Essai Hypermotard 2013 : la renaissance italienne

Avec une selle perchée à 870 mm, l'Hypermotard n'est pas beaucoup plus accessible que sa version SP. Une selle basse (-20 mm) est disponible en option mais cela ne suffira pas aux courtes et moyennes gambettes pour poser sereinement les deux pieds à terre.

Il est donc plus prudent d'effectuer les manoeuvres à côté de la machine plutôt que dessus. De même, mieux vaut débéquiller avant de sauter sur le dos de la bête car après, attraper la latérale cachée sous le repose pied peut se révéler problématique.

Certes moins sonore que le pot Termignoni qui équipait nos SP d'essai, le petit silencieux d'origine donne au Testastretta 821 un caractère aussi "trempé" que les routes que nous nous apprêtons à parcourir, c'est dire ! La moindre rotation de la poignée droite se traduit instantanément par une vive montée en régime : mamma mia...

Avant de s'élancer, Moto-Net.Com prend soin de régler l'écartement du levier de frein (embrayage non réglable). Cette fois, grands comme petits trouveront leur réglage idéal. Notons au passage que l'Hypermotard SP propose une position supplémentaire (5 contre 4) et que sa petite platine crantée permet d'en changer en un clin d'oeil.

Le réglage des rétroviseurs est moins évident... Si l'emplacement des rétros sera bien plus pratique pour se faufiler dans la circulation - ils étaient montés aux bouts du guidon sur l'ancien modèle -, leur taille et leur découpe n'offrent qu'une vue partielle de ce qui se passe derrière.

C'est en mode de conduite "Touring" (entre "Urban" et "Sport", voir notre point technique en page suivante) que nous débutons notre petit tour. La première portion de route étant parfaitement droite, nous en profitons pour tester le comportement moteur de l'Hypermot'...

La relative souplesse du bicylindre se confirme. Sur le sixième rapport, la moto cruise sans mal à 70 km/h à un régime régulier de 3000 tr/min. Elle accepte même de sortir des petits villages sur un filet de gaz à partir de 55 km/h.

Mais c'est passés 3500 tr/min que le nouveau bloc moteur commence véritablement à tracter. Mode "Sport" enclenché, les accélérations sont très convaincantes et restent parfaitement dosables grâce à un ride-by-wire finement réglé !

En accélérant au maximum sur le premier rapport, le grip du Pirelli Diablo Rosso II est - enfin - pris à défaut. Un voyant s'illumine furtivement au tableau de bord alors que le DTC prend momentanément le relais du pilote. La modération automatique de l'ouverture des gaz est à la fois efficace et discrète : l'Hypermotard marque un nouveau point.

Plus douces en mode "Touring", les reprises deviennent très sages en mode "Urban" si bien que perdre l'arrière devient strictement impossible, même dans les conditions piégeuses que nous rencontrons. On peut toutefois se questionner sur l'intérêt de ce dernier mode, cette machine se destinant à une clientèle un minimum expérimentée...

Très vite, les routes espagnoles prennent des airs de montagnes russes. Et très vite également, le train avant directif et précis de l'Hypermotard nous fait davantage pester contre cette météo exécrable ! Ducati avait raison en annonçant que l'Hypermot' n'avait rien perdu de son agilité.

Le gain en stabilité en revanche n'a pas pu être dûment vérifié. En effet, le retour de la pluie écourte notre promenade ! Notre itinéraire de 70 km - ce qui n'était déjà pas bien long - est pratiquement réduit de moitié mais nous comprenons parfaitement le choix de l'ouvreur : inutile de poursuivre l'essai dans ces conditions.

Si l'Hypermotard n'a pas eu l'occasion de se servir de son "permis de frémir" (voir notre vidéo du vendredi où Nicky Hayden se la joue James Bond), il a toutefois profité de cette courte sortie sur le mouillé pour dévoiler des cartes inédites de son jeu...

Les suspensions, par exemple, ont rendu cette chevauchée incroyablement agréable. Le comportement de la fourche Kayaba (non réglable) et de l'amortisseur Sachs (en réglage "sortie d'usine") sur les rares parties cabossées du parcours a été exemplaire.

Il est malheureusement impossible de prédire leurs facultés à négocier les grandes courbes à allure soutenue, à résister à des sorties d'épingle musclées ou à endurer des freinages tardifs sur l'angle...

L'étude du freinage est elle aussi limitée. Droit comme un "i", il est possible de faire plonger la fourche et décoller la roue arrière. Mais cela met avant tout la qualité du grip des Pirelli sur le mouillé en exergue, même si le facteur "route" n'est pas à sous-estimer dans cette équation...

L'attaque du frein avant, que l'on aurait pu qualifier de timide sur le sec, apparaît ici plaisamment douce. Comme quoi, la pluie a ses bons côtés ! Il faut également saluer le système ABS Bosch qui intervient de manière très ponctuelle et mesurée : "du travail de pro" en somme.

À la fois puissant et agile, le nouvel Hypermotard n'a pas pu exposer toutes ses qualités - et ses défauts ? - à l'attaque. Son gain en confort est toutefois palpable, notamment au niveau de l'accueil du pilote, et cela devrait l'aider à concurrencer les roadsters, y compris le Streetfighter 848 qui a la cote en France.

La selle agréable - sur les 40 km effectués d'une seule traite... -, l'agrément des suspensions et les 16 litres de contenance du réservoir colleront également à la vocation routière de l'Hyperstrada, la frangine qui débarquera dans les concessions Ducati un mois après les Hypermotard... Le temps sera-t-il de la partie pour sa présentation ? Restez connectés !