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INTERVIEW MOTOGP
Paris, le 12 janvier 2009

Entretien avec Hervé Poncharal, team manager de Tech 3 en MotoGP

Entretien avec Hervé Poncharal, team manager de Tech 3 en MotoGP

Patron du team Tech 3 et président de l'IRTA, Hervé Poncharal, l'une des figures emblématiques du MotoGP, revient pour Moto-Net.Com sur la saison 2008 et aborde la situation 2009 : pneu unique, catégorie Moto2, résultats des pilotes français... Interview.

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Mono-gomme : "Rossi ne serait peut-être pas champion du monde sans Bridgestone"

Ce fut le véritable coup de tonnerre de la saison 2008 : après plusieurs décennies de succès, le manufacturier français Michelin était contraint de quitter la catégorie reine des sports moto à la suite d'une nouvelle saison décevante. Annoncée comme sérieusement déterminée à faire payer à Rossi son passage à l'ennemi japonais, la maison clermontoise n'aura pas fait longtemps illusion et abdiquera même face à l'appel d'offres d'une Dorna passablement contrariée de constater de si grands écarts en course...

Interview d'Hervé Poncharal, team managar de Tech 3 en MotoGP

"Je comprend la réaction de certains constructeurs qui dépensent des sommes énormes pour développer des motos compétitives et qui se retrouvent hors du coup à cause du seul paramètre pneumatique", admet avec tristesse le boss de chez Tech 3. "Pour être tout à fait honnête, et malgré tout mon respect pour Michelin, si Valentino Rossi n'était pas passé en Bridgestone, ce n'était pas acquis qu'il soit champion du monde".

"Si les championnats majeurs (F1, WSBK et WRC, NDLR) sont passés en mono-gomme, ce n'est pas un hasard : on s'est parfois retrouvé avec près de deux secondes d'écart ou avec des pneus incapables de tenir la moitié de la course", regrette ainsi Hervé Poncharal.

"Le paramètre pneumatique est devenu tellement important en MotoGP que quelque soit le pilote ou la machine, vous pouviez vous retrouver derrière sans pouvoir lutter. Du point de vue économique, c'est une mesure qui va réellement dans le bon sens : pour certaines équipes, ce sont pas moins de trois ou quatre séances d'essais aux Antipodes qui ont été supprimées", se félicite le dirigeant tricolore.

"En outre, nous en étions arrivés à réaliser des essais focalisés à 95% sur les pneus ! Pour schématiser, on s'aperçoit qu'avec une évolution châssis ou moteur, le gain au chrono peut-être de l'ordre d'une demi seconde, alors que les pneus peuvent créer des différences d'une seconde et demie !"

"A Jerez, lors des essais hivernaux, tout le monde avait le sourire : la performance était là et plus personne ne se posait de question par rapport au package du voisin. On peut se re-concentrer pleinement sur les parties pilotage et réglages de la moto", note le patron d'Edwards et de Toseland.

Interview d'Hervé Poncharal, team managar de Tech 3 en MotoGP

"Qui plus est, ce sera plus simple de gérer le pilote : Pedrosa, par exemple, même si son changement en cours de saison n'était pas très pro, n'arrivait plus à être en confiance avec son package. Et même si le paramètre pneumatique était parfois moins important que ce que certains pouvaient penser, une fois que le pilote est convaincu de ne plus pouvoir se battre devant à cause de ses pneus, vous ne pourrez pas le convaincre du contraire !"

Alors le manufacturier unique, solution miracle ? "Pourquoi pas", maintiennent certains observateurs qui avancent que cela servira en outre la sécurité des pilotes en diminuant leur vitesse de passage en courbe et donc les risques en cas de chute.

"C'est certain que le développement des pneus, surtout en ces temps de crise, va être énormément ralenti par rapport à l'époque où les manufacturiers se battaient becs et ongles", acquiesce Hervé Poncharal. "Mais nous avons explosé les chronos à Jerez et je suis sûr que les temps continueront à descendre en 2009", prévoit le team manager, démentant par là-même un quelconque bénéfice sur le plan de la sécurité...

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En ce qui concerne la catégorie moto2, comment ne pas y voir quand même une similitude avec le SSP ? Même cylindrée, même architecture moteur. Les différences avec des motos de série, concernant le cadre, le bras oscillant, le réservoir d'essence, la selle ou le carénage me font doucement rigoler, et n'abuseront pas grand monde. Faudra-t-il réinventer le cadre double berceau, les bras oscillants tubulaires, remettre des boutons sur le cuir de la selle, remouler des réservoirs longs et plats et refaçonner le carénage des Japautos pour les différencier du SSP ? Je comprends les désillusions de KTM et Aprilia à la lecture de ce règlement. Il aurait été beaucoup plus attrayant pour les spectateurs, les pilotes et les techniciens de balayer toutes les architectures moteurs: un monocylindre pour les 125cc comme c'est aujourd'hui de mise, porté à 250cc 4t dans les années à venir, puis au choix un 500cc trois cylindres ou un 550cc bicylindres pour le moto 2 avec un véritable esprit proto digne du monde des grands prix, et réserver le 4 cylindres au motogp 800cc. Au moins, on remettait au goût du jour le charme des moyennes cylindrées, ce qui n'aurait pas déplu aux motards, et des marque comme Aprilia, KTM, Triumph ou des préparateurs indépendants auraient garnies le plateau. Sans compter que les Japonais comme Kawa ou Suzuki notamment ont déjà travaillé sur ces bases moteurs avec L'ER6 ou la SV. Et je ne parle volontairement pas de Honda ni de Yamaha, pour qui ce serait encore plus facile. Pour séduire le grand public, l'aspect concurrentiel entre marques est au moins aussi important que celui entre les pilotes. Et puis présenter un plateau avec 8 ou 10 constructeurs serait autrement plus jouissif. Le SBK ne s'y trompe pas avec bientôt une dizaine de constructeurs, ce qui attire les faveurs de beaucoup de passionnés, si j'en crois la lecture de nombreux commentaires. Alors, raison ou pas de sortir un tel règlement ? On a parfois l'impression que l'imagination n'est plus au pouvoir !

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