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ESSAIS OFFICIELS MOTOGP MISANO
Paris, le 8 septembre 2022

Le nouveau moteur Yamaha mène Quartararo vers le record aux tests de Misano

Le nouveau moteur Yamaha mène Quartararo vers le record aux tests de Misano

Le leader du championnat MotoGP Fabio Quartararo se rassure avec un chrono record aux essais officiels à Misano (Italie), dans la foulée du GP de San Marin. Marc Marquez, de retour sur sa Honda, se projette déjà vers la prochaine course à Aragon (Espagne dans 15 jours ! 

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Soulagement pour Fabio Quartararo, qui passe de la frustration d'avoir subi la domination Ducati au GP de San Marin à la satisfaction de constater - enfin ! - une vraie progression mécanique sur sa Yamaha lors des essais à Misano, dernière séance officielle 2022 qui s'est tenue mardi et mercredi.

"Ce matin, j'ai pris une bonne aspiration derrière Franco (son coéquipier, NDLR) et la vitesse de pointe était vraiment bonne", décrit le champion en titre qui est grimpé à 298,3 km/h contre 297,5 km/h le même jour pour la puissante Ducati de Francesco Bagnaia, leader la veille. Le gain est palpable par rapport au GP de San Marin puisque sa M1 avait plafonné à 296,7 km/h en qualifications puis à 295,8 km/h en course.

La comparaison est cependant biaisée par l'aspiration dont s'est servi Fabio pour affoler le radar hier matin et par les meilleures conditions d'adhérence offertes par la piste de Misano après deux journées de tests - et de dépôts de gomme - MotoGP. Mais l'essentiel est là : le prototype du 4-cylindres 2023 se montre plus puissant et plus réactif.

Fabio "vraiment content" du nouveau 4-pattes Yamaha

"Je suis vraiment content", se réjouit Fabio, alors que son voisin de box ne tarit pas d'éloges sur ce nouveau "4-pattes" : "Le moteur représente un clair pas en avant : tout ce qu'on pouvait désirer est arrivé", estime Franco Morbidelli… qui n'est toutefois pas en position de faire la fine bouche au regard de la médiocrité de ses résultats (19ème au provisoire) !

Yamaha s'est donné les moyens d'inverser la vapeur avec notamment l'embauche d'un consultant expérimenté pour booster son 4-cylindres en ligne : Luca Marmorini, qui a dirigé le département moteur de Ferrari en F1 avant de prêter main-forte à Aprilia sur le V4 de sa RS-GP. Situation inédite pour une marque japonaise jusqu'ici peu portée sur le partage de secrets techniques...

L'arrivée de l'ingénieur italien, présent à Misano pour ces tests, est un signal qui a achevé de convaincre Fabio des intentions de Yamaha : "J'avais des doutes, et c'est pour ça que j'ai mis du temps à prolonger mon contrat", confesse-t-il. "Mais ils m'ont convaincu d'un gros changement sur le moteur : aujourd'hui, j'ai senti ce changement et ça se ressent jusqu'à l'ambiance dans le box".

Autres évolutions appréciées par le français pendant ces essais : des modifications aérodynamiques et électroniques jugées prometteuses, ainsi qu'un nouveau châssis que Fabio utilisera peut-être dès la prochaine course en Aragon (Espagne) le 18 septembre prochain. 

Mercato des chefs-mécanos MotoGP…

Le marché des transferts n'est pas seulement animé côté pilotes : la valse des chefs mécaniciens s'active aussi en coulisses, notamment chez Ducati. Enea Bastianini accuse le coup du départ de son ingénieur Alberto "Pigiamino" Giribuola chez KTM : "une douche froide", admet le pilote Gresini, qui récupère le chef-mécano de Johann Zarco pour son entrée dans l'équipe officielle Ducati.

Johann sera donc séparé de Marco Rigamonti après trois années de collaboration réussies et fructueuses… Son remplaçant n'est pas connu à ce jour.

A noter aussi que José Manuel Cazeaux, actuel chef-mécano d'Alex Rins, rebondit chez Aprilia auprès de Maverick Viñales suite à la décision de Suzuki de quitter le MotoGP. 

Record officieux pour Fabio, doigt cassé pour A. Espargaro

Le niçois - gonflé à bloc par ces nouveautés positives - s'est montré intraitable au chrono : 1'31.054, soit 11 millièmes plus vite que le record absolu que Francesco Bagnaia détient depuis 2021 ! La référence du pilote Ducati reste toutefois en vigueur à Misano puisque les records ne sont enregistrés qu'à l'occasion des week-ends de course. 

Fabio repousse son premier poursuivant à 0,381 sec : Maverick Viñales - en grande forme avec trois podiums en quatre courses - est deuxième en 1'31.435 sur l'Aprilia, qui n'a pas testé énormément d'évolutions hormis son original aileron sur la coque arrière déjà aperçu lors des tests précédents. 

La marque de Noale enregistre par ailleurs un revers contrariant : son pilote vedette, Aleix Espargaro, s'est fracturé l'auriculaire gauche dans une chute à haute vitesse dans le virage 13. D'après les premiers examens, pas besoin d'intervention chirurgicale : "ça n'est rien : je vais juste me reposer un peu jusqu'à Aragon", rassure Aleix Espargaro.

Rappelons que le pilote espagnol - qui a perdu dimanche la 2ème place du provisoire au profit de Bagnaia - s'était déjà fracturé le talon droit lors d'un violent highside au GP de Grande-Bretagne. Le n°41, pourtant dur au mal, n'est plus remonté sur le podium depuis les trois courses qui ont suivi…

La consigne chez Ducati : focus sur 2022 !

Ducati s'est de son côté montré modérément actif pendant ces deux jours : aucun pilote de la marque Rouge n'a même repris la piste hier après-midi, ce qui doit être considéré dans la domination de Fabio. Le français - qui a claqué sa pendule après le déjeuner - aurait-il eu autant de facilités avec Bagnaia, Bastianini, Miller, Zarco and Co en piste ?

Le constructeur de Bologne s'est en réalité concentré sur sa saison en cours, sans étrenner de réelles nouveautés pour 2023 : la tension règne dans le clan Ducati, revenu dans la course au titre grâce aux quatre succès consécutifs de son chef de file Francesco "Pecco" Bagnaia. Pas question de se disperser, d'autant que la Desmosedici n'a pas spécialement besoin d'améliorations !

"Enea a pris trop de risques et cela ne nous plaît pas", a par ailleurs commenté le dirigeant de Ducati après l'arrivée ultra-serrée du Grand Prix de San Marin, quand son pilote satellite Enea Bastianini a lutté jusqu'au bout contre son futur coéquipier Bagnaia (34 millièmes à l'arrivée !). Au point de passer près de l'accrochage : trop près pour Domenicali…

"Enea aurait pu s'épargner ce freinage dans le dernier tour : ça fait partie de la nature du pilote, bien sûr, mais il y a 150 personnes qui travaillent à l'usine sur ce projet", s'agace Claudio Domenicali. "Des résultats sont à ramener à la maison, donc Il faut essayer de travailler pour l'équipe : que le meilleur gagne, mais sans faire de bêtises".

En clair : le dirigeant italien reproche à "Bestia" d'avoir fait sa course, ce qui ressemble fort à une consigne d'équipe. Attitude d'autant plus détestable que Ducati aligne le plus gros contingent de motos (8, soit un tiers !) et que Bastianini est encore en lice pour le titre d'un point de vue mathématiques.

Bagnaia ne veut pas de "tapis rouge"

Le pilote Gresini est quatrième au provisoire derrière Quartararo, Bagnaia et Espargaro, à 73 points du leader : écart important, certes, mais pas impossible à combler sur les six courses restantes si la situation venait soudainement à être chamboulée… Chutes, casses, coups de mou : les aléas potentiels sont nombreux en sports mécaniques.

Conscient de la portée des propos de Domenicali, le team manager de Ducati Corse est venu calmer le jeu pendant les essais de Misano : "Enea a juste reçu le conseil de ne pas faire de choses dangereuses, mais il est libre de gagner", assure Davide Tardozzi, alors que Pecco Bagnaia refuse lui les coups de pouce "internes"...

 "J'ai déjà dit à mon équipe que je ne voulais pas de consignes d'équipe en ce moment : les consignes ne doivent éventuellement s'appliquer qu'à la dernière course", assure le n°63. "Cette polémique est par ailleurs inutile : Enea avait de la marge sur son freinage - Ducati a pu le vérifier sur les données - c'est juste la vue d'hélicoptère qui fausse la perception".

Marc Marquez de retour sur sa Honda

Autre fait remarquable de ces deux jours d'essais sur la côte adriatique : le retour tant attendu de Marc Marquez au guidon de sa RC213V officielle, après un peu plus de trois mois d'interruption suite à sa quatrième opération à l'épaule ! 

Rappelons que le n°93 est toujours le premier pilote Honda au provisoire (15ème) malgré son absence depuis le GP d'Italie, et que son intervention aux États-Unis était jugée comme celle de "la dernière chance". Cette opération visait à remettre son humérus droit dans le bon axe afin que l'espagnol recouvre cette liberté de mouvements qui lui faisait défaut.

L'espagnol a cette fois scrupuleusement suivi les consignes du corps médical : Marquez est longuement resté le bras en écharpe avant de reprendre gentiment l'entraînement. Le n°93 s'est ensuite jaugé fin août sur une CBR600RR : test satisfaisant, semble-t-il, puisqu'il a pris l'avion dans la foulée direction Misano, pour annoncer sa présence lors des tests post-course !

Honda - dernier au classement constructeurs MotoGP - accueille son retour avec d'autant plus d'enthousiasme qu'aucun autre de ses pilotes ne s'est imposé depuis les déboires de son chef de file. Son coéquipier Pol Espargaro n'a signé qu'un podium lors de la course d'ouverture au Qatar avant de sombrer dans le bas du classement (17ème au provisoire).

Le HRC travaille d'arrache-pied pour inverser la tendance, mais à l'aveugle sans les précieux retours de Marc Marquez. Autre considération stratégique : Pol Espargaro et Alex Marquez sont en partance pour KTM et Ducati l'an prochain, donc pas question pour Honda de leur faire tester des évolutions 2023 ! Quant à Nakagami, son sort n'est pas encore scellé chez LCR…

Bref, revoir Marc Marquez sur sa RCV ressemble à Jésus qui marche sur l'eau pour Honda ! Le pilote catalan a bouclé 39 tours le premier jour puis 61 tours le second, soit un total équivalent au nombre de journées passées à l'écart du paddock. Le n°93 termine au 7ème rang à 1,2173 sec du leader, derrière Takaaki Nakagami (4ème) et son frère cadet Alex (6ème).

Marc Marquez au GP d'Aragon ?

Marc Marquez s'est contenté de sorties assez courtes, de quatre tours environ, pour préserver son capital physique. D'abord sceptique sur ses possibilités de disputer une course dans un avenir proche, il est ensuite revenu sur ses propos en admettant songer à participer au prochain Grand Prix en Aragon !

"Maintenant, le but est juste d'observer les réactions du bras au cours des deux ou trois prochains jours parce qu'il y a deux possibilités après un gros effort : soit la douleur reste présente, soit elle diminue et le muscle se renforce", a fait savoir Marquez. "Dimanche ou lundi, je comprendrai si ça aura du sens d'essayer d'être en Aragon ou s'il vaut mieux rester patient et calme".

Pour mémoire, le circuit Motorland d'Aragon est de type anti-horaire soit un format qui réussit particulièrement à Marc Marquez (idem à Austin ou le Sachsenring)… L'an dernier, malgré son bras douloureux, l'espagnol avait été le seul à pouvoir suivre le rythme du vainqueur Pecco Bagnaia. 

A noter enfin que Michelin est venu avec un nouveau pneu avant, qui cherche à concilier le grip d'une gomme tendre "au maintien du médium", explique le fournisseur unique du MotoGP. Les pilotes s'en sont montrés satisfaits : cette nouveauté devrait donc être introduite l'an prochain.

Cette séance d'essais officielle était la dernière de la saison 2022 : la prochaine est prévue après la finale à Valence (Espagne) début novembre, mais elle concerne la campagne 2023 avec l'entrée en piste des nouveaux venus et les changements d'équipes et de motos des actuels titulaires.

Rappelons par ailleurs que la saison 2023 ne débutera pas au Qatar comme depuis 2007, mais sur le circuit Portimao au Portugal : des travaux sont prévus sur le circuit de Losail, qui migre à la fin du calendrier provisoire. Restez connectés !

Résultats du deuxième jour d'essais MotoGP à Misano

Résultats du premier jour d'essais MotoGP à Misano

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