Essai Triumph Scrambler 1200 XC et XE : grande évasion hyper connectée

Avant-première à Londres en Grande-Bretagne, exposition à Milan en Italie, lancement à Faro au Portugal... Le Scrambler 1200 ne connait pas de frontières : un comble pour un sujet britannique, n'est-il pas ?! Et pour voyager, cette nouvelle Triumph ne compte pas se limiter aux routes bitumées.

Pour nous prouver que leur moto est capable d'affronter tous types d'environnement, les responsables de la marque d'Hinckley nous invitent à tester leur nouveauté sur deux journées : la première a pour thème le tout-terrain (ce n'est pas la spécialité de MNC, donc prudence) et la seconde se déroulera sur route (là, ça va gazer !).

Pour Triumph, ce double programme exprime le fait que son Scrambler 1200 représente un pont inédit dans sa gamme entre les modèles "Modern Classic" et "Adventure", autrement dit entre classique et trail. Comme entrevu en première page, ce nouveau modèle mixe savamment look de néo-rétro avec équipement de haute techno. En piste !

Inscrit très humblement dans le groupe des débutants en "off-road", Moto-Net.Com se rend pour commencer aux abords d'un terrain assimilé à une "Dirt Track" : une piste en terre et en légère pente, vaguement ovale, qui va nous permettre de faire connaissance avec notre nouvelle camarade de jeu.

Inutile d'insérer la clé dans le contacteur - qui existe mais est couvert d'un bouchon en plastique - : le Scrambler 1200 (XC comme XE) est équipé d'origine d'un système "sans contact" justement ! Pour simplifier le déroulement de l'essai et la rotation des essayeurs, le responsable de l'activité a caché le petit boîtier muni de la clé de secours...

La clé de "notre" machine est dissimulée dans un compartiment sous la selle ! Cet espace de rangement est équipé d'une prise de 5V au format USB ("good" !) et garni de mousse ("very good" !) : il doit avant tout servir de logement pour recharger son smartphone ou tout autre petit objet électr(on)ique.

D'une pichenette sur le haut du bouton de démarreur, le pilote met le contact. Puis d'une pression plus prolongée vers le bas, il réveille son moteur. La sonorité est grondante à souhait. Sa vivacité est plus inattendue, surprenante pour une bicylindre 1200 cc typé "néo-rétro" !

L'écartement des deux leviers réglés, le Journal moto du Net s'empare du gauche à pleine main et le tire... plus difficilement que prévu : l'embrayage a beau être assisté, il reste relativement dur. Il est ensuite suffisamment progressif pour faire décoller la moto sans souci, glissade ni heurt.

Le Scrambler 1200 en mode "off-road"

Respectant les consignes à la lettre, MNC débute l'exercice sur le premier rapport. Le terrain n'est pas entièrement sec et il faut par endroit se frayer un chemin dans quelques centimètres de boue, mais les Pirelli Scorpion Trail montés sur notre machine assurent une telle traction que les accélérations restent toujours vives.

En sélectionnant pour nous le mode de conduite "Off-Road", Triumph nous permet de nous initier aux joies de la glisse... contrôlée ! En vissant soudainement la poignée droite dans le coin, on parvient à faire déraper la roue arrière, voire à la faire légèrement sortir de l'axe de la roue avant.

Assez vite toutefois - bien avant que le guidon n'arrive en butée !-, l'antipatinage régule le régime moteur afin de prévenir tout incident. Mis en confiance, le pilote entraperçoit les limites d'adhérence du pneu arrière et se lâche progressivement, tentant alors gaillardement de faire dériver l'arrière de sa machine.

Au bout de quelques boucles, le Journal moto du Net enclenche le deuxième rapport pour tourner un peu plus vite et réalise immédiatement que la rondeur du moteur est un atout maître du Scrambler 1200. Le Twin "High Performance" est aussi costaud que docile, ce qui simplifie et intensifie l'expérience !

Perturbé par le train avant rendu flou par quelques ornières de boue, MNC n'ose pas entrer trop fort dans les deux courbes que compte notre piste. Le travail de la fourche est donc bien moindre que celui des deux amortisseurs arrière chargés de maintenir la roue au sol : pour ce faire, ils doivent parfois pomper généreusement.

MNC, qui projette son pied intérieur loin en avant et en continu, sent que la crampe guette ! On tente alors de se désaxer légèrement sur la partie droite de la selle : en plus de soulager le quadriceps gauche, cela permet de maintenir la moto légèrement inclinée sans effort, et d'éloigner la cuisse et le mollet droit du pot qui commence à bien chauffer !

Notre découverte du Scrambler 1200 se poursuit sur le modèle XE... et sur de grands chemins, debout donc ! Les repose-pieds dégarnis de leur gomme offrent le grip d'une véritable enduro, le guidon est suffisamment haut pour ne pas courber le dos des plus grands et les flancs de réservoir parfaitement plats permettent de le serrer aussi solidement que confortablement.

L'excellente connexion entre la poignée de gaz et la roue arrière est définitivement validée : on prend un plaisir grandissant à essayer de faire déraper et dériver - très, très légèrement et en totale confiance ! - la roue arrière en sortie de courbe.

Un peu plus large que celui de la XC, le guidon de la XE permet de diriger très précisément la grande roue de 21 pouces. Les hautes suspensions absorbent sans broncher les trous, les bosses et tout obstacle que le pilote ne peut éviter en chemin. Pas évident que les Tiger (1200, voire 800) s'en sortent mieux !

Grâce à la vaste plage d'utilisation du moteur, le pilote peut limiter les passages de vitesse qui demandent un peu de poigne à gauche. La sélection est un soupçon lente mais se rattrape via une appréciable douceur. Le frein moteur bien présent évite pour sa part de recourir aux freins.

Différence de taille entre la XC et la XE

Derrière - à l'intérieur de ! - la paire d'étriers hypesrportifs M50 de Brembo se cachent des plaquettes soigneusement sélectionnées par Triumph afin de rendre le mordant du frein avant gérable et de profiter de l'insoupçonné grip du petit pneu Pirelli avant à gros crampons. La pédale droite permet quant à elle de bien doser la pression sur le disque arrière que le pilote peut bloquer, au besoin, en mode "off-road" (ABS arrière déconnecté).

En passant de nouveau brièvement sur la XC, Moto-Net.Com s'aperçoit que l'entrée de gamme bénéficie déjà de suspensions déjà très satisfaisantes pour le commun des motards. Il n'y a guère que sur les très vives compressions - dues à un pilotage plus approximatif qu'engagé en ce qui concerne MNC - que le haut de gamme se montre encore plus prévenant et progressif.

Autre caractéristique exclusive à la XE qui pourrait séduire les amateurs de sorties sportives à travers champs : le Off-Road Pro ! En sélectionnant ce mode, le pilote choisit de se passer des assistances électroniques : "no ABS, no traction control... no thank you" pour le "rookie" MNC !

Dans le même temps, le Scrambler 1200 XC dispose d'un avantage indéniable sur le XE : sa hauteur de selle inférieure de 3 cm (!) qui rassure "grandement" les pilotes de moins d'1,80 m sur les portions très lentes ou durant les manoeuvres effectuées au ralenti ou moteur coupé.

Les deux versions partagent un même point faible, inhérent à leur attitude de scrambler dépouillé : l'absence de protection, que ce soit contre le vent ou les projections ! Très esthétique, le garde-boue "haut-ptionnel" arrose copieusement lorsqu'on traverse trop rapidement une flaque de boue. Tout-terrain oui, mais pas tout-temps.

Bien que plus sophistiquée, l'électronique de la XE n'améliore pas concrètement le comportement de la moto : même sans centrale inertielle, la XC gère déjà très finement le patinage de sa roue arrière, laissant au pilote le seul soin de maintenir sa moto dans le bon axe.

Moteur, partie cycle et électronique participent conjointement à faire oublier le poids du Scrambler, qui tourne tout de même autour des 220 kg tous pleins faits ! Attention aux demi-tours sur petits chemins en dévers et graillonneux : perdre un appui ne pardonne pas toujours. Plusieurs motos ont été couchées lors de cette première journée, par des essayeurs pourtant expérimentés... Suite de cet essai en troisième page !