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DUEL
Paris, le 30 septembre 2015

Duel Ducati 899 Panigale Vs Kawasaki ZX-6R 636 : en route pour la piste !

Duel Ducati 899 Panigale Vs Kawasaki ZX-6R 636 : en route pour la piste !

Sur le segment - sinistré - des motos sportives de moyenne cylindrée, les deux dernières nouveautés sont apparues chez Ducati et Kawasaki. Elles mettent en avant leur polyvalence et il était donc logique que MNC oppose ces 899 Panigale et ZX-6R 636. Duel.

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Circuit : 899 Panigale et ZX-6R 636 se lâchent enfin

Sur le bout de départementale reliant la sortie d'autoroute et le circuit, Moto-Net.Com se fait arroser par une copieuse averse. Dans ces conditions, la rigide Ducati ne donne vraiment pas envie de jouer : qu'il passe dans un petit creux ou sur une simple bosse, le pilote est tout de suite averti par un sec coup de guidon ou de selle...

La Panigale a beau être bardée d'électronique, les vives réactions de ses suspensions se traduisent par des écarts de trajectoire inattendus. Mais ce que l'on redoute par-dessus tout, c'est une soudaine perte d'adhérence, difficilement rattrapable en cas de glisse latérale !

Sur la Kawasaki, "les réglages de suspensions ont été retravaillés en profondeur pour mettre en confiance le pilote sur routes sinueuses et lui permettre ainsi de profiter des performances sportives de la Ninja ZX-6R 636". Et ce beau discours marketing se vérifie sur notre route détrempée !

La japonaise avale bien mieux les petites irrégularités de la route que l'italienne. Moins remuante, la Ninja incite à mettre un peu plus de gaz et de frein - malgré l'absence d'ABS - que la Panigale, surtout dans ces conditions piégeuses.

Heureusement, la pluie s'interrompt peu après notre arrivée sur le circuit... À l'abri dans le bâtiment principal, MNC attend patiemment que le vent, qui continue heureusement de souffler, dégage les nuages et sèche la piste. La rédaction a des fourmis dans les gants, et ce n'est pas à cause de la Kawasaki cette fois !

Nos deux motos sont chaussées de montes pneumatiques sportives (voir notre tableau "Conditions et parcours") qui ne donnent pas vraiment envie de tourner sur un circuit humide. Ce n'est qu'en début d'après-midi que le tarmac redevient praticable...

En guise d'échauffement, Moto-Net.Com investit la petite boucle supérieure du circuit pendant que des confrères de la presse automobile s'amusent travaillent sur la portion basse avec une Caterham Seven et une Honda CBR1000RR (!).

Long de 1,2 km, notre premier terrain de jeu comprend le plus gros et le plus technique - le plus beau, quoi ! - freinage du circuit, situé au bout d'une petite ligne droite commandée par la première et longue courbe (le "Droit de la ferme", pour les initiés).

C'est à fond de quatre que l'on déboule dans l'entrée du double droit. Au moment de prendre les freins, le pilote Ducati a l'avantage : les cuisses ferment plaquées contre le fin réservoir et les bras solidement ancrés au large guidon, il peut convenablement tirer sur le levier droit tout en guidant précisément sa moto dans cette délicate approche.

Un peu moins bien calé sur la Kawasaki, le pilote doit gérer un transfert des masses supérieur qui ne simplifie pas les choses au moment de remettre un peu d'angle pour plonger dans le second droit. Le mordant des Nissin n'est pas aussi jouissif que celui des Brembo, mais la puissance est bien au rendez-vous.

Plus contrariant, au fil des - petits - tours le levier droit de la Ninja finit par montrer des signes de faiblesse alors que celui de la Panigale - relié aux étriers par des durites tressés - offre une indéfectible constance. Les gros freineurs apprécieront !

En abordant le pif-paf suivant, le rapport de force s'inverse : davantage groupé sur sa moto, le pilote de la 636 efface plus facilement l'enchaînement droite-gauche que son honorable confrère rival acharné, contraint de forcer un peu plus sur le guidon de sa 899.

Plus physique, la Ducati exige aussi plus d'attention que la Kawasaki lorsqu'on négocie des passages bosselés. Parcourant désormais l'intégralité du parcours, Moto-Net.Com s'en rend compte notamment en attaquant le dixième virage du tracé, le "Bois des écuyers".

Une vilaine bosse se trouve juste après la cassure à droite - et en descente ! - qui mène vers ce dixième virage. Passée quasi inaperçue lors de nos nombreux passages avec la japonaise, elle nous a valu une petite frayeur en roulant pour la première fois dessus avec l'italienne...

Alors que la Ninja absorbe le choc sans sourciller, la Panigale tressaute vivement : l'impact sur la roue avant semble transiter sans filtre de l'avant vers l'arrière, remontant la fourche, traversant le cadre, descendant le long de l'amortisseur en direction du bras oscillant et secouant finalement la roue arrière...

Sur la piste, ce soubresaut se traduit par un écart d'un demi-mètre : encore heureux que MNC ne tutoyait pas le bord de piste à ce moment précis ! Du coup, avec la Ducati, on négocie certaines parties du circuit des écuyers avec une marge de sécurité supérieure, donc moins vite.

En passant toute une journée sur circuit, les apprentis "païlotes" pourront revoir les réglages de leurs suspensions. On note à l'occasion que les réglages de la fourche Showa BPF de la Ducati sont très accessibles : hydraulique en tête de fourche, précontrainte au niveau des pieds (si, si !). Comme sur la ZX-6R "tout court".

Sur la Ninja 636, Kawasaki a monté une Showa SFF-BP. Elle enferme toujours un gros piston mais sépare en plus les réglages du ressort (précharge sur le tube gauche) et ceux de l'amortissement et de la détente (hydraulique sur le tube droit). Encore plus rapide et aisé à régler !

Afin de ne pas s'emmêler la souris, le Journal moto du Net préfère conserver les réglages d'origine durant cet après-midi de roulage. Ce faisant, MNC peut confirmer les caractères opposés des deux parties cycles : rigoureuse et nerveuse pour la Ducati, souple et sereine pour la Kawasaki.

Toutes deux bridées à 106 chevaux - pour pouvoir rouler sur route ouverte en France - mais consciencieusement cravachées, les motos ne se quittent plus dans la ligne droite en montée du circuit et dépassent brièvement les 200 km/h avant de plonger dans le grand droit.

Malgré un déficit de 15 Nm, la 636 s'accroche incroyablement bien à la 899 dans les autres petits bouts droits ! Taillé - façon supercarré - pour développer un maximum de puissance, le Superquadro de 898 cc (!) supporte moins bien le bridage franco-français.

Pourtant privé de sa distinctive allonge, le "quatre-pattes" de 636 cc surprend très agréablement. "L'amélioration des performances à tous les régimes est la bienvenue lorsqu'il s'agit de piloter en montagne ou sur piste", signalent les Verts qui ont eu raison d'ajouter 37 - gros - cc à leur Supersport !

On note au passage qu'à l'inverse, les japonais feraient bien de supprimer 37 mm de leur - ridiculement - longue selle pilote : à l'accélération, il est impossible de poser les fesses contre le dosseret de la Ninja, à moins de tendre les bras quasiment au maximum (!). Du coup, le pilote est obligé de se cramponner au guidon.

Avec des modèles en configuration d'origine, la confrontation aurait sans doute tourné à l'avantage de la Panigale (148 ch), mais il n'est pas dit qu'elle aurait pu se défaire de la ZX-6R (137 ch)... D'autant qu'en bout de ligne droite, la Kawasaki encourage son pilote à entrer plus fort dans la courbe bosselée suivante.

En sortie de courbe en revanche, les 99 Nm du bicylindre de Bologne lui auraient peut-être permis de s'éloigner, petit à petit, du 4-cylindres d'Akashi et de son respectable couple de 71 Nm maxi, les béquilles électroniques (Traction Control) permettant aujourd'hui de profiter du plein potentiel des moteurs...

En version française, les modes de puissance ne sont en revanche pas d'une grande utilité. Moto-Net.Com n'a enclenché les modes "Wet" ou "Low" qu'à une seule reprise, pour voir... qu'il n'y avait justement pas grand chose à voir !

Déjà bien assagis au passage de notre frontière - mais quelle frontière, au fait ?! -, les deux moteurs sont parfaitement gérables, même sur le mouillé, dans leurs modes les plus sportifs. À noter que le mode "Race" de la Ducati désactive l'ABS au niveau de la roue arrière : à vous - pas à nous... - les belles glisses de l'arrière !

Plus physique et exigeante, la Ducati n'en est pas moins efficace et exaltante. Boucler un tour propre à son guidon est gratifiant, car ça n'est pas chose aisée : une remise de gaz trop hâtive, un freinage perturbé par un raccord ou une corde attaquée trop tôt sont des erreurs qui ne pardonnent pas sur la Panigale. Pas étonnant qu'on voit si peu de Ducati en endurance moto !

La Kawasaki, au contraire, permet de tourner plus longtemps sans - trop - se fatiguer les muscles ni les méninges : sur la Ninja, on peut se permettre de remettre un petit coup de gaz en milieu de courbe sans trop écarter, de freiner sur l'angle sans avoir à contourner un passage bosselé ou de passer des chicanes sans trop se déhancher d'un côté, puis de l'autre.

Ce n'est qu'une fois le dernier tour de circuit bouclé que Moto-Net.Com s'aperçoit que de lourds nuages se sont de nouveau accumulés au-dessus de la piste... En remontant sur la 636, le pilote Kawasaki craque son pantalon de pluie à l'entrejambe à cause de ce satané réservoir : le retour vers la capitale s'annonce long...

Malgré cet incident et malgré les vibrations qui vont le chatouiller jusqu'à la maison, le Ninja n'échangerait pas sa "ZX-6" contre une Panigale : après une longue après-midi de circuit, l'idée seule de se farcir le vacarme du pot, la position plus radicale et la selle - encore un peu - plus dure lui semble bien trop soûlante. "Enivrante", corrigeront les incorrigibles tifosis !

Remerciements

Moto-Net.Com tient à remercier chaleureusement Franck Guittard et son équipe, qui nous ont accueillis à bras ouverts sur le circuit des Ecuyers. Inaugurée en septembre 2007, cette superbe piste se situe à côté de Beuvardes (02), à environ 100 km au nord-est de Paris (Autoroute A4).

Tracée dans un cadre naturel de 55 hectares, elle est homologuée FFM et reçoit une boucle Alfano ainsi que des transpondeurs. Le circuit fait la part belle au pilotage tout au long de ses 3,5 km (largeur 10 à 12 m) et de ses 3% de dénivelé : physique et offrant de larges dégagements, il mêle virages longs avec beaucoup d'appui à des épingles et autres chicanes serrées, en passant par plusieurs courbes délicates car en dévers.

Le circuit offre en outre des infrastructures et des équipements de qualité : toilettes, douches, vestiaires, grand parking, vastes paddocks, compresseur, distributeurs de boissons et de nourriture. Le top pour passer une journée dans des conditions confortables !

Pas étonnant donc que le circuit des Ecuyers soit le cadre de nombreux stages et journées de roulage organisés par des structures comme Marne Moto Sport et propose aussi des journées Open (libre) deux à quatre fois par mois, pour un coût de 110 € (85 euros pour les adhérents au club des Ecuyers).

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CONDITIONS ET PARCOURS

 
  • Modèles : d'origine, Pack Performance sur la Kawasaki
  • Kilométrage au départ
    • Ducati : 4021 km
    • Kawasaki : 2225 km
  • Pneumatiques :
    • Ducati : Pirelli Diablo Rosso Corsa
    • Kawasaki : Bridgestone S20
  • Route : 310 km
  • Piste : 170 km
  • Consos moy sur route
    • Ducati : 6,3 l/100km
    • Kawasaki : 5,7 l/100km
  • Consos moy sur piste
    • Ducati : 9,3 l/100km
    • Kawasaki : 7,5 l/100km
  • Météo : pluie et soleil, T° douces
  • Problèmes rencontrés : RAS
 
 
 

POINTS FORTS DUCATI 899 PANIGALE

 
  • Allure de 1299 Panigale
  • Efficacité sur belle piste
  • Démultiplication assez courte
 
 
 

POINTS FAIBLES DUCATI 899 PANIGALE

 
  • Tarif de Superbike
  • Nervosité sur route bosselée
  • Volume sonore effrayant
 
 
 

POINTS FORTS KAWASAKI ZX-6R 636

 
  • Meilleur compromis route/piste
  • 4-cylindres bien rempli
  • Prise en main plus facile
 
 
 

POINTS FAIBLES KAWASAKI ZX-6R 636

 
  • ABS en option à 1000 €
  • Vibration sur (auto) route
  • Réservoir très large