Pour la quatrième épreuve de l'année, les pilotes de MotoGP ont rendez-vous en Chine, sur le tracé atypique de Shanghai. Les Ducati et les Bridgestone sont donné favoris, mais les Grands Prix réservent bien des surprises... Présentation.
Dessiné en 2002 et inauguré en 2004, le circuit de Shanghai s'adressait à l'origine à la Formule 1. Mais dès 2005, la piste de Peter Wahl et Hermann Tilke - à qui l'on doit aussi Istanbul et Sepang - a vu débarquer les MotoGP sur les terres chinoises.
Pour les passionnés français, cette édition restera d'ailleurs à jamais gravée dans les mémoires... En effet, cette année là Olivier Jacque - remplaçant d'Alex Hofmann sur Kawasaki - était monté pour la première fois sur un podium de catégorie reine, s'emparant de la deuxième marche malgré - ou grâce - à une pluie battante (lire Moto-Net.Com du 2 mai 2005).
Depuis, beaucoup ont même oublié que Valentino Rossi avait franchi le premier la ligne d'arrivée, ce détail étant balayé par la remontée sensationnelle du pilote français ! Mais si 2005 avait été l'année de la grenouille - verte, forcément ! -, 2006 fut celle de la puce...
La puce électronique naturellement, puisque le GP de Chine 2006 vit Dani "Asimo" Pedrosa remporter sa première victoire en MotoGP devant Nicky Hayden et Colin Edwards. Une course disputée dans des conditions météo radicalement différentes de celles de 2005 : grand soleil, humidité à 12%, température de l'air de 31°C et du sol de 26°C, comparativement au déluge d'eau, l'humidité à 88%, la température ambiante de 19°C et 21°C sur la piste l'année précédente !
Cette année encore, les prévisions incertaines de la météo de ce week-end laissent les fans dans la plus grande expectative. Heureusement, les autres données du casse-tête chinois sont d'ores et déjà connus, bien que les 800 n'aient jamais tourné sur cette piste...
"Shanghai est un circuit "moteur" où la vitesse de pointe s'avère encore plus importante qu'à Istanbul", explique Jean-Philippe Weber, responsable de la compétition moto chez Michelin : "il comprend deux longues lignes droites et donc beaucoup de gros freinages, de grosses accélérations ainsi que des vitesses élevées, ce qui sollicite particulièrement la zone centrale des enveloppes".
Ce circuit possède en effet la plus longue ligne droite de tout le championnat (1202 m), suivie d'une épingle particulièrement resserrée et d'une nouvelle ligne droite - celle des stands - dépassant elle-aussi le kilomètre ! Néanmoins, certains passages sont composés d'interminables virages dans lesquels les pilotes restent plein angle...
"Les virages à droite n° 1 et 2 se rejoignent pour créer une courbe de 300 degrés, la plus grande du MotoGP. Son rayon de courbure varie énormément, les pilotes l'abordent en montée avant de redescendre, de sorte que le transfert des masses n'est pas constant. Les virages à droite n° 12 et 13 forment une courbe à 270°, puis l'on trouve des virages rapides (n°7 et 8), si bien que nous devons utiliser des pneus relativement durs sur ce tracé", analyse Jean-Philippe Weber.
Excellentes en qualification, les gommes françaises ont rencontré de gros soucis pendant la course turque il y deux semaines avec seulement deux pilotes au sein du top 10 (lire Moto-Net.Com du 23 avril 2004), mais le manufacturier assure que ses gommes seront à la hauteur ce week-end.
Naturellement, les efforts du Bibendum se sont concentrés sur un pilote : Valentino Rossi ! Seul à avoir contesté la suprématie - et la victoire ! - de Stoner au Qatar, vainqueur de Jerez puis victime de son pneu arrière à Istanbul, le septuple champion du monde n'en attendait certainement pas moins de la part de Michelin !
"Nous avons testé des pneus de construction plus dure, basés sur les commentaires précis de Valentino après la course d'Istanbul", poursuit Jean-Philippe Weber : les nouveaux pneus qu'il a testés lui procurent une plus grande confiance ainsi qu'une stabilité accrue. Sur la base de ces résultats, Michelin concentre l'ensemble de ses efforts pour fournir en Chine les pneumatiques correspondants aux besoins de Valentino et adaptés à l'exigeant tracé de Shanghai".
Une attention renforcée par le fait que Vale avait été trahi par ses pneus - l'avant cette fois-ci - lors du dernier GP de Chine ! Et malheureusement pour Rossi, les gommes ne sont pas sa seule source d'inquiétude...
"Il va peut-être falloir scinder la ligne droite en deux parties : celle pour les Ducati et celles pour les autres ! Blague à part, c'est une très longue ligne droite et nous savons que nous manquons de vitesse de pointe, mais les modifications apportées au moteur en Turquie ont fonctionné", déclare Valentino à la veille des premiers essais qui seront des juges impartiaux.
Mais que devrait dire Nicky Hayden, dont la RC212V figurait en fin de classement des meilleures vitesses de pointe à la fin de chaque journée à Istanbul ? "Même à 320 km/h, la ligne droite semble durer des heures", regrette le "Number One" qui avoue bien volontiers que la vitesse n'est pas l'atout majeur de sa Honda.
Pour le Kentucky Kid toutefois, les 2,2 secondes qui lui manquaient pour monter sur le podium turc ne devraient pas être insurmontables en Chine, d'autant que l'an dernier, il avait bataillé ferme jusqu'au dernier virage pour tenter de remporter ce GP du bout du monde !
Son coéquipier Dani Pedrosa - adversaire à cette occasion - sera sans doute de nouveau présent au rendez-vous. Après s'être fait jeter dans les graviers turcs par Olivier Jacque, l'espagnol cherchera très certainement à rebondir lors de cette prochaine étape.
"Je suis encore un peu sensible au niveau du cou et du torse, mais je pourrai participer aux premiers essais vendredi matin", rassure Pedrosa. Pour lui aussi, les lignes droites risquent d'être longues, même si sa RCV affichait de meilleures pointes de vitesse que la n°1 d'Hayden.
Également envoyé au tapis par le Ninja tricolore à Istanbul, Chris Vermeulen avait pourtant les capacités de monter sur le podium ! Reparti en dernière position après sa chute, l'australien a réalisé une superbe remontée jusqu'à la 11ème place... passée complètement inaperçue !
Réalisant même le meilleur temps en course dans l'avant-dernier tour, Chris a prouvé que sa Suzuki, ses Bridgestone et lui-même étaient extrêmement compétitifs : "la moto et les pneus ont vraiment bien marché en Turquie et je suis sûr qu'il en sera de même en Chine", prévient le n°71 !
Malgré tout, l'essentiel de l'attention devrait se porter sur son compatriote, équipé de Bridgestone également mais sur Ducati cette fois ! Révélation de ce début de saison - ou plutôt confirmation du talent "débordant" entrevu l'an dernier -, Casey Stoner sera l'attraction de ce week-end.
Pour sa deuxième saison en catégorie reine et à tout juste 21 ans, le jeune pilote Ducati mène le championnat grâce à ses deux victoires. Or on voit assez bien Casey conserver - voire augmenter - son avance de dix points sur Rossi...
Car outre les excellentes santés du moteur italien et des gommes japonaises, Stoner insiste sur le fait que les Ducati freinent diablement bien : "la puissance moteur ne suffit pas à Shanghai, il faut aussi de bonnes performances en freinage et je me souviens l'an dernier que les Ducati était très dures à battre dans l'épingle", rappelle le n°26 qui avait tout de même laissé les deux Ducati officielles derrière lui !
Casey Stoner n'est pas le seul pilote en forme dernièrement : un certain Randy de Puniet a notamment inscrit lors de sa dernière sortie son meilleur résultat en MotoGP !
Huitième à Istanbul, le pilote français arrive en Chine le moral gonflé à bloc même si, à son avis, la piste shanghaienne "est l'une des pires que nous visitons car elle est franchement ennuyeuse : elle se résume à deux lignes droites jointes par des virages lents" !
Malgré cela, Randy se montre confiant et n'hésite pas à se fixer des objectifs précis : "nous pouvons viser la deuxième ligne sur la grille et, avec un bon départ, une place dans le top10 est réaliste", estime le n°14 du Kawasaki Racing Team.
L'avis tranché de Randy n'est pas partagé par son compatriote et coéquipier Olivier Jacque, puisque ce dernier conserve un souvenir ému de sa deuxième place en 2005. "Je pense qu'il sera dur de reproduire ce résultat mais cela ne m'empêchera pas d'essayer", nous promet OJ !
Avant toute chose, le n°19 de chez Kawa tient à oublier sa bourde d'il y a deux semaines : "qu'est-ce que je peux dire : j'ai merdé en chutant au premier tour. C'était la première fois que ça m'arrivait de ma carrière. Le lundi (pour les essais, NDLR) j'étais dévasté physiquement et moralement", concède Olivier, "mais mes blessures s'atténuent et je ne pense plus qu'à la course de Shanghai désormais" !
Son ancien coéquipier, Shinya Nakano, pilote désormais une Honda RCV chaussée de pneus Michelin et apprécie lui aussi ce circuit atypique. "J'aime beaucoup le circuit de Shanghai bien qu'il possède des portions très rapides où la vitesse de pointe est primordiale, notamment la longue ligne droite", admet le coureur nippon.
Dixième du GP de Chine l'an dernier, Super Shinya se fixe le même objectif qu'à chaque sortie depuis le début de la saison : "rejoindre la ligne d'arrivée en empochant quelques points précieux".
Or ce but simple et précis, l'équipe d'Antin Pramac l'a largement atteint en Turquie : Barros 4ème et Hofmann 9ème devant Rossi ! Mais pour ce week-end, Barros reste prudent : "je ne peux pas faire de prévisions parce que je n'ai roulé qu'une fois en 2005", rappelle le vétéran de l'Intercontinental Circus.
"Notre Ducati GP7 est rapide mais pour viser le podium, il nous faut également réduire le temps passé dans les courbes", note le brésilien. Alex Hofmann quant à lui espère qu'il sera de nouveau en pleine possession de ses moyens : "depuis ma chute à Istanbul j'ai toujours mal aux cotes", regrette le pilote allemand.
Son meilleur ami dans le paddock, John Hopkins, ne fait plus état de sa douleur au poignet et devrait de nouveau pousser sa Suzuki à 100%. "J'aime bien le circuit de Shanghai : il est plutôt exigeant et il faut être rapide dans certains virages et très forts sur les freins donc ça me convient", décrit l'anglo-américain.
Quatrième l'an dernier, John attend avec impatience de monter pour la première fois sur le podium. Les progrès de la Suz et la grande avancée des gommes Bridgestone à Istanbul le poussent à croire que ce week-end pourrait être le bon... Réponse dimanche !
Toni Elias lui a d'ores et déjà savouré la joie du podium cette année - 2ème en Turquie - et goute particulièrement le fait de contredire ses détracteurs !
"Je suis ravi de voir que mon style de pilotage, que beaucoup qualifiait de trop agressif pour les nouvelles 800cc, soit efficient et me permette de me battre pour la victoire", se réjouit la star espagnole n°24. Auteur d'un dépassement autoritaire sur un Rossi en pleine déconfiture lors de la dernière course, Toni assure même que sa marge de progrès reste encore grande ! À suivre donc...
Plus discret sur la piste que son collègue, Marco Melandri semble avoir enterré la hache de guerre (lire Moto-Net.Com du 19 avril 2004). "Pendant la course (en Turquie, NDLR) j'ai retrouvé le feeling que j'avais perdu pendant les essais et j'ai pu piloter ma Honda comme je le souhaitais", rassure le hérisson italien.
Même s'il sait déjà "que les caractéristiques de la piste ne conviennent pas à notre moto", cela n'empêche pas Marco d'aborder ce 4ème Grand Prix sereinement. En effet, contrairement aux équipes officielles Honda Repsol et Fiat Yamaha, son team Gresini est équipé de Bridgestone "qui ont montré lors des trois premières courses qu'ils pouvaient être compétitifs sur différents types de pistes", souligne le n°33.
Un "atout" dont ne bénéficie pas Carlos Checa sur sa Honda LCR ! Mais le pilote espagnol aura surtout comme handicap la fatigue due à ses séances d'entrainement en vue des 8 heures de Suzuka qui se dérouleront en août prochain...
"J'ai beaucoup roulé et voyagé ces deux dernières semaines", affirme Carlos. Quatorzième l'année passée, le célèbre n°7 pourrait bien surprendre son monde, surtout en qualification : "ce que j'ai noté de positif pendant les essais à Istanbul a été l'avancée des pneus qualif qui a éliminé le sautillement à l'avant".
Kenny Roberts Jr au guidon de sa KR212V a également tiré de riches enseignements des derniers tests : " la moto marchait beaucoup mieux grâce au nouveau bras oscillant plus rigide", explique le pilote américain.
Heureusement, serait-on tenté de dire, puisqu'en se qualifiant en 18ème position et en terminant 16ème de la course en Turquie, l'équipe de Kenny Roberts se trouve bien loin de son niveau à la fin de la saison dernière... Après tout, même la vie des teams d'usine ne ressemble pas à un long fleuve tranquille !
À égalité parfaite au classement provisoire avec un autre américain - Nicky Hayden -, Colin Edwards aurait pu selon lui hisser le drapeau étoilé au-dessus du podium turque, si OJ ne s'était pas emmêlé les pinceaux. Troisième en Chine l'an passé, la Tornade Texane mise donc gros sur ce prochain GP malgré sa chute à Istanbul.
"Mon genou était assez douloureux mais rester quelques jours à me reposer à la maison a beaucoup aidé et je me sens beaucoup mieux", conforte le n°5 de Yamaha. "Une fois encore, les pneus vont être un facteur clé mais Valentino et Michelin ont travaillé très dur lundi en Turquie pendant que j'étais alité et je pense qu'ils ont une idée assez claire de ce qui marchera", garantit Edwards.
Enfin, il faudra surveiller de près notre rookie Sylvain Guintoli qui évolue au sein du team français Dunlop Yamaha Tech3. " Notre temps en pneus de course n’est pas mal du tout, car nous finissons à 38 secondes du vainqueur et à 30 secondes du podium. Si notre place à l’arrivée n’est pas extraordinaire, les progrès sont pourtant flagrants", soulignait à l'issue de la course le patron Hervé Poncharal.
Rendez-vous donc lundi pour le tour par tour "sauce piquante" de J. Arsouille sur Moto-Net.Com !
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Plateau : Les pilotes et leurs motos 2024
10 mars : GP du Qatar
24 mars : GP du Portugal
07 avril : GP d'Argentine (annulé)
14 avril : GP des Amériques
28 avril : GP d'Espagne
12 mai : GP de France
26 mai : GP de Catalogne
02 juin : GP d'Italie
16 juin : GP du Kazakhstan (reporté)
30 juin : GP des Pays-Bas
07 juillet : GP d'Allemagne
04 août : GP de Grande-Bretagne
18 août : GP d'Autriche
01 septembre : GP d'Aragon
08 septembre : GP de San-Marin
22 septembre : GP d'Inde
29 septembre : GP d'Indonésie
06 octobre : GP du Japon
20 octobre : GP d'Australie
27 octobre : GP de Thaïlande
03 novembre : GP de Malaisie
17 novembre : GP de Valence
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