Moto-Net s'est rendu à Kano, dans le nord du pays, pour découvrir le véritable usage de la moto au quotidien, juste avant que le gouverneur de l'Etat ne décide de l'application de la Charia.
L'application de la Charia (loi islamique) dans certains Etats du nord du Nigeria - pays le plus peupé d'Afrique avec 120 millions d'habitants mais également l'un des plus pauvres - est à l'origine de nombreuses violences.
Récemment, un homme possédant une entreprise de motos-taxis a été poursuivi en justice pour avoir accepté de transporter une femme à l'arrière de son deux roues, tandis qu'un couple était flagellé pour avoir eu des relations sexuelles avant le mariage...
Moto-Net s'est rendu à Kano, dans le nord du pays, pour découvrir le véritable usage de la moto au quotidien, juste avant que le gouverneur de l'Etat ne décide de l'application de la Charia. La moto est effectivement très répandue comme moyen de transport pratique et rapide, essentiellement sous forme de "motos-taxis", à l'image des "Zemidjans" béninois et togolais.
A Lagos, la capitale économique du pays (10 millions d'habitants), les motos-taxis sont surnommés les "Ocabas". Depuis mai 1999, après la mort du général Sani Abacha, le Nigeria est dirigé par Olusegun Obasanjo, ex-militaire démocratiquement élu. Mais l'armée reste encore très présente...
Devant une station Total, des motos-taxis font la queue pour être servis lors de la livraison d'essence.
Dans le 7ème producteur de pétrole au monde, l'image peut sembler plutôt cocasse. Mais il faut savoir que dans le nord du pays, la "pénurie" d'essence est sciemment organisée pour favoriser le marché noir : extrait essentiellement dans le sud du pays, le pétrole est raffiné à l'extérieur, puis arrive dans le nord où il transite entre plusieurs mains avant le consommateur final. Une infime partie de carburant arrive finalement dans les circuits officiels, d'où les files d'attentes de plusieurs jours.
L'essentiel du carburant est alors dévolu au marché noir, et généralement coupé à l'eau (d'où une usure prématurée des carburateurs)...
Sur ce marché, chaque intermédiaire perçoit bien entendu une "commission" qui a pour effet de faire grimper en flèche le prix des carburants. Les tarifs des courses en moto-taxi suivent ces fluctuations du cours de l'essence, tout comme les autres produits de consommation puisqu'ils sont quasiment tous transportés par la route. (Ci-contre, une file de motards qui attendent de pouvoir faire le plein). La quasi totalité des motos en circulation au Nigeria sont des véhicules utilitaires (motos-taxis, transport de marchandises, etc.), généralement de petite cylindrée (50, 90 et 125 cc). Les marques les plus répandues sont Suzuki, Yamaha et Kawasaki. Seuls quelques privilégiés possèdent une moto de plus grosse cylindrée "pour le plaisir". Il n'existe quasiment pas de motos neuves. La plupart arrivent par bateau depuis l'Europe (via le port de Lagos au Nigeria ou de Cotonou au Bénin), puis sont acheminées vers des grossites spécialisés dans l'occasion.
La priorité en l'absence de feux ou d'agents de la circulation - surnommés "Yellow Fever" en raison de leur veste orange et de leur gestuelle - est essentiellement régie par le klaxon : il est primordial de se faire entendre par celui qui s'engage sur votre voie !
Quelques concessionnaires dûment estampillés par les grandes marques procèdent aux réparations... mais la plus grande part de ce marché est assurée par des réparateurs indépendants installés à même le trottoir.
Kano (2 millions d'habitants) s'est construite en plusieurs étapes, au cours desquelles le mur d'enceinte destiné à protéger la ville a été aménagé sans être totalement détruit, contrairement à Paris.
Aujoud'hui, la ville est découpée en quartiers qui reflètent les différentes appartenances religieuses (musulmans et chrétiens). La plupart des photos de ce reportage ont été prises à Sabon Gari (quartier chrétien où coexistent les ethnies Yorubas et Igbos).
Last but not least : la terrasse d'un bar de Sabon Gari, le quartier non musulman. La consommation la plus courante est la bière locale, la Star ou la Gulder, servie en bouteilles de 60 cl.
La Star est réputée plus lourde à digérer, tandis que la Gulder est un peu plus acide. Ceci dit, les différences sont assez difficiles à identifier pour un non initié. Le gin et le rhum, dont la publicité murale vante les mérites, sont beaucoup plus chers.
Quoi qu'il en soit, se désaltérer reste un moment indispensable même pendant la saison "froide" (25 ou 30°C tout de même !).
D'ailleurs, le serveur vous demandera si vous préférez votre bière "réfrigérée ou à température ambiante" !
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