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STUPEUR ET TREMBLEMENTS
Paris, le 14 mars 2011

Séisme au Japon : premières conséquences sur l'industrie de la moto

Séisme au Japon : premières conséquences sur l'industrie de la moto

Le séisme du 11 mars 2011 au Japon ne sera pas sans conséquences sur l'activité des constructeurs motos : Honda et Suzuki ont fermé leurs usines tandis que Kawasaki et Yamaha, moins directement touchés, se remémorent la catastrophe de Kobé. Interviews.

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Honda et Suzuki ont publié ce matin deux communiqués officiels suite au désastreux séisme qui a touché le nord-est du Japon vendredi dernier. Les deux constructeurs adressent en premier lieu leurs sincères condoléances aux victimes et à leurs familles, et annoncent qu'ils stoppent leurs activités pendant plusieurs jours.

Des quatre constructeurs japonais, Honda est sans doute le plus directement touché par la catastrophe : ses activités moto sont basées à à Kunamoto, dans le sud-ouest, mais le siège social du groupe se trouve à Tokyo et deux de ses usines (Sayama et Ogawa) se situent à tout juste une heure de moto du centre de la capitale nippone.

"Ce 14 mars, toutes les activités de production ont été suspendues dans les usines Honda suivantes : Sayama (Sayama, Saitama), Ogawa (Ogawa-machi, Hiki-gun Saitama), Tochigi (Moka, Tochigi), Hamamatsu (Hamamatsu, Shizuoka) et Suzuka (Suzuka, Mie)", faisait savoir ce matin le numéro un mondial.

Honda suspend ses activités au Japon

Honda suspendra les activités de ces cinq usines du 15 au 20 mars, ainsi que celle de Kumamoto (Ozu-machi, Kikuchi-gun, Kumamoto) afin de permettre aux employés et à leurs familles de se remettre du terrible séisme.

Il en sera de même pour ses installations de Tochigi, région touchée de plein fouet par le tremblement de terre et désormais menacée par la centrale de Daiichi située une centaine de kilomètres au nord...

Les Rouges signalent par ailleurs qu'ils débloqueront 300 millions de yens pour soutenir les opérations de secours et de reconstruction. Honda livrera également 1000 groupes électrogènes et 5000 cartouches de gaz, et enverra du personnel qualifié afin d'en expliquer le mode de fonctionnement.

Chez Honda France, où l'on a à ce jour "reçu aucun communiqué officiel de Honda Japon ou Honda Europe", il est par conséquent "difficile de commenter ou de mesurer l'implication de ces terribles événements", indique Sébastien Pernel à Moto-Net.Com : "a priori, l'usine et le siège social de Honda moto (situés à Kunamoto, dans le sud-ouest du Japon) n'ont pas subi de dégâts, car ces structures sont éloignées de l'épicentre du séisme".

Ralentissement de l'activité industrielle

En revanche, "nous savons déjà, hélas, que ce n'est pas le cas d'un de nos centres de R&D (situé à Tochigi, au nord de Tokyo, NDLR) où la chute d'un mur a provoqué le décès d'un ingénieur Honda et une trentaine de blessés"...

"Il est évidemment encore bien trop tôt pour se prononcer quant aux conséquences de ces tragiques événements sur la production deux-roues de Honda", poursuit le porte-parole de la filiale française : "le Japon et ses habitants doivent d'abord faire face à cette crise (la plus grave depuis la Seconde Guerre mondiale selon les termes du premier ministre japonais, NDLR), d'autant qu'un seconde séisme pourrait frapper Tokyo dans les jours à venir"...

"Cependant, on peut d'ores et déjà tabler sur un ralentissement de l'activité industrielle du Japon pour des raisons économiques d'une part, mais aussi logistiques et énergétiques étant donné la situation de la centrale de Fukushima et la forte dépendance "nucléaire" du Japon (25 à 30% de la production électrique du Japon provient de centrales nucléaires, NDLR)".

Suzuki stoppe sa production

De son côté, Suzuki - basé plus au Sud à Hamamatsu, comme Yamaha - a décidé de fermer toutes ses usines japonaises : "Suzuki a placé la priorité sur la sécurité de tous ses employés au sein des filiales et des fournisseurs ainsi que celles des membres de leur famille", déclarait solennellement le constructeur ce matin.

La production de motos et scooters mais aussi de voitures, utilitaires, moteurs marins et pièces de fonderie est stoppée au moins jusqu'au 16 mars inclus et "la suite des opérations à partir du 17 sera décidée une fois la situation évaluée", précise Suzuki.

"Le siège de Suzuki Moto et l'usine qui fabrique les moteurs sont situés à Hamamatsu, à mi-chemin entre Tokyo et Osaka, dans le sud. A 50 km de là se trouve également l'usine de montage de Toyokawa. Ces sites n'ont pour le moment pas été touchés par le séisme et le tsunami qui se sont abattus plus au nord, ni par la défectuosité des centrales nucléaires qui fournissent le courant. Mais des difficultés d'acheminement et d'exportation sont sans doute à prévoir à l'avenir", indiquent de leur côté Béatrice Leconte et François Etterlé, les porte-parole de Suzuki France interrogés par Moto-Net.Com.

La secousse, d'une magnitude de 8,9 sur l'échelle de Richter, a en effet ravagé le nord-est du pays et principalement la région de Sendai.

"Certains sous-traitants du nord de l'île de Hong-Shu où s'est produit le sinistre ont été directement victimes", poursuit François Etterlé : "si la production venait à être touchée cela influerait sur nos approvisionnements de la fin de printemps et le début de l'été, mais il est trop tôt pour l'affirmer aujourd'hui".

Yamaha touché dans sa branche nautisme

Du côté de Yamaha, le premier bilan de la catastrophe est rassurant : "nos usines se situent principalement à Iwata à 600 km au sud de Tokyo, donc à environ 1000 km de l'épicentre. Bien que le séisme ait été ressenti de manière très forte au siège, les usines tournaient normalement vendredi et lundi", indique à Moto-Net.Com Eric de Seynes, PDG de Yamaha Motor France. "Il nous faut néanmoins respecter les directives du gouvernement en matière d'économie d'énergie et d'électricité".

Aucune perte humaine à déplorer chez Yamaha Motor, mais "il y a eu en revanche des dommages très importants chez certains distributeurs du nord-est du pays. Ce sont les marinas et les centres nautiques qui ont été les plus touchés", poursuit Eric de Seynes : "les chantiers nautiques au Japon n'alimentent toutefois que le marché national, il n'y aura pas de répercussion en Europe et en France de ce point de vue là".

En ce qui concerne les motos et les scooters aux trois diapasons, il n'y aura pas de conséquence immédiate sur le marché français puisque les modèles prévus pour les mois à venir sont déjà sur les bateaux. "De plus, les ports que l'on a pu voir dévastés à la télévision ne sont pas ceux que nous empruntons pour le fret", ajoute le big boss français.

"Au-delà des conséquences matérielles plus ou moins importantes selon les régions, c'est le traumatisme psychologique subi par la population qui est énorme", souligne Eric de Seynes : "heureusement, on s'aperçoit que la qualité de l'éducation japonaise devrait leur permettre de gérer ce choc de manière optimale".

En outre, Yamaha Motor France se déclare très touché par le nombre de messages de soutien qui affluent depuis quelques jours "de la part des concessionnaires, des clients et des partenaires. Nous nous efforçons de les relayer au Japon".

Le séisme de Kobé, intervenu le 17 janvier 1995, reste naturellement ancré dans toutes les mémoires : "Hamamatsu et Iwata avaient été plus durement touchés. Nous nous demandons quelle sera, en 2011, la capacité du pays à gérer les problèmes logistiques : routes, ports, transports, etc.", s'interroge le responsable de Yamaha Motor France.

16 ans après Kobé, Kawasaki se souvient

Chez Kawasaki, aucune déclaration officielle n'a encore été faite. Mais la filiale française, contactée par Moto-Net.Com, se veut relativement rassurante en ce qui concerne l'activité moto de Kawasaki Heavy Industries (KHI).

"La totalité de la production des motos fabriquées au Japon est assurée sur le site d'Akashi, à une trentaine de kilomètres à l'ouest de Kobé, berceau historique de la marque (1er chantier naval), et donc situé loin de l'épicentre du récent séisme et du tsunami qui l'a suivi", nous indique l'équipe française.

"À l'exception notable de l'usine (très récente) de Honda construite sur l'île de Kyu-Shu, le site de production d'Akashi est d'ailleurs le plus "méridional" géographiquement parlant ", si bien que son activité devrait être moins affectée que celle de ses cousins.

Touché par le séisme de Kobé, Kawasaki ne connaît que trop bien les conséquences directes et indirectes d'une telle catastrophes naturelle. "Si à l'époque, l'usine d'Akashi avait été directement touchée, cela s'était alors limité à des dégâts relativement contenus (fissures de bâtiments, lignes de production désorganisées, etc.) mais sans destruction complète ni écroulement d'unités de production (ce qui n'avait pas été le cas pour l'usine Dunlop de Kobé, elle entièrement détruite)", se souviennent les Ninjas français.

Etonnantes capacités de réaction et d'adaptation des Japonais

"À l'époque, les conséquences industrielles et commerciales de la catastrophe sur l'activité moto de Kawasaki avaient été surtout le fait des difficultés d'approvisionnement de la part de certains sous-traitants ou fournisseurs plus directement impactés par le séisme", poursuit l'un des responsables Kawasaki France qui s'était rendu sur place, "ce qui s'était traduit par des retards variables sur la production de certains modèles, retards heureusement vite résorbés (l'étonnante capacité de réaction et d'adaptation des Japonais aux pires situations)".

Lors d'une visite de l'usine effectuée au début des années 2000, quelques traces subsistantes "mais limitées, telles que des fissures colmatées de certains bâtiments de l'usine" étaient observables. "Mais il est vrai qu'à Kobé même, le visiteur était surpris par la façon dont le coeur de la ville avait été en très peu de temps entièrement reconstruit et réhabilité".

Menace nucléaire...

Sauf que cette fois, l'ombre d'une catastrophe nucléaire plane sur le Japon... L'indice Nikkei de la bourse de Tokyo a ainsi plongé d'un peu plus de six points lors de sa première séance depuis le séisme.

"De graves dysfonctionnements dans des centrales nucléaires de la région ravagée avivent les craintes sur les répercussions de ce désastre sur l'ensemble des entreprises et l'économie japonaise", souligne l'AFP. Qu'en sera-t-il en particulier dans le monde de la moto japonaise ? A suivre : restez connectés...

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