement cinglé... c'est qu'une question de point de vue). Au niveau sportif, je n'ai pas grand-chose à jouer : en catégorie Classique le titre m'est acquis depuis le circuit, Augustin ne peut pas me rattraper sauf si je tombe. Et autant vous dire que tomber dans le Mont Faron n'est pas une option, entre falaise et ravin... Là-bas, tu vas jusqu'à raccourcir le fil qui attache ton airbag à la moto. Au scratch général non plus, ma place ne peut guère changer : le gars devant a 10 secondes d'avance, le gars derrière 10 secondes de retard, a priori je devrais rester à ma place.

Le Moto Tour de Nick Ayrton, vainqueur en Classiques

Dans mon premier passage, je joue la prudence. Je n'ai pas mis les roues là-bas depuis quatre ans, assez longtemps pour que les racines dégradent un peu plus le bitume et bossellent un peu plus la route. Mais au fur et à mesure de la journée et des passages, je commence à prendre du plaisir, mes trajs sont de mieux en mieux, roues arrière, glissades, et même le saut, le mythique saut du Faron.

3... 2... 1... Dernière montée, dernier kiff ! Et tout d'un coup, voilà qu'en même temps que je passe la cellule d'arrivée, le Moto Tour 2017 est terminé !

Le Moto Tour de Nick Ayrton, vainqueur en Classiques

C'est avec une certaine émotion que je fais le descente du Faron avec Pierrot Moon. Lui aussi avait participé au premier Moto Tour moderne en 2003. On déroule les dernières cases de notre roadbook et les souvenirs de toutes les éditions passées... A chaque feu rouge, on se dit "hey, tu te rappelles de l'année où machin a fait ceci, où bidule a fait cela ?"...

A l'arrivée au Mourillon, une ambiance de fête règne. Beaucoup de spectateurs attendent l'arrivée des pilotes, on s'embrasse, on se prend dans les bras, on sourit comme des bienheureux... et David Sainjon me verse un bouteille de champagne sur la tête (avec modération évidemment, toussa toussa...). Je viens de boucler mon 12ème Moto Tour, heureux et fier d'y être arrivé, comme tous ceux qui passeront la ligne d'arrivée. Du premier au dernier.

Une pensée aussi à tous ceux qui n'y seront pas arrivés. Un Moto Tour c'est long et c'est parfois ingrat, mon fils spirituel en sait désormais quelque chose : Morgan Govignon, pilote au TT, corse à ses heures perdues, amateur de sensations fortes et d'italiennes capricieuses... Après s'être tiré la bourre toute la semaine en 125 avec les autres barges de son acabit du team Motor Spirit Trimax Moto, voilà que son Aprilia 125 (dérivée des GP, si, si !) rend les armes en même temps que son moteur serre dans la troisième montée. Rien n'est jamais ni acquis ni gagné sur ce genre d'épreuve...

Au final, le contrat est rempli pour Moto-Net.Com : arriver entier à Toulon et gagner en catégorie Classique. Avec, cherry on the cake, une belle 19ème place au scratch général (pas mal pour un vieux, tout cassé de partout). Merci à Moto-Net.Com et à Marcus Himself pour leur confiance et pour m'avoir permis de vivre cette belle semaine de moto, de galères et d'aventures.

Le Moto Tour de Nick Ayrton, vainqueur en Classiques

Merci à mon club, la section Rallye de l'ASMACO pour leur soutien. Un énorme big up à toute l'équipe du Moto Tour : les commissaires, les bénévoles, tous ceux qui sacrifient une semaine de leur temps pour nous permettre de vivre notre passion... Enfin, un grand merci au Dr Ludovic et à son équipe, sans qui, je pense, je n'aurais pas pu finir l'épreuve.

Bravo aux autres membres du Team Moto-Net / Antidotes Racing : l'équipage David Sainjon et Laurent Guinot, qui finissent 1er Relais et 13ème scratch, Katy MamyGex et Sylvia qui sont allées au bout d'elles-mêmes et de l'aventure.

Il me reste à remercier tous les assistants indispensables à cette aventure : Pierrot et Éric, les fidèles de la première heure, Amélie mon p'tit panda, Greg et Monique pour leur assistance aux p'tits oignons, Pierrick, Gégé le Corse, Marion, et bien sûr ma masseuse ;-)

Merci à tous ceux qui ont dégainé leur appareil photo aux bons moments !

On passera la soirée en naviguant de barnum en barnum, profiter de l'ambiance, refaire la course et un peu le monde, avec ceux qui ont partagé un peu de notre vie, de nos plaisirs et de nos galères cette semaine. De souvenirs entre vieux briscards en conseils aux p'tits jeunes de la discipline, voilà qu'un minot, trois poils au menton et 20 ans à peine, nous défiera au bras de fer. Il a beau rouler fort, Thierry Boyer, Alain Frattini et moi-même lui rappellerons qu'on ne nous la fait pas... Et qu'il a encore quelques p'tits trucs à apprendre... Bref, la dernière nuit sera courte. Ou longue, c'est selon...

Le Moto Tour de Nick Ayrton, vainqueur en Classiques

Romain Cauquil, 1er 750 et 6ème au scratch général : un futur grand... sauf au bras de fer ;-)

On nous a annoncé que ce 14ème Moto Tour serait sûrement le dernier sous ce format de longue course sur 8 à 10 jours, avec plusieurs villes étapes... Et c'est bien dommage de mon point de vue. Le Moto Tour a fait partie de ma vie si longtemps que maintenant, qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire au mois d'octobre l'année prochaine ? Un petit tour à Toulon en GSX-R ? Suite des aventures sur Moto-Net.Com : stay tuned...

Photos Pierre DERRIEN, Johan DAVAL et Amelie DTL

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