A 6h30 du matin, une demi-heure avant le départ de la 5ème étape jusqu'à Alès, le parc fermé de Villefranche-sur-Saône est encore baigné par une nuit froide et humide : Dominique Sarron s'élance en direction des Cévennes...
A 6h30 du matin, une demi-heure avant le départ de la 5ème étape jusqu'à Alès, le parc fermé de Villefranche-sur-Saône est encore baigné par une nuit froide et humide.
Les motos, dont certains dérouleurs de road-book sont protégés de l'humidité avec un sac en plastique ou un vieil emballage de pain de mie, luisent sous les projecteurs quand Dominique Sarron, toujours en tête du classement provisoire, termine sa cigarette et s'élance au guidon de sa Yamaha R6...
Après avoir enfilé sa combinaison de pluie et réglé les derniers préparatifs, Hubert Rigal, double vainqueur de l'épreuve en 1975 et 1976, qui participe cette année comme accompagnateur, démarre sa Fazer 1000 et me tend les clés de la nouvelle 600 : "tu vas voir, elle est vraiment excellente !". Et en effet l'engin a tout pour plaire ! (lire notre essai complet : la nouvelle Fazer sur la route du Moto Tour).
Quelques bornes d'autoroute nous permettent de rallier rapidement Lamastre avant les premiers concurrents, qui chercheront en vain un contrôle horaire inexistant...
"Pour remporter une épreuve comme le Moto Tour, il ne faut pas perdre de temps", explique Hubert lors d'une pause casse-croûte en compagnie de Régis Laconi. "Ca paraît con, mais c'est comme ça qu'on gagne ! Si on est a priori moins fort sur une partie, comme un rallye man sur un circuit, il ne faut surtout pas chercher à rivaliser avec les meilleurs car on risque la faute et c'est fini. Il faut être régulier, marquer des points là où on peut en gagner comme Sarron sur un circuit, et surtout bien préparer le road-book".
Direction Dornas, en Ardèche, où doit se dérouler la première spéciale. "Moi, une spéciale comme celle-là, je la préparais pendant une journée entière !", précise Hubert.
Sans surprise, les monocylindres trustent les six premières places de cette première spéciale : En s'imposant devant Vincent Loustalot, Sébastien Bompuis, Eric Demaria, Florent Parret et Pierre Mouneu, Serge Nuques sur sa Yamaha 450 WRF revient à 10 secondes de Dominique Sarron, leader au classement général provisoire.
Un peu plus tard dans l'après-midi, après une très longue attente sans raison apparente au pied de la spéciale du Burzet, Nuques s'imposera à nouveau devant Loustalot et Demaria. En raison des retards accumulés tout au long de la journée, la troisième spéciale (La Bastide-Puylaurent) est purement et simplement annulée. Les concurrents poursuivent donc à un rythme pour le moins soutenu leur descente vers Alès (Gard) sur les petites routes ensorceleuses des Cévennes...
Entre zones de travaux, gravillons et virolos plus ou moins francs du collier, le moindre relâchement ne pardonne pas et tandis qu'Hubert règne en maître sur les routes lozériennes, imposant son style impérial d'une redoutable d'efficacité malgré sa décontraction apparente, j'amputerai honteusement la 600 Fazer de son repose-pied gauche en allant tâter du fossé... Pas rancunière, la petite 600 nerveuse et agile poursuit sans complexe sa route jusqu'à Alès, dans le sillage coulé de sa grande soeur plus onctueuse.
Dans la soirée, lors du briefing tenu par l'organisation pour endiguer la grogne montante chez les concurrents, le responsable de la sécurité fait part aux pilotes de son "mécontentement" : "le premier jour est complètement parti en vrille avec des comportements inadmissibles. Ensuite vous vous êtes améliorés mais aujourd'hui, nous avons encore relevé des vitesses excessives sur trois points de contrôles, dont un 108 km/h sur une zone de travaux limitée à 45 ! Il faut absolument se reprendre pour donner une bonne image de la moto".
Marc Fontan, le patron de l'épreuve, reconnaît "qu'il y a eu des problèmes, comme dans tous les grands événements. Mais il faut savoir les gérer sans s'énerver !". Enfin Eric de Seynes, le patron d'Option Organisation, demande aux pilotes de bien vouloir "accepter nos excuses pour les désagréments et les décalages des premiers jours : c'est une première et on fait tout pour s'améliorer".
En gage de leur bonne foi, les organisateurs accorderont notamment une minute supplémentaire pour le CH du Burzet et une tolérance de 20 minutes pour le pointage à l'arrivée, en raison de la distance entre le parc assistance sur le Pôle mécanique d'Alès et le parc fermé en centre-ville.
Chez les pilotes, la grogne n'est toutefois pas générale :"c'est une super épreuve !", s'exclame notamment Pierre-Alain Bérard (Suzuki SV 650 n°135). "On est là parce qu'on aime la moto, on roule sur des circuits et sur des routes splendides ! Il faut profiter de ce moment, même si en effet l'organisation a de très gros progrès à faire".
Et le lendemain, comme par miracle, un soleil radieux éclaire le circuit d'Alès lorsque les motos du plateau classique prennent place sur la grille de départ, avant les 35 premiers concurrents du scratch...
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