Plus de 300 motos sont passées au sonomètre des gendarmes samedi dernier à Léoncel (26), l'un des accès aux massifs du Vercors et ses magnifiques décors sinueux. Résultat : seulement six motos étaient en infraction ! Ce qui n'excuse pas, loin s'en faut, le comportement bruyant de certains motards qui agace riverains et associations...
Mauvaise surprise samedi dernier pour les motards dans la région Auvergne-Rhône-Alpes : les gendarmes de la Drôme (26) et d'Isère (38) s'étaient postés à Léoncel pour réaliser des contrôles de bruit, avec "plus de 300 motos" passées au sonomètre selon nos confrères de France Bleu. Le ton était littéralement donné pour ce premier week-end libéré de la contrainte des déplacements limités à 10 km...
Motif de ces contrôles ? Le ras-le-bol exprimé envers le bruit des motos par certains riverain et le vice-président du Parc naturel régional du Vercors, Michel Vartanian. Cette situation fait écho (ha, ha !) à celle d'autres régions de France, au point d'avoir entraînée le développement d'un nouveau type de radars "acoustiques" à Paris et en vallée de Chevreuse.
Dans le Vercors, la topographie vallonnée et les parois rocheuses forment une caisse de résonance naturelle qui amplifie les ondes sonores jusqu'aux agglomérations. Les routes sinueuses à souhait incitent en outre à rester dans les tours, surcroît de décibels à la clé... D'où la grogne locale contre les motos et cette réaction sous forme de contrôle de bruit.
Verdict du sonomètre ? Seulement "six motos" dépassaient la valeur inscrite sur leur carte grise d'après France Bleu, soit moins de 2% ! De quoi battre en brèche les idées reçues selon lesquelles les motards affectionnent les échappements "full bordel" non homologués. Pour autant, la problématique reste entière car elle concerne en réalité le comportement...
Préférer un rapport supérieur pour traverser une agglomération, éviter les brusques accélérations à la sortie des villages, bannir les coups de gaz dans le vide : autant de marques de savoir-vivre parfaitement respectées par la plupart des motards, mais encore magistralement ignorées par une minorité.
"C'est une réalité, par la faute de quelques-uns", reconnaît secrétaire de l'antenne drômoise et ardéchoise de Fédération française des motards en colère. "Nous prônons le vivre ensemble", rappelle Alexandre Renaud, alors que la FFMC communique sur ce thème pour éviter les inévitables mesures restrictives.
MNC du 6 août 2020 : Bruit des motos : la FFMC appelle à respecter les autres
MNC estime que les constructeurs ont aussi une part de responsabilité : une proportion grandissante de motos délivrent un barouf inutilement fatiguant avec leur échappement d'origine par le biais de valves opportunément réglées selon les régimes d'homologation. D'autres "mugissent" parfois avec excès via des conduits d'admission conçus de véritables amplificateurs.
Cette tendance autrefois réservée à quelques motos italiennes s'étend à des marques pourtant réputées plus "sages", comme BMW et Honda. La sonorité agressive des Flat twins allemands depuis leur passage au refroidissement liquide en 2013 est ainsi régulièrement pointée du doigt dans nos essais, tandis que la dernière CBR1000RR-R est trop bruyante en configuration d'origine pour accéder à certains circuits ! Sacré progrès...
Rappelons par ailleurs que l'Autriche et la Suisse en sont carrément à imposer des interdictions de circulations aux motos jugées trop bruyantes dans certaines zones touristiques ! Double peine puisque le tourisme à moto profite bien souvent à l'économie locale : les commerçants sont d'ailleurs fréquemment moins critiques à l'encontre des deux-roues...
La problématique du bruit doit néanmoins être prise au sérieux dans la mesure où la société actuelle tend à ne plus transiger sur les questions de pollution, qu'elles concernent les rejets des moteurs ou leur sonorité. La preuve avec le circuit d'Albi (81) qui vient d'écoper de 71 000 euros d'amende pour nuisances sonores alors que certains riverains à l'origine de la plainte se sont installés après sa construction en 1962 !
Cette condamnation - contestée en appel par l'exploitant du tracé - constitue un précédent inquiétant en France et rappelle qu'une situation considérée comme acquise peut vite évoluer. Exemple avec ce contrôle dans le Vercors, exceptionnellement mené à titre préventif sans contravention en cas de dépassement. Mais si le mécontent perdure, la répression s'abattra sur tous les motards, tôt ou tard...
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