Après avoir mis ma cheville au repos chez Bijane suite à ma chute (lire MNC du 20 septembre 2011 : enfin au Kazakhstan ! ), je suis maintenant prêt à reprendre la route pour la Mongolie.
Après avoir mis ma cheville au repos chez Bijane suite à ma chute (lire MNC du 20 septembre 2011 : enfin au Kazakhstan !), je suis maintenant prêt à reprendre la route pour la Mongolie.
C'est dingue : dès que je m'arrête plus d'une nuit quelque part, je suis comme un fou à l'idée de reprendre la route ! C'est à chaque fois un plaisir de repartir vers l'inconnu, et ce sentiment est d'autant plus fort au Kazakhstan où il n'y a pas grand-chose à faire et rien à voir en particulier.
Le plaisir est ailleurs...
Le plaisir est ailleurs : visiter des endroits où le dernier touriste date d'il y a deux ans, traverser de grandes étendues désertiques, avoir l'impression d'être seul au milieu de nulle part...
Le Kazakhstan, c'est aussi le pays où l'on prend conscience que la Mongolie se mérite : la route jusqu'aux terres nomades est longue, mais je commence à en voir le bout. Avant de rejoindre Astana, je décide de faire un crochet par la mer d'Aral dont l'assèchement est l'une des plus grosses catastrophes écologiques du XXème siècle... Sur la route, j'alterne camping sauvage et chambre chez l'habitant.
Camping sauvage et chambre chez l'habitant
Il y a en effet deux problèmes au Kazakhstan : d'une part le pays est immense et je roule parfois plus de 100 km sur des routes et des pistes avant de tomber sur un village, ensuite rien n'est prévu pour les touristes en dehors des grandes villes (hôtels, restaurants...). Il faut donc faire avec les moyens du bord !
Je mets deux jours pour arriver à Aral, mais je n'aime pas du tout l'ambiance qui règne dans cette ville. Je ne m'y sens pas en sécurité et préfère dormir ailleurs.
La piste que je prends alors traverse une zone anciennement recouverte par les eaux. C'est incroyable de se dire qu'avant, tout était submergé... Je continue sur 60 km la piste qui semble me mener en enfer... Ce paysage me fait froid dans le dos !
Je dors chez des locaux qui m'expliquent qu'il y a 30 ans, la mer était à 100 mètres du village... Aujourd'hui il n'y a plus rien et les gens ont de graves problèmes de santé à cause de la pollution - notamment dans l'eau -, ce qui entraine pas mal de malformations.
J'aurais bien aimé voir une épave de bateau, mais je n'ai pas trop de temps à perdre si je veux être début octobre en Mongolie. Je suis donc bien content de reprendre la route, mais pas déçu de cette virée en mer d'Aral.
Je me donne alors quatre jours pour parcourir les 1500 km qui me séparent d'Astana. Il ne faut donc pas traîner, car ici il n'y a pas d'autoroutes !
En plus il y a pas mal de contrôles de police et à chaque fois il faut se méfier de la vitesse car ils ont toujours un radar... La limitation passe à 40, puis 30 et subitement 20. Je ralentis donc progressivement.
Au moment de passer la guérite, l'un des flics me fait signe de m'arrêter. Vu que c'est un contrôle officiel, je lui donne mon passeport et ma carte grise. Il me dit alors de le suivre dans la guérite car on ne se comprend pas. Vu qu'il a posé mes papiers sur son bureau, je les reprends aussitôt et je suis déjà plus confiant...
"Break the law"
Il sort alors son portable, puis utilise le traducteur sur lequel s'inscrit "break the law"... Je ne comprends pas, mais il me montre alors le radar ! Je crois que là, c'est la porte ouverte à toutes les fenêtres car sur la photo on voit clairement que je n'ai pas passé le panneau 20...
Il a bien compris que je n'avais pas l'intention de me laisser faire, mais tente quand même sa chance en me disant que je roule à 34 au lieu de 30. Ca y est, je suis énervé ! Je lui fais comprendre que je suis dans les 5 km/h réglementaires et qu'il n'a pas le droit de me prendre juste après le panneau qui est à moins de 50 m. Il me laisse alors partir...
Mais d'autres rencontres sont bien plus agréables, comme ce groupe de motards polonais qui rentrent du Pamyr après trois mois de voyage.
Ils ont eu pas mal de petits problèmes mécaniques et des soucis avec le carburant au Kazakhstan, mais ils ont passé le plus dur. Chapeau les gars ! Il faut dire que dans les stations-service on ne trouve quasiment que du 92. Et apparemment la qualité laisse à désirer car l'Europe est prioritaire. De mon côté pas de soucis : que ce soit au démarrage ou en roulant, ma Versys tourne comme une horloge !
Pendant les trois jours qui suivent, le paysage ne change pas. J'ai l'impression de ne pas avancer, mais pourtant je passe chaque jour près de huit heures en selle sur les routes et les pistes du Kazakhstan. Ensuite, il faut quand même avoir une sacrée autonomie car il y a une pompe tous les 500 km ! Moi c'est bon, avec 30 litres je fais entre 600 et 700 km.
La tente et le réchaud ne sont pas non plus superflus dans ces régions où le prochain village est parfois à plus de 100 km. En outre il commence à geler la nuit : j'ai eu pour la première fois du givre sur ma toile de tente... Et dans ces conditions, il n'y a pas mieux qu'une bonne soupe de bon matin !
Dimanche, comme prévu, j'arrive à Astana. La ville surgit alors comme par magie au milieu des steppes. Je découvre une nouvelle facette du Kazakhstan avec l'eau courante et la démesure un peu à l'américaine : le changement est invraisemblable !
C'est un vrai choc ! Je compte y rester quelques jours afin de faire mon visa de transit russe. Je touche du doigt la Mongolie qui n'est plus qu'à 1500 km...
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