L'Assemblée nationale examinera demain un projet de loi pour durcir le contrôle de la filière des mini motos. L'emballement des derniers mois toucherait-t-il à sa fin ? Beaucoup regrettent les amalgames qui nuisent à la saine croissance de ce loisir...
L'emballement médiatique et juridique des derniers mois autour de la question des mini motos toucherait-t-il à sa fin ? Alors que l'Assemblée nationale examinera mardi un nouveau projet de loi visant à durcir encore le contrôle de la filière et des revendeurs, nombreuses sont les voix qui, dans le monde de la mécanique, regrettent les amalgames et les confusions qui nuisent à la saine croissance de ce loisir.
"Demander leur identité aux acheteurs d'une mini moto ? On aurait vraiment l'impression de vendre des armes à feu ! L'exaspération est à son comble chez ce vendeur de Seine-et-Marne en détaillant cette proposition qui fait partie du projet de loi qui sera présenté mardi 5 février au Parlement.
En 2007, un véritable déchaînement médiatique a eu lieu contre les mini motos, entretenu par des faits divers graves comme des accidents en série sur la voie publique, une campagne des maires visant à mettre fin aux rodéos sauvages dans les cités et un arsenal législatif renforcé.
Le point culminant de cette campagne a été atteint en novembre dernier, lorsque David Simoes Gil, un concessionnaire de Seine-et-Marne, a été arrêté menottes aux poignets, gardé à vue et condamné à la confiscation de 20 000 euros de marchandises par un procureur qui a joué de la confusion sur la définition des mini motos (lire Moto-Net.Com du 3 décembre 2007 et Moto-Net.Com du 6 décembre 2007).
Or c'est précisément cette confusion et d'autres amalgames que condamnent les pratiquants, les vendeurs et les amoureux de ce loisir mécanique.
Mini-moto ? Kesako ?
Une mini-moto, qu'est-ce que c'est ? On est en droit de se poser la question à la lecture du projet de loi, qui parle de "certains engins terrestres automobiles à roues, notamment les mini motos ou les quads (...), qui n’ont pas fait l’objet d’une réception au sens de l’article L.321-1 du code de la route".
Cette définition élude la différence entre la réception - le fait d'importer des articles qui satisfont aux exigences françaises et européennes de sécurité - et l'homologation - qui donne au véhicule le droit de circuler sur la chaussée.
"Or, il faut bien s'entendre lorsqu'on parle de mini moto", prévient Sammy, commercial chez WataBike, un magasin à Champagne-sur-Seine en Seine-et-Marne. Le terme générique de "mini moto", qui englobe dirt et pocket bikes, pose problème car dans la catégorie pit (ou dirt) bike, il existe des modèles 50 ou 125 cc avec plaque d'immatriculation pouvant circuler sur la chaussée.
"Le Dax, notre modèle le plus vendu, existe depuis les années 70 et déjà à l’époque il était à la mode sur les plages de Saint-Tropez et de la côte", souligne Sammy : "aujourd'hui il est, hors scooters, le troisième de la catégorie en termes de ventes de motos 50 cm en France !"
Alors, de quoi parle-t-on exactement ? Les problèmes se concentrent en réalité sur les machines non homologuées, dirt et surtout pocket bikes, ces petites répliques de gros modèles avec une cylindrée inférieure à 49 cc. L'usage de ces machines non homologuées est interdit sur la voie publique. Et les revendeurs soulignent que la prévention sur les conditions d'utilisation est la règle depuis longtemps. Tout ne serait donc qu'affaire de responsabilité individuelle...
Et peut-être de répression, avançait le groupe de réflexion parlementaire UMP qui a préparé le projet de loi. En décembre, il avait évoqué la possibilité que la police puisse confisquer l'appareil non homologué pris en circulation sur la voie publique. Il n'en est a priori plus question aujourd'hui, puisque le projet de loi propose d'interdire la vente de ces engins aux mineurs et d'en restreindre l'usage aux plus de 14 ans. Mais toutes ces propositions, n'arrivent-elles pas trop tard ?
Une mode qui s'essouffle...
La recrudescence des accidents ces dernières années est principalement liée à un phénomène de mode qui a fait grimper en flèche les ventes de ces petits bolides (jusqu'à 100 000 ventes en 2005 selon le rapport de la Commission de la sécurité des consommateurs, paru l'année dernière). Une explosion des ventes favorisée par l'apparition de modèles chinois à 150 euros, bien plus abordables que les marques traditionnelles italiennes comme Polini. Mais tous les responsables de magasins interrogés par Moto-Net.com sont formels : le gros de la vague est passé !
Chez FunRideStore.com, un site de vente en ligne qui propose principalement des modèles autour de 3 000 euros, Nicolas se souvient de l'engouement de ces dernières années : "il y a trois ans, on vendait 20 modèles à 150 euros par jour. Aujourd'hui, si on en vend dix par semaine, c'est le maximum", explique-t-il.
Conséquence de cette mode, relayée par Internet et les grandes surfaces lorsque l'engouement était à son comble : des centaines de pocket bikes ont circulé aux mains de jeunes sans casques ni protections dans des lieux résidentiels, causant un vacarme épouvantable et donnant une mauvaise image de la discipline...
La qualité des modèles importés
Contrairement aux propositions du groupe de réflexion en décembre, le projet de loi final ne fait pas référence à Internet. La réponse au commerce sauvage se fait avec les contrôles des douanes : depuis plusieurs mois, les contrôles s'intensifient et la récente saisie et destruction le 16 janvier dernier par les douanes de Saint-Étienne de 280 modèles non conformes semble bien accueillie par les revendeurs. Chez WataBike, Sammy applaudit des deux mains : "il faut détruire ces modèles qui salissent l'image de notre profession et qui sont le fait de deux ou trois importateurs connus de tous !", précise-t-il.
Un sport et un loisir en devenir
Ce texte répressif marque tout de même un progrès dans la compréhension du problème des mini motos dans la mesure où le préambule du projet de loi affiche l’objectif de "favoriser la pratique sportive". Une façon de rassurer le monde des passionnés car la mini moto sportive, méconnue du grand public, abrite une communauté dynamique et organisée qui vit mal le procès en sorcellerie de ces derniers mois.
La mini moto sportive représente un monde de passionnés avec des championnats de France, des compétitions, des forums avec des dizaines de milliers d'inscrits, des journaux comme MiniBike Magazine - qui tire à 30 000 exemplaires -, des stars et un public "où règne l'esprit motard, avec des pratiquants qui viennent pour certains du monde de la grosse moto", explique Nicolas chez FunRideStore.com, qui participe lui-même à la coupe de France. Pour ces aficionados, les regards sont braqués vers la Suisse, la Belgique et surtout l'Italie.
Car nos voisins transalpins font figure d'exemple : la pratique de la mini moto y est encadrée depuis longtemps et le pays dispose d'un grand nombre de circuits et de clubs qui sont autant de pépinières à champions : n'oublions pas qu'un certain Valentino Rossi a débuté dans un championnat de mini moto...
"Je connais un petit gars qui a commencé à 7 ans sur une moto chinoise à 150 euros", explique Nicolas chez FunRideStore.com : "aujourd'hui, il en a onze et il a acheté son premier modèle de compétition à 3000 euros. Peut-être deviendra-t-il un jour un champion ?" A suivre...
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