Essai Tiger Sport 2016 : le Triumph de l'éclectisme

En réalisant son grand tour entre St-Paul-de-Vence (06) et les gorges du Verdon, Moto-Net.Com n'a pas détecté de modifications dans le comportement dynamique de la Tiger Sport. Et pour cause : "le cadre et les trains roulants n'ont pas bougé car ils apportent entière satisfaction aux clients", nous confie pendant le déjeuner David Lopez, pilote-ingénieur en charge du développement des parties cycles chez Triumph. Même des clients les plus "sportifs" ? D'après lui, oui.

Faute de "Big" Daytona - "le marché actuel des sportives a bloqué nos investissements sur le segment Superbike", regrette notre interlocuteur - et faute de Sprint 1050 (ST ou GT, toutes deux disparues du catalogue Triumph France), la Tiger Sport est la seule "super bike" proposée à ce jour par Hinckley. MNC s'est donc amusé à titiller la Tigresse...

La Tiger Sport n'apprécie pas d'être bousculée comme une Superbike sur circuit. Dans ce cas, les transferts de masse limitent la précision des trajectoires. Le poids haut placé ralentit les passages d'un angle à l'autre dans les successions de petits virages. La Triumph s'y montre un peu physique à emmener malgré son grand guidon et sa roue de 17 pouces à l'avant.

La plongée de la fourche au freinage ou la compression de l'amortisseur à l'accélération paraîtront aussi trop importantes pour les pilotes les plus saignants. Mais libres à eux de réétudier les réglages de leurs suspensions en fonction de leur niveau et de leur poids !

Moto-Net.Com, pour sa part, n'a pas joué avec les compressions, détentes et précontraintes de "sa" Tiger Sport, trop satisfait du très bon équilibre proposé par les réglages d'usine, du moins pour un pilote de 75 kg tout équipé souhaitant rouler "tranquillement à fond" !

Ni plus ni moins sportive qu'avant donc, la Tiger Sport croque les courbes moyennes à très grandes avec un appétit insatiable. Parfaitement stable, elle accepte même que le pilote reprenne un peu les freins - arrière ou avant si besoin - pour corriger une trajectoire. Sa garde au sol reste quant à elle nettement suffisante.

De même, sa chausse d'origine répond fort bien à son programme : les Pirelli Angel ST nous ont offert un bon grip sur le sec et se sont comportés de manière rassurante sur les portions humides que nous avons rencontrées chemin route faisant.

Attention bien sûr aux bandes blanches et passages cloutés, où les pneus ne réalisent pas de miracles et sont parfaitement secondés par l'ABS et le contrôle de traction. Sur route dégradée ou dans des ruelles pavées, les suspensions assurent un contact permanent avec le sol, tout en épargnant merveilleusement bien les fesses et le dos du pilote.

La Tigresse anglaise facilite et tranquillise aussi la vie de son dompteur en intégrant à la fois une prise 12V et une prise USB. Elle accepte de loger un bloque-disque dans un compartiment sous la selle et prévoit d'accueillir, dans la selle cette fois, un U disponible dans le catalogue d'accessoires officiel.

Le propriétaire de la Tiger Sport est également prié de se rendre au rayon "Protection" des accessoires pour acquérir la béquille centrale (comptez 240 € et 42 minutes de main d'oeuvre exactement !) qui l'aidera à entretenir sa chaîne. Ils ne sont pas cools, ces Anglais.

On regrette d'ores et déjà que Triumph n'ait pas prévu de pack GT (ou "XRCA" quelque chose ?!) comprenant à moindre frais la béquille centrale, la selle confort, les poignées chauffantes et la bagagerie complète par exemple. En 2017, peut-être ?

En attendant, d'un point de vue finition, les clients en ont pour leur argent. Ils ne se lasseront certainement pas de détailler leur moto : Triumph a encore augmenté les marquages sur ses pièces, apposé un enjoliveur d'axe de roue arrière, légèrement pailleté les carters moteur, assombri la protection de l'échappement et installé de jolis rétros...

Seul l'habillage du poste de pilotage est un peu "light" et ne cache pas suffisamment le disgracieux bocal de liquide de refroidissement en plastique brut. Dommage également que le garde-boue gris du modèle "Aluminium" de pré-série dévoilé en février soit finalement peint en noir.

Les deux coloris 2016 et leurs nouveaux graphismes sont censés moderniser l'allure - inchangée - de la Tiger Sport. Force est de reconnaître que les quelques coups de crayons et de pinceaux apportent à la moto une touche de dynamisme bienvenue.

Placé par Triumph à 13 300 € en France, le tarif de la Tiger Sport ne grimpe que de 310 euros par rapport au prix officiel de la précédente Tiger Sport. Comparé au modèle 2013 en revanche, l'écart atteint les 810 euros. L'ABS était déjà de série, mais le traction-control et les modes moteur étaient absents, tandis que la bulle haute et les pare-mains étaient en option... Le prix des motos concurrentes étaient également moindres !

Par rapport à la concurrence donc, la Tiger Sport 2016 calque son prix sur celui de la Suzuki V-Strom "Adventure" (donc toute équipée). Elle se situe 600 euros au-dessus de la Kawasaki Versys 1000 "tout court" et 300 euros en dessous de l'Aprilia Caponord 1200. Voici pour les trois motos que vise ouvertement la nouvelle Triumph.

Moto-Net.Com ajoutera à cette liste non exhaustive la BMW S1000XR (à partir de 16 300 €), la Ducati Multistrada 1200 (17 890 € minimum)... et la Yamaha MT-09 Tracer, elle aussi équipée d'un 3-cylindres, proposée au tarif de 10 199 € et curieusement occultée par les responsables Triumph. Ils ne sont pas fous, ces Anglais !