La toute nouvelle moto sportive de Yamaha débarque en ce moment dans les concessions françaises. Mais c'est à l'autre bout du monde, en Australie, que Moto-Net.Com a découvert la Superbike 2015 d'Iwata, dans ses deux versions R1 et R1M. En piste !
Rappelez-vous la première Yamaha YZF-R1 : 150 chevaux pour 177 kg à sec, un gabarit compact et une gueule incroyable. En introduisant cette formidable Superbike en 1998, la firme d'Iwata plongeait les motos sportives dans le troisième millénaire... avec deux ans d'avance !
R1 et R1M 2015 : disponibilité, coloris et tarifs |
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Passée à l'injection électronique en 2002 (avec un gain de 2 chevaux au passage), renouvelée et reconnaissable à son double pot sous la selle en 2004 (172 ch d'après la fiche constructeur), équipée du 4-soupapes, de l'admission variable, du ride-by-wire et de l'embrayage antidribble en 2007 (180 ch), la R1 se distinguait à nouveau du reste de la production en 2009 en intégrant le calage Crossplane de la M1.
Essai de la nouvelle Yamaha R1 en vidéo | |
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Mais les arrivées successives sur le marché - et sur les circuits - de motos plus agiles, plus puissantes et/ou plus sophistiquées (Aprilia RSV4, BMW S1000RR et Kawasaki ZX-10R, notamment) ont fait du tort à l'YZF-R1... Les Bleus se devaient de réagir !
Alors qu'en 2012 Yamaha nous présentait à Valence sa "nouvelle" R1, une simple évolution du modèle 2009 équipée d'un inédit contrôle de traction (lire notre Essai MNC de la R1 2012 : pas de révolution dans l'R), les ingénieurs restés à Iwata jetaient secrètement les bases de leur prochaine Superbike, celle qui leur permettrait de revenir au premier plan !
"La création de cette toute nouvelle moto nous a demandé trois ans", explique à Moto-Net.Com Leon Oosterhof, responsable des produits Supersport chez Yamaha. "Notre modèle de référence était notre prototype alors engagé en MotoGP : la M1 de 2012".
Le célébrissime n°46 a d'ailleurs contribué au développement de la R1 2015, tandis que le n°99 est resté beaucoup plus distant... "Valentino a beau être parti deux ans (chez Ducati en 2011 et 2012, NDLR), c'est lui qui avait validé le calage Crossplane pendant l'intersaison 2003-2004", tente de justifier notre interlocuteur sans évoquer le caractère bien plus "bankable" de l'italien face à son coéquipier espagnol...
Yamaha n'aurait donc pas oublié que c'est grâce à Rossi - à Burgess et à ses hommes - que la M1 a fini par atteindre son objectif, sa "Mission 1" : remporter le titre en catégorie reine des Grand Prix Moto. Qui mieux que Vale pouvait donc aider le constructeur japonais à produire la meilleure des Superbike ?
Finalement, les bons soins prodigués par "The Doctor" - un peu - et les ingénieurs nippons - surtout ! - semblent avoir porté leurs fruits. Sur le papier, alors que la R1 affichait l'an dernier des caractéristiques plutôt modestes pour une Superbike (182 chevaux pour 206 kg), la version 2015 se montre bien plus affutée !
Partis pour ainsi dire d'une feuille blanche (lire notre Point technique page 4), les Bleus nous livrent cette année une sportive dont le "CP4" développe 200 chevaux sans l'admission d'air forcée et dont le poids tous pleins faits se limite à 199 kg.
Seule la valeur de couple maxi est moins bonne : 112,4 Nm à 11 500 tr/min sur la R1 nouvelle génération contre 115,5 Nm dès 10 000 tr/min sur l'ancienne. Les pistards toutefois, qui représentent le coeur de cible de cette machine homologuée pour la route mais destinée à la piste, ne s'en plaindront guère.
Pour que leur moto atteigne de nouveau le sommet de la hiérarchie des Superbike, Hideki Fujiwara (Project Leader) et son équipe ont également beaucoup travaillé sur l'électronique, un facteur devenu clé dans la conception d'une - très - bonne moto de sport.
"L'emploi de systèmes de commande électronique issus du MotoGP matérialise une avancée significative dans la conception de machines Superbike", estime Yamaha avant de certifier que "la nouvelle YZF-R1 se distingue également de ses concurrentes pour cette raison".
Ride-by-wire (YCCT), admission variable (YCCI), cartographies moteur (PWR), contrôle de traction (TCS), système d'assistance au départ (LCS), quickshift (QCS) : les acronymes changent d'un constructeur à l'autre, mais les principes sont bien connus des motards "sportifs". Cependant, il faut reconnaître que la R1 se différencie par certains points.
"Dotée du premier capteur inertiel (IMU, Inertial Measurement Unit) sur six axes inédit sur une moto de série, la R1 inaugure une nouvelle ère numérique", insistent les Japonais (précisons au passage que cet instrument placé sous les fesses du pilote et sur la batterie ne doit en aucun cas être déplacé, sous peine d'être inopérant !).
Le système breveté d'antidérive notamment (surnommé SCS pour Slide Control System) se veut plus performant que son propre TCS - bien que ce dernier prenne désormais en compte l'angle de la moto - et que tout autre système embarqué sur ses rivales. Non content de prévenir les "highsides", il permettrait au pilote de glisser gentiment de l'arrière...
De même, l'anticabrage (LIF) se veut plus fin dans la gestion des wheelings à la réaccélération. Si cela s'avère correct, la Yamaha disposerait d'un précieux atout face à certaines machines de la concurrence parfois brutales dans leurs interventions.
"Pour la première fois, chacun peut bénéficier de technologies précédemment réservées aux pilotes d'usine, tels Valentino Rossi et Jorge Lorenzo au guidon de leur YZR-M1", résume le constructeur... qui est allé même un peu plus loin !
Au niveau du freinage en effet, la R1 innove en embarquant un ABS intégral qui couple automatiquement le frein arrière au frein avant et modère la puissance du seul frein arrière en courbe, afin d'éviter les "lowsides" cette fois. Si la Super Ténéré bénéficiait déjà d'un ABS-UBS, il s'agit d'une première sur une sportive Yamaha.
De même, sur la version spéciale R1M (lire notre Présentation MNC de la Yamaha YZF-R1), les suspensions Kayaba de la R1 "tout court" cèdent leur place à un ensemble Öhlins "ERS" (Electronic Racing Suspension) dont l'hydraulique est gérée électroniquement, de manière tout automatique ou manuelle, au choix du pilote.
Interdite en WSBK dans la catégorie Superbike, cette configuration est autorisée en Superstock 1000 : on a hâte de voir ce que nos compatriotes Florian Marino (Équipe MRS) et Jérémy Guarnoni (Team Trasimeno) vont réaliser au guidon de leurs R1M cette saison (lire MNC du 20 janvier 2015 : la Yamaha R1 2015 en rodage avec Marino et Guarnoni en STK1000).
Pour voir la R1 défier ses concurrentes au plus haut niveau - en SBK, donc -, il faudra attendre une petite année. Devant la caméra de Moto-Net.Com, Alexandre Kowalski explique en effet que Yamaha ne souhaitait pas précipiter son - grand ! - retour en Superbike.
Sur le plan commercial cependant, la R1 se jette dans la compétition dès ce mois-ci. La lutte s'annonce intense car les volumes de ventes sur le créneau de l'hypersportive sont extrêmement bas en France, et que d'autres alléchantes nouveautés débarquent en même temps chez la concurrence (Aprilia, BMW, Ducati)...
Au premier coup d'oeil toutefois, il apparaît que la Yamaha dispose d'un atout maître : sa bouille ! La R1 est en effet la seule "Superbike" du marché à reprendre les traits du prototype de sa marque engagé en Grand Prix. Et même si son carénage plus ouvert ou son dosseret ajouré diffèrent de la M1, il est difficile de ne pas tomber sous le charme...
Particulièrement vicieux malins, les Bleus ont d'ailleurs monté le box du team d'usine de MotoGP - celui de Rossi et Lorenzo ! - dans les stands du circuit d'Eastern Creek en Australie, où a lieu la présentation mondiale de cette nouvelle Yamaha.
Deux exemplaires (une R1 et une R1M) y sont exposés, entourés par des pupitres sur lesquels trônent les plus belles pièces de cette nouveauté 2015 : le "CP4" bien sûr, mais aussi le réservoir entièrement poli, la vaste boîte à air, la magnifique fourche Kayaba, les minuscules feux à LED, la visserie alu extrêmement légère, le carter d'huile en magnésium plus léger encore, etc.
Moto-Net.Com a beau fouiller dans les moindres recoins, il manque quelque chose... Ou plutôt quelqu'un : "pardon M. Yamaha, mais votre développeur "Valentino" n'est pas là ? Non ? Dommage, on aurait bien aimé lui poser quelques questions sur la R1 et lui demander quelques conseils sur les trajectoires à suivre..."
C'est donc sans Rossi - mais avec les pilotes d'essai Yamaha - que Moto-Net.Com a pris la piste. Pour nous permettre d'entrevoir le potentiel de sa nouvelle sportive, Yamaha a programmé cinq sessions de 20 minutes sur le circuit australien (4,5 km de bonheur !). Un petit tour de R1, ça vous dit ? En selle !
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CONDITIONS ET PARCOURS | ||
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POINTS FORTS R1 2015 | ||
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POINTS FAIBLES R1 2015 | ||
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