Au lendemain d'élections présidentielles pour le moins mouvementées, la Côte d'Ivoire s'interroge. Rencontre avec Amadou Sawadogo, talentueux préparateur de motos à Abidjan.
C'est à Adjamé, quartier populaire d'Abidjan, que nous avons rencontré Amadou Sawadogo, 35 ans, ex-boxeur et mécanicien moto depuis 1979 (ci-contre). Ancien pilote de compétition à la carrière brutalement stoppée par un accident de la route, il se consacre aujourd'hui exclusivement à son atelier de réparation et de préparation de motos. En attente d'un prochain local en dur, Amadou exerce pour l'instant ses talents sous un abri en tôle situé en face du siège du Parti ivoirien des travailleurs (PIT), près du cinéma Liberté. Depuis le début, Amadou et ses deux employés se sont spécialisés dans les BM. En Côte d'Ivoire, le marché des pièces détachées se répartit entre différents grossistes (Africauto, BMW, etc.) spécialisés dans une ou deux marques maximum. Honda, par exemple, est exclusivement représentée par un ressortissant libanais, M. Farhat. Quant aux pièces Kawasaki, elles ne sont plus distribuées en Côte d'Ivoire à l'heure actuelle faute de grossiste...
En plus des interventions mécaniques courantes, Amadou est plus particulièrement spécialisé dans la transformation et la préparation de motos, qui lui sont soit confiées par des clients, soit récupérées auprès de l'administration ivoirienne (armée, police...) suite à leur mise au rebut. Exemple : à partir d'une BMW R80 tout ce qu'il y a de plus normale, il fabrique cet engin pour le moins étonnant doté d'un réservoir de Transalp, d'un phare à l'origine indéterminée et d'une fourche de Dominator, destinée à affronter les pistes les plus "roots".
Des cadres de BMW sont entreposés chez Amadou dans l'attente de leur utilisation en fonction des besoins du moment. Il s'agit d'anciennes motos données par la France aux forces de l'ordre ivoiriennes, désormais mises au rebut suite à un don de 63 nouvelles motos par le Maroc à l'ex-général-président Robert Guéï.
Amadou en compagnie de Madou (près de la Shadow) et Abou, deux de nos compagnons de balade sur place, qui nous ont notamment fait découvrir le Nels Night Club à Treichville, sa musique zaïroise et sa bouteille de whisky à 25 000 FCFA (250 FF, ce qui est extrêmement cher), et surtout "Ces soirées là" en compagnie de l'incontournable Yannick...
Encore une BM ! Celle-ci, d'un beau jaune vif et siglée "Assistance", est destinée à la surveillance et à la sécurité des "grands magasins" d'Abidjan. Il s'agit de boutiques au look occidental (vitrines, éclairage), dont la clientèle a un pouvoir d'achat généralement plus élevé que la moyenne. On y trouve des pagnes, des livres et autres biens de consommation courante.
Pour autant, l'achat d'une moto et son utilisation restent un sport réservé à des personnes qui disposent d'un certain niveau de vie. Peu de personnes se déplacent avec ce moyen de transport, qu'il s'agisse de gros cubes ou de petites cylindrées (type 125). En attestent les longues files d'attente aux heures de pointe aux arrêts d'autobus. La mobylette n'est pas d'un usage beaucoup plus courant, mais son propriétaire essaie souvent d'y ajouter une petite touche personnelle (ci-contre : guidon custom, dossier de selle et garde-boue rasta !).
Last but not least, une vue du quartier du Plateau à Abidjan depuis le pont Charles de Gaulle. L'autre pont reliant cette partie de la ville à Treichville et les quartiers avoisinants porte le nom de Félix Houphouët-Boigny. Ces deux ponts qui mènent au quartier des affaires sont sujets à embouteillage aux heures de pointe. Un troisième pont est en cours de construction par Bouygues dans le cadre d'un B.O.T., c'est à dire que ce sont les usagers qui vont casquer. Les travaux ont été arrêtés il y a près d'un an à la suite du coup d'Etat de Noël 99 et de la suspension du financement par les bailleurs de fonds. Mais il est déjà prévu qu'à l'ouverture du péage de ce troisième pont, des travaux de réhabilitation bloquent le second pour obliger les usagers à passer à la caisse sur le petit dernier tout neuf, qui n'attend plus que les piècettes des "pigeons"...
.
.
.
Commentaires
Ajouter un commentaire
Identifiez-vous pour publier un commentaire.