Essai Benelli Tre 899 K: le trail Tre Karactéristique !

Guidon en main, la Tre 899 K se démarque rapidement : nonobstant l'agréable position droite et la bulle réglable sur trois positions via deux molettes judicieusement placées, le confort général de la Benelli se montre bien plus spartiate que sur la Versys ou la TDM.

Pénalisée par un rayon de braquage médiocre, une selle dure et des suspensions à l'avenant, l'italienne n'a rien d'une fleur des villes. D'autant que ses rétroviseurs placés à la même hauteur que ceux des voitures, la rugosité de son moteur et ses dégagements de chaleur pénalisent les déambulations urbaines.

La console de bord mi-analogique (compte-tours et température moteur) mi-digitale (odomètre, vitesse, heure, température extérieure, trip journalier, chrono et jauge à essence), très lisible, suggère un recours aux dernières technologies, mais les amateurs de puces électroniques et d'assistance au pilotage en seront finalement pour leurs frais.

La gestion du freinage - puissant mais peu mordant - est en effet entièrement confiée à la dextérité et la sensibilité de son pilote, tout comme les nombreuses dérives de la roue arrière sur revêtements glissants provoqués par l'incroyable santé du trois-cylindres rital en l'absence d'embrayage anti-dribble et d'anti-patinage !

Griseries à l'ancienne...

Pièce maîtresse de ce détonnant mélange, la motorisation développant 106 ch et 75 Nm de couple est un véritable régal pour les sens : sa sonorité caverneuse et grondante promet déjà son lot de sensations à peine la superbe clé rétractable introduite dans la serrure pour actionner le démarreur !

Dévoilé sur la TNT 899 en 2008, le "3-pattes" de 898 cc reprend exactement les cotes d'alésage et de course (88*49,2 mm) que la toute première Tornado Tre : un bon gage de potentiel en termes de sensations !

Unique constructeur à faire appel à cette architecture moteur avec Triumph, Benelli a certes mis un peu d'eau dans son Chianti pour en adoucir le comportement (par le biais d'une injection peaufinée et de profils d'arbres à cames retravaillés notamment). Le trois-cylindres italien se montre plus démonstratif que son concurrent anglais, mais aussi bien moins docile !

Pour séduire une clientèle plus large, les Triumph Speed et Street Triple modernes ont opté pour une arrivée de puissance importante à tous les régimes, mais dénuée de véritable explosion de puissance dans les tours. Mais le bloc de Pesaro, lui, continue à rejeter toute idée de consensus ou de facilité d'exploitation !

A l'inverse de la production d'Hinckley, la Tre 899 K bougonne et rechigne à la besogne à bas-régimes à cause de son injection calamiteuse et de sa commande d'accélérateur ultra-sensible : même en faisant preuve d'une infinie douceur sur les gaz ou en s'aidant du levier d'embrayage à la fois ferme et peu progressif, les manoeuvres à basse vitesse s'en trouvent cruellement handicapées.

En revanche, une fois passé le cap des 3000 tours, l'italienne envoie un premier bourre-pif réjouissant, doublé d'une série de violents uppercuts depuis 7000 jusqu'aux 11 000 tours du rupteur : un vrai régal pour les amateurs de gros pâté avec de vrais morceaux de caractère dedans !