La première Journée nationale de la moto et du scooter s'est déroulée mardi entre professionnels autour d'un objectif : sensibiliser l'opinion publique, via la presse généraliste, aux bienfaits de la moto afin de redorer son blason aux yeux des autorités.
Petit préambule : jadis, c'était simple ! D'un côté les motards, groupe hétérogène minoritaire réunissant diverses classes sociales autour d'une passion méconnue du grand public. Ledit motard inspirait au mieux une indifférence cordiale, au pire une crainte viscérale, mais dans l'imaginaire collectif, ce doux dingue épris de liberté, de vitesse et de musique qui fait boum savait aussi se montrer solidaire, courageux, aimant les bêtes et doux avec les enfants...
De l'autre se trouvaient l'immense majorité des citoyens : les automobilistes. Pas vraiment une communauté, pas vraiment soudée, pas vraiment autour d'une passion. Simplement des utilisateurs d'un objet pratique avec sa carrosserie et ses cinq places, mais sans enthousiasme particulier.
Et puis, allez savoir pourquoi, les choses se sont compliquées... Certains membres de la tribu des motards - ces héros "un peu sauvages mais tellement solidaires et puis au fond pendant qu'ils font de la moto ils ne font pas de bêtises" - sont apparus sous un jour peu flatteur, se montrant comme tout un chacun égoïstes, inconscients ou irresponsables. Leurs excès ici ou là, qui faisaient à peine l'objet d'une brève dans le canard du coin, furent abondamment relayés par les médias et les gouvernements.
Les acteurs de la 1ère JNMS |
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Pendant ce temps les automobilistes, de plus en plus étouffés par les plans de "circulation" des grandes villes, se sont mis à considérer d'un autre oeil ce deux-roues jadis sulfureux : passant outre l'image de "bad boy" collée à la moto - ou en profitant adroitement pour se donner une apparence plus sexy que celle du père de famille en monospace -, ils furent de plus en plus nombreux à enfourcher une moto ou un scooter "parce que c'est quand même plus pratique pour aller travailler".
Et soudain, le deux-roues était devenu un moyen de transport ! Aidés par les équivalences du permis B pour la conduite d'une 125 et par les constructeurs qui se sont mis à produire des engins correspondant parfaitement à cette nouvelle demande, les automobilistes sont passés au scooter, les motards au maxiscoot, et les lignes de démarcation classiques se sont brouillées.
Entre-temps le motard, tout chevalier des temps modernes qu'il soit, avait vieilli ! Pris au piège de son propre individualisme, il eut de plus en plus de mal à se fédérer pour réinventer des valeurs communes plus accessibles à ces nouveaux venus - qui, dans le même temps, n'y prêtaient pas forcément attention puisqu'ils cherchaient surtout à éviter les embouteillages de la semaine, voire à partir en virée cheveux au vent le week-end mais sans ressentir le besoin de faire partie de la "grande fratrie".
La société, qui s'était repliée sur un besoin impérieux de sécurité à tous les étages, s'est mise à faire payer de plus en plus cher la moindre prise de risques. Et malgré des ventes records, le deux-roues motorisé est devenue une bête noire fuyant de toutes parts.
Dans le(s) monde(s) de la moto, chacun a bien tenté de colmater les brèches en fonction de sa propre spécialité - grosses manifs dans les rues, serrage de louches au ministère, lobbying dans les couloirs de Bruxelles, etc. - mais sans guère de résultats.
C'est alors qu'est arrivée la Journée nationale de la moto et du scooter : imaginée par Pascal Dunikowski et François Vincent avec le soutien d'AXA Club 14 (lire Moto-Net.Com du 24 juin 2008), la première édition a eu lieu mardi sur le circuit Carole. Un rassemblement fort sympathique des professionnels de la moto qui a notamment permis aux visiteurs d'essayer plusieurs modèles emblématiques comme la Honda DN-01, le scooter électrique Vectrix, la gamme MBK, Peugeot et bien d'autres.
Une journée plutôt réussie pour une première, même si les politiques ne se sont pas bousculés à l'entrée du circuit Carole. Ses effets réels restent maintenant à connaître, car hormis le passage éclair d'un représentant du ministère de la jeunesse et des sports et la présence de quelques chaînes de télévision, le piège serait que l'opération se résume à une agréable journée ensoleillée entre professionnels déjà convaincus de l'intérêt du deux-roues motorisé...
Véritable passionné qui regrette que le lobbying moto "n'existe pas" (voir notre interview vidéo ci-contre), Pascal Dunikoswki nourrit en effet de belles ambitions pour cette Journée : elle pourrait devenir une "Semaine de la moto", puis pourquoi pas donner naissance à une association "Tous à moto"... Affaire à suivre !
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