Premier essai Norge GT 8V : Moto Guzzi fignole sa routière

Imposante juchée sur sa centrale, la Norge GT 8V n'attend qu'une seule chose : dévorer la centaine de kilomètres de notre road book... En route !

Les plus d'1m70 grimpent aisément sur l'Italienne (la selle se trouve à 810 mm de hauteur). Un petit coup de reins et d'épaules suffit à la faire descendre de sa béquille. Pour les plus petits, l'opération demande un peu plus de conviction : le bestiau pèse tout de même 257 kg à sec!

Les manoeuvres à l'arrêt ne sont donc pas toujours évidentes, et un caniveau aura vite fait de coincer les pilotes poids plume. Heureusement, les poignées passager offre au besoin une prise sûre et le très bon rayon de braquage limite les manœuvres "à pied".

Une fois démarré, le moteur prend efficacement le relais. Le couple de redressement qui fait pencher la moto sur la droite à chaque coup de gaz au point mort devient imperceptible dès que la moto roule. Un poil dur, l'embrayage se montre suffisamment progressif pour effacer tout à-coup du cardan au démarrage.

Circuler à basse vitesse aux commandes de la nouvelle Norge GT 8V est un exercice rendu facile par l'empattement de 1495 mm et le large guidon. Attention donc à ne pas prendre confiance trop tôt et d'oublier lors des remontées de files que les valises augmentent grandement la largeur de la moto !

Malgré la bonne vingtaine de degrés et un soleil bientôt pesant - oui, le métier d'essayeur moto est difficile -, la Norge isole correctement le pilote des calories évacuées par le gros moteur. Bien que cette remarque soit à confirmer dans des conditions plus chaudes encore, le choix de rabaisser le radiateur d'huile et d'envelopper davantage les culasses semble s'avérer payant.

A contrario, en période hivernale, les poignées chauffantes - livrées de série à l'instar de l'ABS, des valises latérales, de la bulle électrique, de la béquille centrale, de l'ordinateur de bord et de la prise 12 V - seront grandement appréciées !

Maintenu au-dessus de 2000 tr/min, le twin se plie plutôt bien aux exigences des trajets urbains. En outre, le train avant se montre surprenant d'agilité. Le guidon offrant un excellent bras de levier, la Norge se sort très bien - et très vite ! - de la ville : direction les petites routes de Toscane !

La première portion franchie dans les sous-bois des collines italiennes finit de démontrer l'extrême adresse de la Norge GT 8V. Les épingles sont avalées plus qu'aisément, tandis que le moteur offre dès 3000 tr/min des reprises toniques accompagnées de vibrations... et de "bonnes" vibrations !

La bande sonore s'avère un peu moins goûteuse : malgré les efforts fournis par les ingénieurs, les bruits de la distribution sont toujours trop présents et pourront inquiéter - effrayer ? - les novices. Dommage car le silencieux, lui, possède un timbre particulièrement envoûtant !

Le rayon des courbes s'agrandit graduellement au fur et à mesure de l'ascension, ce qui nous permet de tester le grip irréprochable des Pirelli Angel ST - la Norge peut être chaussée d'origine de Dunlop Roadsmart également - et l'allonge du moteur "Otto Valvole".

S'il accepte de monter au-delà des 7000 tr/min synonymes sur la fiche technique des 102 chevaux maxi, ce n'est pas dans ces "hauts régimes" que se trouve la plage d'utilisation du V-Twin. En effet, c'est entre 3000 et 5500 tr/min - régime correspondant aux 104 Nm de couple maxi - que la Norge se montre la plus grisante... voire la plus "Griso", la protection et le confort en plus !