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Majorque (Espagne), le 9 décembre 2016

Essai Yamaha MT-09 2017 : plaisirs mult(r)iples !

Essai Yamaha MT-09 2017 : plaisirs mult(r)iples !

Devenue un best-seller en seulement quatre ans, la Yamaha MT-09 fait le plein d'évolutions positives pour 2017 : design revu, ergonomie améliorée, équipements en hausse... Et son trois-cylindres de 847 cc, dans tout ça ? Rassurez-vous : Euro4 ne lui a rien fait perdre de son excitant caractère ! Essai.

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Page 2 - Dynamique : plus de rigueur et d'efficacité

Départ de l'essai sur le front de mer, à quelques encablures de Palma de Marjorque (Baléares) : le soleil brille dans un ciel pour l'instant dégagé, les températures sont incroyablement douces (jusqu'à 18°C : bonjour le choc thermique pour un essayeur parisien !) et la MT-09 2017 se joue de la circulation urbaine, forte de son agilité hors pair qu'elle tient de son cadre et de sa géométrie sportive, alliés à son poids plume de 193 kg. 

Malgré une hausse de 2 kg justifiée par ses nouveaux équipements, la Yamaha continue à complexer ses rivales japonaises comme la vieillissante Honda CB1000R (222 kg) et la récente Suzuki GSX-S1000 (209 kg). Même la nouvelle Z900, pourtant allégée de 18,5 kg, devra rentrer le ventre avec ses 210,5 kg ! Seule la concurrence européenne rivalise, à l'image de la fluette Street Triple (182,5 kg) qui tire aussi profit de ses 172 cc de moins. La donne diffère avec le roadster de plus forte cylindrée chez Triumph, la Speed Triple de 1050 cc, qui avoue 212 kg . 

Faire virer la MT-09 est d'autant plus évident que son large guidon peu cintré lui confère un important bras de levier. Une légère pression sur ses repose-pieds - fixés assez hauts - suffit aussi à faire basculer ce véritable jouet de pif à paf, sans aucune hésitation ni inertie. La MT-09 ne plonge pas en courbe : elle s'y rue avec frénésie et spontanéité, comme si elle avait un compte personnel à régler avec le point de corde !

Il en résulte une stupéfiante impression de légèreté et de vivacité, omniprésente dans toutes les phases de pilotage. Presque trop dans certains cas, comme lors de changements d’angle à haute vitesse... Rester souple sur la direction et porter du poids sur l’avant est impératif lors des manoeuvres gaz en grand, sous peine de sentir le train avant délester sous les coups de boutoirs du moteur CP3. 

A cet instant, les bénéfices de la position de conduite reportée sur l'avant grâce à la selle surélevée se font apprécier : cela permet de naturellement "charger" le train avant, réflexe plus difficile à réaliser précédemment en raison d'une position hybride, entre roadster et trail. Et ce gain en dynamique ne dessert pas trop l'accessibilité (un pilote d'1,75 m touche à plat des deux côtés) car la moto reste redoutablement fine à l’entrecuisse grâce à sa compacité générale et à son petit réservoir de 14 litres. 

En revanche, cette selle redessinée et aplatie s’avère passable au chapitre du maintien et du confort : peu rembourrée, elle forme une sorte de cuvette sur sa partie avant, pas très agréable au freinage. Enfin, terminons ce chapitre ergonomie en regrettant que le mollet droit vienne facilement au contact du carter d’embrayage à l’arrêt.

Vitaminée et ludique, mais pas toujours précise

Quelques virages suffisent pour constater que la nouvelle fourche absorbe bien mieux les transferts, plongeant nettement moins au freinage. En revanche, elle remonte un tantinet trop vite au lâcher de frein, ce qui perturbe la précision directionnelle au début de l'inclinaison. Bonne nouvelle : ses possibilités d'ajustements supplémentaires devraient permettre d'établir un meilleur compromis, du moins en accord avec les préférences de chacun.

Autre point positif : la suspension arrière a elle aussi progressé grâce à de nouveaux tarages plus rigoureux. Sa fâcheuse tendance à se désunir et s'avachir sous de fortes contraintes est pratiquement effacée, mais pas totalement : en conduite "rallye", les sorties de courbes plein gaz finissent par mettre à mal la tenue du ressort, dont la configuration préserve le confort au détriment de l'efficacité pure. 

Avec ses réglages d'origine - MNC n'a pas eu le temps d'en tester d'autres -, la MT-09 2017 reste un cran en deçà des références sportives, comme la Street Triple : si la Yamaha s'avère tranchante comme un scalpel, ses "incisions" sur le bitume n'ont pas la rigueur de l’instrument chirurgical. Néanmoins, ses progrès sont flagrants et louables, surtout au niveau de la cohésion d'amortissement entre l'avant et l'arrière qui est désormais hors de critique. 

Au chapitre du freinage, pas de changement puisque le dispositif constitué d'étriers radiaux à 4-pistons à l'avant est identique à 2016. La MT-09 conserve sa forte puissance de ralentissement et une attaque franche au levier droit, mais son mordant demande du doigté en raison d'une course morte importante. L’arrière est parfait, à l’exception du fait que la pédale soit fixée un poil haut.

Mais le plat de résistance de cet essai, c'est évidement le moteur de la MT-09, véritablement l'âme de cette moto incroyablement fun (voir notre Smart-vidéo en direct). Pas du tout castré par son passage à Euro4, le "3-pattes" reprend au ralenti sur tous les rapports, relance en souplesse de 2000 à 4000, puis propulse la moto avec une hargne jouissive de 6000 aux 11 500 tr/mn du rupteur. L'inertie et la mollesse, le CP3 ne connaît pas !

115 ch de feu !

Lever la roue avant d'un bon coup de gaz en deuxième est une formalité, comme sur une moto de plus forte puissance. Au regard de ses accélérations foudroyantes, on en vient en effet à oublier que le moteur ne développe "que" 115 ch. Entre deux virages négociés tambour battant la bave banane aux lèvres, MNC se dit qu'avec un tel rendement, cela suffit amplement !

Calé à 90 km/h en sixième à 3750 tr/mn (5250 tr/mn à 130 km/h), ce moteur aussi vif que vivant possède en outre la qualité de peu vibrer (à peine quelques frémissements sous les pieds à l’accélération). Le nouvel embrayage est d'une douceur exquise (merci le nouveau dispositif anti-dribble !), mais son point d’accroche est assez éloigné, rendant parfois délicat la gestion du patinage des disques.

L'inédit shifter se révèle quant à lui efficace et agréable, bien que moins réactif et doux que celui de la R1. Rien de vraiment étonnant, même si Yamaha assure que ce dispositif dérive de sa Superbike. A quelques reprises, le verrouillage à la descente s’est en revanche montré accrocheur : d'une manière générale, la sélection pourrait gagner en fluidité et en douceur. 

Même constat pour le calibrage de l'injection, encore perfectible malgré de réels progrès par rapport aux premières versions. La remise des gaz manque d'un soupçon de progressivité et de transparence pour pleinement convaincre, y compris sur le mode le plus doux ("B"). Le "A" est franchement brutal, tandis que le "Standard" se situe en logiquement entre les deux (tous les détails électroniques en page 4).

Avec l'habitude, cette ouverture des gaz finit par s'apprivoiser à défaut de se faire complètement oublier. La progression apparaît à ce titre sensible par rapport au modèle précédent. Mais dans certaines circonstances, son comportement rugueux reste gênant, comme lors de manoeuvres exigeant du doigté ou sous la pluie et sur un bitume glissant, ce qui fut le cas lors de la deuxième partie de notre essai !

Dans ces conditions d'adhérence précaire, la liaison entre l'accélérateur et la roue arrière doit être la plus fine et précise possible. Or, ces deux qualités ne sont pas encore totalement acquises par le ride-by-wire de la MT-09, surtout sur les phases "coupures-remises" des gaz. On se console avec son excellente motricité, qui réduit à la portion congrue les discrètes interventions de son contrôle de traction. 

Verdict : le meilleur rapport prix/sensations !

Mieux équipée et mieux suspendue, la MT-09 réalise un sans-faute pour la première transformation de sa jeune carrière. Par ailleurs, même si ses retouches stylistiques ne seront pas du goût de tous, elles apportent de l'équilibre à sa ligne. Sans parler de son éclairage full LED, à la fois plus sophistiqué et efficace : "grâce" à la pluie et à la sombre couverture nuageuse, MNC a pu constater la très bonne portée de son faisceau.

Autre motif de satisfaction : sa fougue moteur restée intacte malgré le passage à Euro4. Rares sont les motos à délivrer des sensations mécaniques d'une telle intensité, surtout dans cette tranche de puissance : certaines rivales de plusieurs dizaines de chevaux supplémentaires n'en offrent pas autant, pénalisées par leur poids supérieur. En cela, la MT-09 n'a rien perdu de son côté ludique, voire un rien "garce" : de toutes les motos de la production japonaise, elle compte parmi les plus délurées et sensationnelles, au sens propre du terme.

Au regard de ses qualités, annoncer un carton commercial ne constitue donc pas une grosse prise de risques pour MNC ! Surtout quand on intègre son tarif dans l'équation : 8999 €, soit 709 euros de plus qu'à sa sortie fin 2013. Une hausse importante au premier abord, mais qu'il convient de mettre en perspective de ses évolutions : anti-patinage (en 2016), shifter, embrayage anti-drible, fourche de meilleure qualité... Quelles sont les concurrentes qui peuvent en dire autant à ce niveau de prix ?

Au final, même si son amortisseur arrière pourrait se montrer un peu plus rigoureux et que son ride-by-wire gagnerait à être plus précis, la somme des qualités de la MT-09 l'emporte très largement sur ses quelques faiblesses. Un plébiscite parfaitement mérité pour Yamaha, qui récolte légitimement les fruits de son audace quand d'autres continuent à payer leur immobilisme face à la crise...

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CONDITIONS ET PARCOURS

 
  • Pneus : Bridgestone S20
  • Kilométrage au départ : 816 km
  • Parcours : petites routes près de Palma de Majorque
  • Météo : 110 km sous le soleil et 18° puis 150 km sous la pluie et 11°C...
  • Problèmes rencontrés : RAS
 
 
 

POINTS FORTS MT-09 2017

 
  • Agilité redoutable

  • Equipements en hausse

  • Fort caractère préservé malgré Euro4

 
 
 

POINTS FAIBLES MT-09 2017

 
  • Agrément de l'injection encore perfectible

  • Selle moyennement confortable

  • Vivacité à bien intégrer avant l'arsouille !