Hot couture ou prêt à frimer ?

En montant sur la Saxon, impossible de ne pas entonner les premières notes des tubes de Steppenwolf ou de Bruce Springsteen : les bras sont hauts et écartés, les fesses aux ras du bitume (à 660 mm exactement) et les pieds loin devant, malgré le kit "petits gabarits" installé sur cette Firestorm d'essai !

Le starter du carburateur Mikuni préalablement enclenché, on réveille le moteur S&S d'un coup de démarreur. Quelques coups de gaz sont nécessaires pour le tirer définitivement de son somme - plus ou moins profond selon les utilisations - et déjà, les vocalises des deux pots enchantent les oreilles.

À côté du V-Twin de 1 566 cc - un vrai Twin américain avec moteur et boîte séparés ! -, celui de la Honda qui cube 254 cc de moins ne fait pas le poids...

Et pourtant, il faut reconnaître au constructeur japonais un effort certain concernant la sonorité de la Fury : le bicylindre à refroidissement liquide - si, si ! - sonne bel et bien américain avec sa course longue, mais il manque cruellement de décibels.

La position de conduite sur la nippone est identique à celle de l'américaine, mais on remarque instantanément une différence de confort au niveau de la selle. Celle de la Saxon - une monoplace pour l'occasion, mais la biplace s'installe en un tournemain - est si dure que celle de la Honda passe pour moelleuse et accueillante.

L'agrément des commandes de la VT1300CX, lui, est bien réel ! La patte japonaise est facilement reconnaissable : l'embrayage, notamment, est doux à souhait par rapport à celui d'une Saxon taillé pour des lutteurs de foire, ceux avec du poil sur le torse et les avant-bras de la regrettée Mère Denis.

Ce n'est qu'au moment de s'élancer sur la Firestorm qu'on s'aperçoit vraiment à quel point la roue avant de 21 pouces joue le chien de chasse ! Avant même d'avoir enclenché le premier rapport - sur les six disponibles -, elle est déjà partie sur la piste d'une Highway à dévorer ! Sur ce point, la Honda est moins déstabilisante, même si les apprentis bikers risquent tout de même d'être surpris.

D'ailleurs, les premiers tours de roue ne se font pas sans une certaine appréhension. Les gabarits des deux motos sont imposants : certes, le centre de gravité est bas, mais les poids sont conséquents (environ 300 kg), les empattements infinis (1805 mm sur la Honda, 1 980 mm sur la Saxon !) et le couple des moulins disponible au ralenti est tout bonnement camionesque.

La Firestorm se montre spécialement délicate à mener : les reprises à bas régimes s'accompagnent de quelques hoquets soudains qui manquent de faire caler le moteur, tandis que la boîte à air peste et pétarade pour exprimer son mécontentement : la belle est aussi une bête et n'hésite pas à le faire savoir ! Le baptême du feu n'est donc pas une partie de plaisir...

Pendant ce temps, la VT1300CX commence déjà à remonter, avec prudence bien sûr, les files ininterrompues de voitures profitant du meilleur rayon de braquage - presque décent au vu des dimensions ! - et de la douceur de l'injection. Mais derrière, l'homme à la Saxon attend patiemment son heure...

Au premier bout droit, le moteur S&S peut enfin s'exprimer... et humilier le "petit" Honda ! Quelle que soit la vitesse ou le rapport enclenché, donc quel que soit le régime moteur, le twin américain dépose le twin japonais. Logique, avec 90 ch environ contre 54 !

En contre partie, le pilote de la Firestorm doit se contenter d'un confort plus que spartiate : revigorantes pour les uns, lassantes pour les autres, les vibrations du bicylindre sont incessantes. Sur la Honda elles sont nettement moins marquées, pour ne pas dire inexistantes. Et le débat sur les motos "vivantes" de repartir de plus belle...