Essai Hypermotard 2013 : la renaissance italienne

Ducati avait mis les petits plats dans les grands : la veille de notre roulage, les motos nous attendaient déjà, prêtes à en découdre, dans l'enceinte du circuit d'Ascari (Espagne). L'ambiance était alors proche d'un concert de Pink Floyd : jeux de lumières et moteurs pétaradants sur un "Run Like Hell" diffusé en plein air !

En réservant en septembre dernier cette superbe piste privée à la pointe sud de l'Espagne, Ducati pouvait légitimement espérer nous faire découvrir son nouvel Hypermotard - et sa déclinaison SP - dans des conditions météos idylliques... Mauvaise pioche !

De fines gouttes s'abattent sur le tableau de bord de notre Hypermotard SP 2013 et rendent la lecture du tableau de bord un peu difficile. Un rapide coup de gant permet de découvrir la température extérieure : 7°C d'après l'ordinateur de bord.

Chaussé de gommes hyper sportives (Pirelli Diablo Supercorsa), l'Hypermotard SP ne nous est confié que sur un demi-tour de circuit... pas plus ! Il faut reconnaître que malgré l'abondance des aides au pilotage, les conditions de piste sont beaucoup trop piégeuses pour tester cette bête de course.

C'est donc à moins de 40 km/h, les éclaboussures de la voiture du photographe en pleine quiche, que nous effectuons nos premiers - et derniers ! - tours de roue aux commandes du "SP"...

Monter sur la moto n'est déjà pas une mince affaire : juchée à 890 mm de hauteur, la selle de la SP permet à une infime minorité d'essayeurs de toucher le sol des deux côtés simultanément. Mais cette première observation est instantanément suivie d'une seconde plus positive : l'accueil du fessier est bon.

La position de conduite - identique sur le modèle standard - est également plus agréable que celle de l'ancien Hypermotard : "l'ergonomie a été complètement revue car nous souhaitions proposer une moto plus plaisante et plus facile", nous indique le big boss Cristiano Silei.

Le guidon et les repose-pieds avancés respectivement de 80 mm et 70 mm par rapport au 1100 Evo décrispent effectivement le pilote, qui s'imagine plus volontiers circuler en ville. La légèreté de la moto et son bon rayon de braquage vont également dans ce sens.

Néanmoins, l'Hypermotard - SP et "tout court" - ne s'accommode pas encore parfaitement à la vie urbaine. On regrette tout d'abord l'absence totale de place sous la selle : les quatre petites sangles cachées sous celle-ci ne seront pas d'un grand secours pour transporter un antivol.

De même, si le moteur se montre plus conciliant que l'ancien 2-soupapes à air, il rechigne à rouler au pas sur le 1er rapport et demande de jouer de l'embrayage, au demeurant doux et assez progressif. Enfin, l'absence de warning pourra freiner certains utilisateurs dans leurs - toujours prudentes ! - remontées de files circulations interfiles...

La boîte de vitesses et l'étalage des rapports - communs aux deux versions, à l'instar du moteur et du châssis, - n'attirent aucune critique négative, pas plus que le frein arrière, très utile pour caler sa vitesse à celle de la voiture du photographe... une Audi, bien évidemment !

Une pause devant l'objectif "guidon dans les dents", une autre pour exprimer notre déception et il faut déjà rejoindre les stands : impossible déontologiquement d'établir sur 2 km un rapport sur le comportement de l'Hypermotard SP ! Dommage, car le bougre avait un très gros potentiel...

Outre son coloris spécifique, ses culasses en magnésium et ses garde-boue avant et caches-courroies de distribution en fibres de carbone, l'Hypermotard SP dispose en effet de sérieux atouts pour briller sur piste un peu plus que le standard.

Les jantes Marchesini 2 kg plus légères (le SP pèse 194 kg en tout), les fourches Marzocchi de 50 mm et l'amortisseur Öhlins entièrement réglables ainsi que le maître cylindre "radial" de frein avant devaient assurer au "top" modèle un comportement exemplaire sur circuit.

Avec sa garde au sol rehaussée à 210 mm, l'Hypermotard SP aurait dû autoriser des prises d'angles de 47,5°, mais Moto-Net.Com a dû se contenter d'inclinaisons de 10° maximum... Vous avez dit frustrant ?!

Sur route cette fois, l'Hypermotard "tout court" aurait pu se pencher de 45° de chaque côté. Malheureusement, le bitume encore gorgé d'eau n'a pas permis pareil exercice et nous n'avons pu qu'entrapercevoir les capacités du Supermot' italien...