Retranscription du tchat qui a eu lieu le 2 octobre 2007 à 11h00 en direct du stand Moto-Net.Com au Mondial du 2 roues 2007 : l'après-compétition, projets, préparation du Dakar... David Frétigné, multiple champion d'Enduro, a répondu à vos questions.
Question de catherine : Pourquoi y'a-t-il si peu de femmes en enduro ?
D.F. : Bonjour à tous ! L'enduro est une discipline encore méconnue du monde féminin, mais s'ouvre de plus en plus car on s'aperçoit que de plus en plus de femmes viennent sur les enduros, en tant que participantes et aussi en spectatrices. C'est aussi une discipline qui demande beaucoup de force physique, et peut-être que ça leur fait encore un peu peur...
Question de Katoche : Bonjour David et Bonjour Moto-Net. Je crois que tu organises des randos et des stages. On sait que certains organisateurs de rando, déboulent dans les chemins en groupe beaucoup trop important, avec des motos trop bruyantes, avec des GPS et sans se préoccuper de savoir si la zone est une zone sensible. Comme ils ne sont pas de la région, voire viennent d'autres pays d'Europe, ils se moquent des conséquences. Fut un moment on parlait beaucoup d'un label qualité, attribué aux organisateurs de randonnées "sérieux". Qu'en penses-tu, et sais tu où en est le projet ?
D.F. : Je pense qu'un label de qualité est envisageable, mais il ne faudrait pas que ce soit trop contraignant pour l'organisateur car ce sont souvent de toutes petites structures qui pourraient manquer de temps pour pouvoir organiser leurs randos ou leurs stages. A titre perso, j'organise en effet plutôt des stages que des randonnées, qui se déroulent sur un domaine privé où se trouvent toutes les difficultés de l'enduro. Et surtout, les spéciales banderolées et les spéciales en ligne ! ! ! Ce qui simplifie tous ces problèmes d'environnement. C'est plutôt ma vision de travailler sur des zones privées plutôt que d'organiser du sauvage sans organisation, ce qui à terme n'a aucun avenir.
Question de Lucy in the sky : A ton avis David, les crosseux et enduristes sont-ils encore les parents pauvres du sport moto dans les médias, comparés aux prestigieux pilotes de GP ou de SBK ? Comment peut-on faire évoluer les mentalités ?
D.F. : Les parents pauvres, c'est quand même un grand mot ! C'est vrai qu'il y a beaucoup moins de médias sur l'enduro, mais il est vrai que la discipline est compliquée à suivre et à comprendre... Ce qui pénalise forcément les moyens de communication. La solution serait de réduire les parcours, avec plus de spéciales, d'indiquer les résultats aux spectateurs, mais surtout aussi de fournir aux spectateurs une sorte de plan de fonctionnement du déroulement de l'épreuve. Ils ne savent pas toujours où et quand il faut aller pour voir passer les pilotes. Le parcours est fait pour les pilotes, mais malheureusement pas assez pensé pour les spectateurs...
Question de el mosquito : Comment es-tu devenu pilote peux-tu nous raconter tes débuts ?
D.F. : Mon père faisait de la moto et je suis tombé dedans tout petit ! Malheureusement il n'était pas très chaud, mais en le bassinant suffisamment j'ai réussi à démarrer en cross à l'âge de 14 ans. Puis j'ai rapidement participé à des championnats de ligue, que j'ai gagnés, donc ça m'a donné l'idée d'aller en Championnat de France... Et après c'était parti : Junior en MX, vice champion d'Europe en MX, accident à Cussac (Limousin) avec arrêt de la compétition pendant 2 ans, puis retour à la course avec l'Enduro !
Question de nuagisime : Bonjour. C'est peux être indiscret : combien de chutes depuis vos début dans la compétition ?
D.F. : Impossible : je ne les ai pas comptées ! Mais je touche du bois, je ne me suis jamais vraiment fait mal. Même mes 2 ans d'arrêt, c'est rien par rapport à ma carrière. Quand je me lève le matin, je ne prends pas d'anti-inflammatoires !
Question de lolo : Salut ! Comment trouves-tu le Salon cette année ?
D.F. : J'arrive tout juste, je pourrai en parler d'ici quelques heures !
Question de yorik19 : Salutations motardes. David, quels conseils pour un jeune qui souhaite débuter l'enduro ou le moto-cross ?
D.F. : D'abord s'inscrire rapidement dans un moto club qui offre un encadrement pour les jeunes, ou se diriger vers des écoles pour faire des stages de pilotage, apprendre les bases de la moto, les éléments de sécurité, etc. Et aussi faire des économies pour acheter sa moto ! Souvent les gens font un peu n'importe quoi et ça leur coûte très cher, alors que ce n'est pas toujours justifié !
Question de el mosquito : As-tu un métier à côté de ta vie de pilote ou gagnes-tu ta vie uniquement avec les courses ?
D.F. : Non c'est mon seul métier et j'en vis pour l'instant !
Question de carambar2000 : Salut David. J'espère que tu ne vas pas trouver ma question indiscrète mais comment un pilote tel que toi, qui a une carrière sportive bien remplie gagne sa vie ? Et surtout après la compétition ?
D.F. : Après la compétition (je repars aujourd'hui à 100% sur les rallyes raids avec le prochain Dakar), je me régale aussi avec la formation pour les jeunes en leur apportant ce que je n'ai pas eu au départ. Et encore, à mon époque on était plus indépendant et autonome, aujourd'hui il faut tout leur apporter ! Donc je continuerai à proposer des stages en plus de ma nouvelle carrière de pilote rallye raid. Par ailleurs personne ne le sait, mais je suis aussi pilote de développement chez Michelin. Ca me permet de travailler à la fois pour mes propres pneus pour gagner, mais surtout d'apporter à l'ensemble des utilisateurs les pneus vraiment adaptés à une utilisation Enduro.
Question de mimosa2lille : Soutiens-tu le Codever ?
D.F. : Oui, et j'ai justement rendez-vous avec eux tout à l'heure ! Je suis bien sûr très sensible à tous ces problèmes d'environnement et de pratique du tout-terrain en bonne intelligence avec les riverains et autres usagers !
Question de adash : Hi ! Pratiques-tu la moto sur route ?
D.F. : Non ! Par manque de temps, tout simplement... Mais j'espère un jour pouvoir profiter différemment des plaisirs du deux-roues ! Mais en fait je ne suis pas très attiré par la route : je suis avant tout un pilote et je me sens frustré en roulant sur route car je n'ai pas toutes les sensations que je recherche en compétition. Mais j'adore la moto et j'avais encore l'an dernier un 900 TDM à la maison !
Question de inzeplace : Hello David ! Depuis quatre ans ta participation en rallye raid et surtout au Dakar semble prendre le dessus sur l'enduro. Pourquoi ? Tu ne t'éclates plus assez en enduro ?
D.F. : Le Dakar était un de mes objectifs principaux, avant même de commencer l'enduro ! C'est vrai qu'aujourd'hui je prends plus la direction du rallye raid, en enduro j'ai vraiment tout gagné et j'arrive à une période de ma vie où l'âge fait que je suis forcément moins performant. Mais le plaisir y est toujours, et c'est pour ça que je souhaite continuer l'enduro car cette discipline me procure beaucoup de sensations, celles de la liberté !
Question de bill boquet : Sur le WEC (world enduro championship) 2007, on a bien vu qu'il y a en France de très bons pilotes, qui ont la capacité de devenir champion du Monde. A Noirétable on a bien vu qu'il n'y a pas de gros team français. Qu'est-ce qui manque à ton avis pour avoir des gros teams français avec des pilotes français ?
D.F. : Il manque tout simplement un David Frétigné ! ! ! Sérieusement, c'est l'un de mes projets : monter un team français... J'ai même chiffré le projet, mais ça paraît complètement délirant : il faut compter 300 000 euros... A suivre... J'ai vraiment eu la même sensation que toi à Noirétable...
Question de tractacus : Salut. Je pratique l'enduro depuis quelques temps, je voulais savoir si vous aviez des astuces pour votre préparation. Pensez-vous que la pratique quotidienne d'un art martial ou d'une discipline de relaxation comme le yoga puisse aider par exemple ?
D.F. : Moi je fais du sport depuis toujours. Beaucoup de VTT, vélo de route et course à pied dans les bois, tout ce qui se rapproche de ma discipline. Et je pratique énormément la moto en variant les sorties : cross, trial, technique enduro, franchissements... De manière régulière. Et surtout une hygiène de vie irréprochable, super bien dormir, nourriture de qualité et équilibrée, je n'ai jamais fumé de ma vie, etc. La relaxation ça ne m'a jamais manqué, donc je n'en fais pas. J'ai fait un tout petit peu de sophrologie, mais je l'ai beaucoup adaptée à ma manière de fonctionner.
Question de voicivoila : Salut David ! Vas-tu venir tous les jours au salon ? Merci en tout cas c'est très intéressant de t'avoir en live !
D.F. : Malheureusement non je ne viendrai pas tous les jours, car j'ai encore beaucoup de préparation pour le Dakar...
Question de corinne : Qu'est-ce qui est le plus important à ton avis pour arriver au bout d'un Dakar ?
D.F. : Le psychologique ! C'est presque 70% dans la tête et le reste c'est du physique ! Tu peux être hyper bien préparé, mais si ton esprit ne suit pas tu peux laisser tomber. A l'inverse certains sont parfois plus faibles physiquement mais leur mental d'acier leur permet d'arriver au bout ! Je l'ai vu à maintes reprises sur le Dakar avec les amateurs. C'est d'ailleurs ce que je préfère sur le Dakar : discuter avec les amateurs au bivouac ! Nous on roule à bloc toute la journée, il ne nous arrive (presque) rien, alors que les amateurs vivent des journées très mouvementées et ont des tonnes d'aventures à raconter le soir !
Question de corinne : Seras-tu sur le Dakar 2008 ? Si oui feras-tu parti d'une structure officielle Yamaha ?
D.F. : Je serai sur le Dakar 2008 avec ma propre structure que je suis en train de monter, et j'attends mon rendez-vous chez Yamaha avec Jean-Claude Olivier pour connaître l'avenir avec cette marque. A suivre ! ! !
Question de el mosquito : Si t'avais pas été pilote qu'aurais-tu aimé faire dans la vie ?
D.F. : Rien, je voulais être pilote ! ! ! A 14 ans, j'ai demandé à mon père de m'acheter une moto pour aller faire le Dakar ! Je n'avais aucun autre Joker !
Question de blad : Salut, quel est ton meilleur souvenir en compet' ? Merci
D.F. : J'en ai plein des bons souvenirs... Les trois qui me viennent tout de suite :
Question de richard : Te verra-t-on plus tard sur 4-roues ?
D.F. : C'est possible... J'y songe, mais ma carrière moto n'est pas terminée. Ce pourrait être une solution pour l'après-moto...
D.F. : Merci d'être venus tchater avec moi, c'était un grand plaisir de répondre à (presque) toutes vos questions et j'espère vous recroiser un jour sur une épreuve d'enduro... A bientôt !
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