Déclarations et analyse du Superbike à Aragon

Double vainqueur de l'épreuve d'Aragon en 2013, le "King" Chaz Davies a été contraint de céder son trône dimanche, la Ducati officielle que le Gallois pilote cette saison n'étant pas aussi encline que son ancienne BMW semi-officielle à rentrer très - très ! - fort dans les nombreuses courbes du tracé espagnol.

Les Rouges de Bologne disposaient pourtant d'un excellent rythme sur ce circuit particulièrement exigeant envers leur bicylindre. Calées dans l'aspi des ZX-10R, les Panigale ne leur rendaient que 5 km/h au bout de la longue ligne droite. Forza Testastretta !

Galopant presque aussi vite que les 4-cylindres et négociant les courbes aussi rapidement - si ce n'est plus -, la nouvelle Panigale n°7 - après Checa, Davies ! - a d'ailleurs signé le meilleur chrono de la seconde manche... avant de chuter !

La n°34 pilotée par Davide Giugliano a elle aussi ravi les Tifosis en se battant pour la troisième place de la première manche jusque dans l'ultime section du circuit. Trop ambitieux toutefois, le Romain est également parti à la faute mais a pu relever sa machine pour terminer derrière Jonathan Rea et... Davies Himself !

Cette année, la couronne d'Aragon est coiffée par Tom Sykes, auteur samedi de la Superpole : la 20ème de sa carrière, ce qui le place à une longueur du - seul et unique ? - "King" Carl Fogarty, à six de Troy Bayliss et à 23 (vingt-trois !) de Troy Corser, alias Mister Superpole...

Les Verts devant, les Rouges... juste derrière

Mais son nouveau sacre, Sykes le doit à ses deux victoires décrochées hier. La première, impériale, lui a permis de démontrer que Phillip Island était effectivement un circuit sur lequel il avait du mal, et que ses 7ème et 3ème places obtenues là-bas ne reflétaient pas son réel niveau.

La seconde course s'est montrée fort utile également pour le Ninja anglais, malgré - ou plutôt grâce à ! - un mauvais choix pneumatique de sa part... Seul pilote de pointe à avoir boudé le pneu tendre pour la course du début d'après-midi, le n°1 a tout de même réussi à s'imposer.

Une erreur stratégique en partie due aux bouleversements des programmes du WSBK : afin de ne pas empiéter sur le créneau horaire du MotoGP ou de la Formule Un, le départ de la première course WSBK est désormais donné à 10h30 et le second dès 13h30 !

Dimanche, le warm-up des Superbike a été lancé comme prévu à 8h40, alors que le soleil venait tout juste de se lever sur une piste à 15°C. La température du tarmac n'avait gagné qu'un petit degré au départ de la première manche, mais elle avait doublé (32°C) à celui de la seconde, d'où les hésitations de certains pilotes au moment de sélectionner leur gomme.

Loris Baz, lui, était certain du choix à prendre et s'est permis d'insister auprès de son expérimenté chef mécano Pere Riba pour qu'on chausse sa Ninja de la gomme arrière tendre. Un choix judicieux qui ne lui a toutefois pas permis de gravir la première marche du podium dimanche après-midi.

Deuxième de la première manche derrière l'intouchable Sykes et loin devant le duo infernal Rea et Giugliano, notre adorable "Géant Vert" - sur le podium, Loris dépasse encore Tom "Pouce" pourtant juché sur la première marche ! - semblait pourtant être en mesure de battre son chef de file.

Bazooka, propre et sans bavure

Scotché à la roue du "Number One", voire ralenti dans certaines portions, Bazooka s'est sagement gardé de dégainer dans les premiers tours, ne souhaitant pas commettre de bavure envers son champion du monde de coéquipier...

"C'est une piste sur laquelle je n'ai jamais piloté et elle a l'air sympa", analysait ce matin Troy Bayliss dans sa nouvelle colonne sur le site Sport Review, "mais je pense aussi qu'elle est un peu trop mono trajectoire et qu'il faut prendre des risques pour dépasser, ou lâcher une bombe comme on dit"... ou s'appeler Melandri !

Comme Sylvain Guintoli l'an dernier, Loris Baz repart d'Aragon avec deux deuxièmes places (trois d'affilée !) et 40 points supplémentaires. En les ajoutant à ceux récoltés il y a plus d'un mois en Australie, le Ninja n°76 totalise 71 points : de quoi conserver sa deuxième place au général à quatre points du nouveau leader, Sykes.

Sans qu'il sache encore pourquoi, l'ancien leader "Guinters" déclare avoir été plus handicapé que ses rivaux par les faibles températures dimanche matin. Lors de la seconde manche, Sylvain s'est également montré moins "chaud" que son coéquipier Marco...

Giugliano en première manche, Melandri en seconde : les pilotes italiens ont fait le show hier à Aragon ! Admiré pour ses remontées fantastiques et redouté pour ses attaques sensationnelles, le n°33 du team Aprilia n'a pas failli à sa réputation !

"Marco gagnera des courses", prédit - sans grande prise de risques ! - Troy Bayliss : "il avait l'air bien mieux en deuxième manche et essaiera toujours quelques chose dans les derniers instants". Sur la défensive en première manche car trop en délicatesse avec son pneu arrière, l'ancienne vedette des Grands Prix n'a pas hésité à jouer le tout pour le tout à la fin de la seconde.

À l'attaque !

Or c'est cette attitude agressive qui fait défaut à Sylvain Guintoli. Sans aller jusqu'à faucher son rival en pleine courbe - n'est-ce pas M. Giugiano ?! -, un freinage volontairement tardif, quitte à louper la corde et à élargir, peut déstabiliser mentalement son adversaire et faire la différence !

Jonathan Rea est un autre adepte de cette méthode d'intimidation et a prouvé hier midi qu'elle pouvait s'avérer payante : en poussant à bout Davide Giugliano, le Nord-Irlandais est parvenu à hisser sa CBR1000RR "SP" sur le podium espagnol.

En seconde manche, un mauvais choix de pneu avant a tenu Johnny écarté du groupe de tête. Les risques de le voir se tromper à nouveau de gommes dans deux semaines sont en revanche extrêmement faibles, puisque le n°65 du team Honda Pata roulera à domicile : à Assen !

Le pilote d'origine nord-irlandaise mais batave d'adoption a enregistré ses plus beaux scores aux Pays-Bas, dont un carton plein (50 points) en 2010. "JR" y a gravi depuis quatre podiums en six courses, et les progrès certifiés de sa Fireblade devraient l'aider à jouer de nouveau la gagne au "Dutcth TT".

Actuellement cinquième du classement général avec 48 points (contre 49 pour Melandri, 46 pour Laverty et 43 pour Giugliano), Jonathan Rea compte bien se rapprocher du trio de tête composé de Sykes (75) et de nos deux compatriotes Baz (71) et Guintoli (64) !

Nos deux autres représentants, Fabien Foret et Jérémy Guarnoni, tenteront eux aussi de réaliser un bon week-end à Assen. Avec respectivement 9 et 4 points au compteur, les pilotes Kawasaki (Team Mahi pour l'un, MRS pour l'autre) ne doivent pas laisser filer les leaders de "leur" catégorie Evo : Salom (22 points) et Canepa (16) se trouvent aux portes du Top 10 au scratch...

Pas de moto, pas d'homolo

Nouveaux venus dans cette sous-catégorie Evo, Ayrton Badovini et Christian Iddon espèrent quant à eux que le statut de leur BB3 sera régularisé au plus vite... Car si la machine de Rimini - à moteur de BMW S1000RR - a été acceptée sur la piste, elle n'est pas encore en course "pour de vrai" !

Ainsi, bien que Badovini ait franchi la ligne d'arrivée en 14ème et 12ème position à l'occasion de ses deux premières courses de l'année, il n'a pas inscrit le moindre point et inaugure une nouvelle "catégorie" sur les feuilles de résultat : celle des "sujet à homologation" !

"La Bimota sera engagée dans la catégorie EVO du championnat du monde Superbike avec le Team Alstare de Francis Batta", faisait savoir la Dorna en début de semaine, "mais selon les règles encadrant l’homologation (art. 1.2.2), ne pourra pas marquer de points tant que l’usine n’aura pas produit ses 125 premières unités, un chiffre à atteindre en un maximum de quatre mois".

Bimota arrivera-t-il à produire ses machines à temps ? Rien n'est moins sûr : "notre objectif est de construire 20 motos Evo pour nos clients, qui auront les mêmes caractéristiques que notre propre moto", annonçait hier soir le team manager Francis Batta.

"Nous souhaitons les vendre à 40 000 euros, mais le tarif final dépendra des options sélectionnées par l'acheteur", précise le grand patron de Bimota en World Superbike. "Ces motos seront assemblées dans nos propres ateliers, en Belgique, et nous espérons sortir le premier modèle à partir du 1er septembre".

Fin août justement, les représentants de la FIM et de Dorna WSBK (Charles Hennekam et Gregorio Lavilla) ont prévu de rendre une seconde visite à l'usine Bimota "afin de faire le point sur la situation"... et débloquer le compteur de Badovini et Iddon ? Suspense.

Zéro point, point zéro

Inscrite en catégorie Superbike - en bonne et due forme ! -, la 1190 RX figure dans les classements officiels mais n'a pas encore atteint le Top 15 synonyme de point marqué... Si elle en est encore très loin en termes de chrono (à 20 secondes de Foret, 15ème en deuxième manche), elle l'est moins au niveau du classement (17ème) !

Moins performant que MV Agusta ou même Bimota, le constructeur EBR (Erik Buell Racing) rappelle sur sa page Facebook que le défi dans lequel ses deux pilotes Aaron Yates et Geoff May se sont projetés corps et âmes est "vraiment, vraiment ardu".

"Ils se lancent dans des qualifications contre les meilleurs pilotes mondiaux sur des pistes qu'ils n'ont vues qu'en vidéo ou parcourues à pied, sur une moto que personne n'a jamais pilotée sur ces circuits, donc sans aucune référence". Cela doit imposer le respect, non ?

"Mais attention, il ne s'agit pas de dire qu'Aaron et Geoff sont à plaindre ou défavorisés", remarquent les Américains dont la machine rend - tout de même ! - environ 30 km/h en vitesse max aux meilleures motos du plateau ! "Nous sommes ravis d'être là où nous sommes ! "

Prochaine "épreuve" pour les n°20 et 99 - et tous les autres ! - du championnat du monde 2014 de Superbike : le 27 avril à Assen. A suivre bien sûr en priorité sur MNC : restez connectés !