Le projet - très avancé - d'abaisser la vitesse à 80 km/h sur les routes suscite une levée de boucliers contre le gouvernement... y compris en interne parmi les propres membres de la majorité ! Barbara Bessot-Ballot, députée La République En Marche de Haute-Saône (70), est ainsi montée au créneau à l'Assemblée nationale contre cette mesure impopulaire.
"Il n’est pas prouvé que d’abaisser la vitesse réduirait les accidents sur nos routes nationales et départementales", remarque la députée Barbara Bessot-Ballot en interpellant à l'Assemblée nationale Christophe Castaner, secrétaire d’État auprès du premier ministre chargé des relations avec le Parlement et futur ancien porte-parole du parti LREM.
L'élue de Haute-Saône s'indigne qu'aucun fondement n'étaye ce projet officiellement préparé comme l'a révélé MNC, dans la mesure où l'expérimentation de l'abaissement à 80 km/h menée depuis 2015 par le Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (CEREMA) "n’a donné lieu à aucune publication", souligne-t-elle en toute connaissance de cause puisque cette étude de deux ans incluait une route dans son département (la RN57 entre Vesoul et Saulx).
"Si les résultats existent, ils doivent être communiqués à l’ensemble de la population afin d’être à même de mesurer l’importance de ce dispositif", estime à juste titre Barbara Bessot-Ballot, qui assure au sujet de cette limitation que "la majorité silencieuse n'en veut pas".
"Monsieur le ministre, pouvez-vous nous indiquer dans quelles circonstances la limitation à 80 km/h serait-elle justifiée et sur quels résultats se fonderaient-elles ?", termine la députée LREM, qui ne recevra probablement pas de panier garni pour Nöel de la part du président Jupiter Macron !
Si le lien entre la baisse de la vitesse et celle de l'accidentologie paraît logique de prime abord (moins vite = distance de freinage plus courte et impact potentiel moins violent), rappelons que plusieurs éléments tangibles tendent à prouver les limites de ce raisonnement quelque peu simpliste. Exemple concret au Danemark, où la limitation vient de remonter de 80 à 90 km/h !
Sans se démonter face à cette attaque interne en règle, Christophe Castaner s'est tout d'abord réfugié derrière un paravent de justifications convenues et prévisibles, comme de rappeler l'opposition rencontrée en 1973 lors de la mise en place du port obligatoire de la ceinture de sécurité (à l'avant et hors agglomération, uniquement).
"Il y a des gens, la majorité silencieuse que vous évoquez, qui pensaient que ce n'était pas opportun", rapporte le secrétaire d'Etat après avoir fait pleurer dans les chaumières en faisant partager sa propre expérience d'enfant non attaché à l'arrière de la voiture parentale, faute de cadre législatif sur la ceinture (l'obligation de la porter à l'arrière ne remonte qu'à 1990)...
"Il y a même des gens qui sont allés au Conseil d'Etat pour contester cette décision au nom de la liberté fondamentale de pouvoir conduire sa voiture sans s'attacher à l'avant. Et pourtant, petit à petit, ça a sauvé des vies", assène Christophe Castaner en plaçant sur le même pied des mesures de sécurité radicalement différentes (l'une est curative, l'autre préventive) donc très difficilement comparables.
Lors d'un accident de voiture, la probabilité de se blesser grièvement si sa ceinture n'est pas attachée est extrêmement élevée. C'est une simple question de physique : un choc - ou même un freinage brutal - propulse violemment tous les passagers vers l'avant, que la voiture roule à 90 ou à 80 km/h. Comparer l'action de la ceinture à la réduction de 10 km/h n'est par conséquent pas très pertinent.
En revanche, ni Christophe Castaner ni aucun membre du gouvernement ne semblent avoir pris conscience que les voitures et les motos ont considérablement progressé d'un point de vue technique et sécuritaire depuis la mort de Georges Pompidou en 1974, que ce soit en matière de pneumatiques, de freins ou de suspensions mais aussi grâce à la généralisation de l'ABS et d'assistances électroniques toujours plus sophistiquées.
Faire rouler des voitures et des motos à 80 km/h - à la même vitesse que les poids lourds ! - ne présente dans ces conditions aucun autre intérêt que celui de booster la lucrative activité des radars automatiques, sachant que de nombreuses motos - notamment à moteur bicylindre - seront contraintes de rester sur l'avant-dernier rapport faute de pouvoir se traîner circuler à cette allure en sixième...
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