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INTERVIEW
Paris, le 15 septembre 2020

Wilfried Delestre, grand chef du Flat Track en France

Interview de Wilfried Delestre, grand chef du Flat Track en France

Soutenu depuis deux ans par la marque de motos américaines Indian, le pilote français Wilfried Delestre vient de remporter son sixième titre national en Flat Track. Aussi rapide sur piste qu'au clavier, Wilfried nous présente la discipline qu'il cherche à développer en France, notamment grâce à son école 552 Moto School. Interview MNC.

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Moto-Net.Com : Félicitations pour ton sixième titre d'affilée en Flat Track ! Explique-nous d'abord les différences entre Flat Track, Dirt Track, Short Track, Long Track... La course sur piste, c'est assez flou pour les motards français !
Wilfried Delestre :
J'ai également mis un peu de temps à tout comprendre... La Commission des courses sur piste de la FFM ou de la FIM regroupe l'ensemble des disciplines qui concourent sur des anneaux. Le Speedway (pistes cendrées de 420 mètres maximum) en est la discipline phare avec des épreuves internationales qui remplissent des stades entiers. Ensuite arrive le Long Track (ou Grass Track, le Motocross du Speedway, pistes en herbes ou cendrées de plus de 420 mètres) et le Flat Track (pistes en terre ou cendrées de 250 à 1600 m). Le Dirt Track et le Short Track sont des noms qu'on peut donner au Flat Track, suivant quelques variantes : généralement les pneumatiques, 17 pouces Supermoto ou pneus tout-terrain pour les épreuves qui se déroulent sur des pistes en herbe.

MNC : Le Flat Track a bénéficié en Europe d'un effet Marquez avec les Superprestigio de Barcelone. Une épreuve était même prévue à Paris fin 2018. L'intérêt pour la discipline est toujours là ?
W. D. :
J'ai eu la chance de participer à la dernière édition du Superprestigio à Barcelone en 2017. Venant du Motocross, c'était comme me retrouver à Bercy ! Rouler en "indoor" avec les stars du MotoGP et deux des meilleurs pilotes américains, c'était dingue ! J'avais été prévenu seulement trois semaines avant l'événement, je suis arrivé là-bas sans roulage depuis deux deux mois et demi mais j'ai profité de chaque instant. Cet événement a été un tremplin pour le Flat Track en Europe, les gens comprenaient mieux ce que je pratiquais comme discipline. La vague néo-rétro a également aidé cette évolution... et nous n'en sommes qu'au début !

MNC : Quel est ton parcours sportif ?
W. D. :
J'ai commencé la moto très jeune, vers 4 ans. Mon père participait à des épreuves Ufolep et j'étais souvent sur les circuits. J'ai participé aux championnats de Ligue des Pays-de-la-Loire de Motocross jusqu'en 2011, avec plusieurs podiums finaux. J'ai également participé aux championnats de France Minivert, Cadet, National et Élite MX1 jusqu'en 2007. J'ai fait ma première saison Flat en 2012 et j'ai eu mon premier titre en 2015.

 Interview de Wilfried Delestre, le grand chef du Flat Track en France

MNC : Les n°55 et 552, ça vient d'où ?
W. D. :
Le n°552 m'avait été attribué par la FFM pour les championnats de France. Je l'ai gardé jusqu'en 2007 où j'ai pris un énorme crash lors du Supercross de la Bosse de Bretagne. J'avais arrêté de rouler jusqu'en 2010, mais je réalisais quelques peintures style street art et je signais mes tableaux "552". Lorsque je suis revenu à la compétition en Ligue Pays-de-la-Loire, la catégorie MX1 ne pouvait prendre que des numéros impairs. J'ai donc choisi le 55.

MNC : Le n°155, celui du pilote Suzuki Etienne Masson, ça te dit quelque chose aussi ?
W. D. :
Oui bien sûr ! J'ai rencontré Étienne lors d'un salon du deux-roues à Lyon. On s'est recroisé sur des roulages Flat Track de Vintage Racing Spirit à Mâcon et on a sympathisé.

MNC : Qu'est ce qui te plaît tant dans le Flat Track ?
W. D. :
Venant du Motocross, la transition a été assez rapide car j'avais gardé la même moto mais avec les modifications nécessaires pour rouler en Flat. La grosse différence a été cette sensation de vitesse et de glisse constante qu'on ne peut pas avoir en MX.

MNC : Le championnat de France compte trois principales catégories : Tracker, Dirtbike et Powerbike dans laquelle tu concours. Peux-tu nous les décrire ?
W. D. :
La catégorie Tracker est celle des prototypes de moins de 750 cc. On peut y retrouver aussi bien des 600 DR, des 600 CCM ou encore des 500 Caballero. On pourrait également y retrouver les motos des catégories Twin Production ou SuperTwin de l'American Flat Track. Cette catégorie est pour le moment la plus ouverte, il faudra attendre les saisons à venir pour peaufiner tout ça. La catégorie Dirtbike regroupe toutes les motos Tout-Terrain (MX ou Enduro), modifiées pour le Flat. Enfin, la catégorie Powerbike met en avant les grosses cylindrées : minimum 650 cc, bicylindre, moteur et cadre d'origine. Certainement avec un poids minimum pour les saisons à venir, comme sur le championnat Super Hooligan américain. Le but de cette catégorie est vraiment de garder cet esprit de grosses motos, qu'on ne penserait pas mettre sur un anneau.

 Interview de Wilfried Delestre, le grand chef du Flat Track en France

MNC : Les enfants aussi ont leur catégorie annexe ?
W. D. :
Oui, la catégorie Kids existe depuis longtemps car c'est une catégorie de découverte des course sur piste. Les pilotes peuvent rouler soit avec une moto type MX, soit avec une moto type Speedway. Nous avons également mis en place avec la commission une catégorie Espoir (85 cc) et Junior (125 cc / 250 cc 4T).

MNC : Cette année, le championnat de France ne comptait que deux épreuves au lieu de quatre. C'est à la fois plus simple et plus compliqué ?
W. D. :
En tant que pilote c'est assez compliqué, car on sait qu'on n'a pas le droit à l'erreur. Une seule finale loupée et le championnat est perdu ! Pour les clubs, ça n'a pas été simple non. Les décisions d'annuler ou de reporter ont été compliquées à prendre. Mais cela à permis également de revoir un mode d'organisation. Profiter d'un week-end complet pour organiser plusieurs événements au lieu d'un seul par week-end. Il faudra faire le bilan avec les clubs, mais c'est peut-être bien pour certains organisateurs.

MNC : Quels sont tes résultats au niveau international ?
W. D. :
J'ai participé à plusieurs saisons de la coupe du monde sur la catégorie unique au guidon d'un 450 RMZ avec plusieurs Top 10 finaux, un podium d'épreuve et quelques victoires en manches qualificatives. J'aurais souhaité faire un peu plus d'épreuves du DTRA, championnat anglais, mais des incompatibilités de planning personnel, sportif ou professionnel ne me l'ont pas permis.

MNC : C'est ton premier titre national en tant que pilote Indian. Qu'est ce que ce statut change par rapport à tes précédentes saisons ?
W. D. :
L'an passé, j'ai eu l'opportunité de rouler au El Rollo du Wheels and Waves, sur l'Indian Scout préparé par Krazy Horse, grâce à Dimitri Coste. Il m'avait prévenu qu'il y avait la possibilité d'avoir une moto, j'ai contacté Indian Europe et j'ai eu leur aval. Je n'ai pas hésité une seule seconde. J'ai découvert la moto le matin de l'événement et j'ai pris mes marques jusqu'à la finale où j'ai pris un départ d'anthologie ! J'étais un peu tendu sur les premiers tours mais je ne sentais aucune attaque de mes adversaires, ce qui m'a permis de me libérer et gagner. C'était dingue !

Ensuite, Indian m'a proposé de garder la moto quelques mois et j'ai gagné la Steel Trophy en Suisse. J'ai terminé la saison au challenge de Vintage Racing Spirit à Morizès (33) avec un gros défi : trois catégories dans la même journée ! Sunday Cup avec la Sunday Motors 190 cc, Modern Class avec mon 450 et Hooligan Class avec la Krazy Horse. Défi relevé, pilote rincé !

Malgré cette année 2020 compliquée, le deal avec Indian France m'a permis de dépenser moins d'argent personnel et, surtout, d'intégrer officiellement cette marque prestigieuse dans la discipline en France.

 Interview de Wilfried Delestre, le grand chef du Flat Track en France

MNC : Comment la concession Indian d'Angers a-t-elle modifié ta FTR ?
W. D. :
David et Patrick ont bossé comme des dingues pour que je puisse rouler. Nous avons reçu la moto en fin d'année 2019, ensuite j'ai perdu mon père en début d'année, puis il y a eu le confinement... C'était compliqué de tout mettre en place, mais mi-juin j'ai pu rouler avec. Ma FTR a des tés de fourches sur mesure, un repose-pied droit et un sélecteur modifiés et des réglages de suspensions spécifiques. Nous avons aussi revu la gestion de tout le système électronique, inutile pour la compétition. Le gros travail de cet hiver sera de l'alléger au maximum, car les 200 kg de la moto me bloquent un peu pour pousser mes limites.

MNC : As-tu demandé à Indian France d'importer une FTR750 de compétition ?
W. D. :
On en a discuté, mais elles sont fabriquées au compte-gouttes pour les pilotes américains, donc pour l'instant ce n'est pas possible...

MNC : Et sinon, la Montée impossible avec une version rallongée de la FTR1200 (ou FTR750 comme ton confrère aux USA, John "Flyin" Koester), ça te tente ?
W. D. : Je ne suis pas du tout spécialiste de la discipline, mais ce look off road fait rêver. Tant qu'il y un guidon, un moteur et deux roues, pas de problème : si l'occasion se profile, je tente !

MNC : Qu'est-ce que la 552 Moto School ?
W. D. :
C'est mon école de pilotage. Entre mon passé de crossman et maintenant en tant que pilote de Flat, j'avais de plus en plus de demandes. J'organise des stages d'initiation moto jusqu'au perfectionnement. Je travaille principalement sur le circuit de motocross de Château Gontier (mon club depuis des années) et j'ai commencé à aider le Brissac Moto Club. Le BMC sera la première piste de Flat permanente dans le Grand Ouest de la France, début 2021. Je me déplace également selon les demandes dans la région Pays-de-la-Loire pour le MX et sur toutes les pistes Flat de France.

 Interview de Wilfried Delestre, le grand chef du Flat Track en France

MNC : Quels diplômes as-tu passé pour encadrer cette activité ?
W. D. :
Je travaillais depuis presque dix ans comme responsable étanchéité dans une société de travaux publics, je passais énormément de temps au travail et j'étais arrivé à un stade où il était difficile d'évoluer dans l'entreprise. Donc je me suis dit que c'était le moment de mettre toute cette énergie dans un projet personnel. J'ai commencé par valider un BPJEPS Éducateur Sportif, Activités Physiques pour Tous en 2018, puis j'ai enchaîné avec le DEJEPS Perfectionnement Sportif Moto au Creps de Toulouse.

MNC : C'est ce qui te permet de gagner ta vie ?
W. D. :
Je suis loin de rouler sur l'or comparé à mon job précédent, mais je peux dire que je vis de ma passion.

MNC : Tu vas aussi être la vedette des journées FTR à Saint-Barthélémy-d'Anjou les 18 et 19 septembre ! Vous attendez du monde ?
W. D. :
Difficile à dire avec la panique actuelle... Est-ce que les gens se déplaceront, je ne sais pas. Mais j'invite tout le monde à venir, pas forcément que pour me voir mais aussi pour tester toute la gamme FTR présente chez Indian Angers (Carbon, Rally, Race Replica…)

MNC : Vous montez quand à Paris, qu'on roule ensemble ?!
W. D. :
Je vous proposerais plus de caler une date pour venir à Brissac, une fois la piste homologuée. Ce sera l'occasion de tester le Flat Track !

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Commentaires

Bestof: 
1
Ah le pied, et tout ça à côté de chez moi (120kms) Chateau Gontier, Brissac...et la Bosse de Bretagne où nous avions découvert un jeune talent en devenir : Yann Cadoret, c'était il y a longtemps....avec le recul, je me dis que jeune, c'est le sport que j'aurai pratiqué. Je me revois dans les années 80 avec ma Suzuk 175 PE faire des S sur la plage du côté de Erquy, le guidon au ras du sable, le pied. Avoir une bécane comme ça dans le garage, hummmm. Je l'envie ce mec, et lui souhaite tout le bonheur du monde, tout le bonheur du monde...

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