Essai Benelli Tre 899 K: le trail Tre Karactéristique !

Secondé par une sonorité diabolique - plus l'aiguille du compte-tours s'approche de la zone rouge, plus l'impressionnant grondement gagne en intensité ! -, ce fort tempérament moteur incite naturellement à la débauche : même en sixième à 90 km/h (3500 tr/mn), la Tre 899 K reprend avec suffisamment de vigueur pour transformer chaque promenade dominicale en spéciale de rallye !

Dès lors, la rigueur de la partie cycle se montre une alliée de choix pour taquiner les virolos. D'autant que si les suspensions apparaissent trop réactives sur les bosses en raison de réglages ouvertement sportifs, leur belle cohésion et la précision des informations retransmises au large guidon mettent rapidement en confiance et autorisent des vitesses de passage en courbes... sidérantes !

Pour autant, la Benelli ne se livre pas au premier venu comme un vulgaire brelon de moto-école ! En bonne italienne, la Tre 899 K demande au contraire à son pilote de s'impliquer et de faire corps avec elle : amenez-la du bout des doigts, les fesses serrées, aux abords d'un virage vicieux, et la rigidité de son châssis ainsi que ses réaccélérations délicates à doser du fait des agaçants à-coups d'injection auront tôt fait de mettre l'équipage en difficulté !

Mais si l'on ose la cravacher sans compter, forcer sur son train avant neutre et utiliser sa belle motricité, la Benelli révèle alors un tout autre visage, résolument sportif ! Le plaisir ressenti à faire valoir son autorité pour la placer au point de corde où elle reste scotchée jusqu'à nouvel ordre n'a d'égal que celui éprouvé lorsque la remise des gaz tente d'allonger de quinze bons centimètres les articulations des bras !

Une image à (re)construire...

Monture indocile, la Tre 899 K séduira les motards qui cherchent le plaisir de conduire loin des sensations aseptisées et de l'assistanat de plus en plus présents sur la production moderne .

En ce sens, la Benelli n'est pas sans rappeler la philosophie des anciennes générations de ses voisines de Bologne : des motos vivantes et attachantes, dont les nombreux défauts les ont longtemps cantonnées à un public d'amateurs avertis.

K-aractérielle et addictive, l'italienne souffre d'une injection chaotique et d'une gloutonnerie peu en phase avec l'incontournable prise de conscience écologiste : certes, le débordement d'énergie du moteur incite à mettre du gros gaz en permanence, mais même sans abuser de ses relances "K-atapultesques", la consommation du trois-pattes n'est jamais descendue en dessous des 8 litres aux 100 km durant notre essai !

Sa protection perfectible au niveau des épaules provoque en outre des remous en position haute, tandis que ses aspects pratiques négligés et autres "détails" agaçants (pas d'ergot sur la béquille ni de réglage d'éloignement de l'embrayage, jauge à essence imprécise ou encore défilement fastidieux des informations du tableau de bord via le démarreur) ternissent également le tableau.

En outre, malgré l'apport financier du groupe chinois Qianjiang depuis 2005, le constructeur italien n'a pas encore entièrement résolu ses problèmes de finition : l'énorme fourche inversée, les freins Brembo et le cadre aux soudures léchées en jettent un max, mais l'intégration grossière du faisceau électrique, l'absence de cache sur l'alternateur et l'aspect "usine à gaz" du trois-cylindres en ligne risquent de chagriner les esthètes...

Enfin, avec seulement 35 points de ventes en France et une offre limitée par un positionnement volontairement exclusif, Benelli n'inspire plus la confiance ni l'intérêt d'autrefois : dommage, car à 10590 €, la Tre 899 K constitue une alternative intéressante qui a l'immense mérite de se démarquer de la concurrence...