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Paris, le 17 juillet 2019

Les huit nouvelles recommandations du CNSR pour améliorer la sécurité routière

Les huit nouvelles recommandations du CNSR pour améliorer la sécurité routière

Le Conseil national de la sécurité routière (CNSR), réuni début juillet sous la présidence du maire de Flers (61) Yves Goasdoué, livre huit nouvelles recommandations pour réduire l'accidentologie routière. Certaines sont pertinentes, d'autres moins : MNC fait le point route.

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Petite piqûre de rappel avant d'entrer dans le vif du sujet : le Conseil national de la sécurité routière (CNSR) est une "instance regroupant l'ensemble des parties prenantes de la sécurité routière", dont la principale mission est de conseiller le gouvernement sur la manière de réduire les comportements à risques et les accidents sur les routes.

Souvent comparé au "Parlement de la sécurité routière", le CNSR comprend actuellement 67 membres qui ont présenté début juillet leurs dernières recommandations au ministre de l'intérieur, Christophe Castaner, lui-même venu dresser le bilan - étonnamment positif - de l'abaissement de la vitesse à 80 km/h sur le réseau secondaire.

Parmi ces huit mesures, certaines font appel au bon sens comme la formation aux nouvelles aides à la conduite. Le CNSR, loin de prôner le tout-répressif, propose aussi de mieux encadrer la conduite des vieux chnoques seniors et d'instaurer des cours de secourisme dans la formation au permis de conduire. Deux recommandations rudement pertinentes !

D'autres suggestions semblent en revanche plus technocratiques que concrètes, comme cet "observatoire des déplacements doux" (sic !)" destiné aux piétons, cyclistes et - surtout - aux utilisateurs de trottinettes électriques et multiples formes de gyropodes qui pullulent désormais dans les villes.

Recommandation du CSNR n°1 : lutter contre la circulation à contresens sur les routes à chaussées séparées

De tragiques accidents surviennent chaque année sur autoroutes et autres "voies express à chaussées séparées" à cause de conducteurs qui s'y engagent à contresens. Selon le CNSR, ce cas de figure représente "environ 25 morts par an".

L'instance gouvernementale pense pouvoir diminuer ces risques avec une signalétique spécifique ("panneaux sur fond jaune, marquage horizontal") et un accroissement des messages de prévention sur les panneaux d'affichage et les canaux d'infos trafic, notamment la fonction "Trafic Announcement" (TA) qui équipe la plupart des voitures.

  • L'avis de MNC

    La plupart des accidents liés à une circulation à contresens sur autoroute sont d'origine humaine : MNC note que les conducteurs incriminés sont souvent soit en état d'ébriété (ou sous l'emprise de drogues) ou qu'il s'agit de "seniors" trop tardivement conscients d'avoir confondus bretelle d'accès et sortie d'autoroute...

Le CNSR confirme ce constat en citant les "personnes âgées désorientées" parmi "les conditions les plus à risque" qu'il est urgent de prévenir pour éviter ces "face à face" inévitablement violents. A noter que les motards sont souvent victimes mais rarement coupables dans ce genre de collisions.

Recommandation du CNSR n°2 : créer un observatoire des modes de déplacement doux

Pour "mieux protéger" les piétons, cyclistes et tous les usagers des "engins de déplacement personnels" (EDP), le CNSR veut créer un "observatoire des modes de déplacements doux". Objectif : quantifier la "progression et mesurer les effets" de ces déplacements, "en augmentation notoire" en milieux urbains.

"À terme, cette connaissance permettra de déployer des actions correctives ciblées au niveau de la sécurité", assure avec optimisme le Conseil national de la sécurité routière.

  • L'avis de MNC

    Les "engins de déplacements personnels" (EDP) tels que les trotinettes, mono-roues, hoverboards et autres curiosités branchées font l'objet de discussions animées à l'Assemblée nationale, qui va encadrer leur pratique dans le cadre de la future Loi sur les mobilités (LOM). Le code de la route sera par ailleurs modifié dès septembre, par décret, pour poser quelques garde-fous.

Parmi les obligations figurent notamment le port du casque, l'interdiction de circuler sur les trottoirs, l'interdiction de transporter un passager, un âge minimal de huit ans, une vitesse limitée par construction à 25 km/h (certains taquinent les 85 km/h !) ainsi que des équipements d'éclairage et sonore.

Rappelons que les conducteurs de tous ces engins électriques doivent également souscrire une assurance en responsabilité civile, obligatoire pour tous les véhicules motorisés. Un détail très souvent négligé... jusqu'à l'accident !

Car il y a urgence : leur prolifération en ville et la facilité avec laquelle ces engins se louent entraînent de nombreux abus et des accidents... L'hôpital Saint Joseph Saint Luc de Lyon (69) signale ainsi une augmentation de "115%" d'accidentés en "EDP" entre janvier et avril 2019 dans son arrondissement !

Dans ce contexte, l'Observatoire des modes de déplacements doux préconisé par le CNSR paraît peu utile, voire déjà dépassé : le phénomène a pris une telle ampleur que le temps de l'observation est révolu. Place à l'action concrète !

Recommandation du CNSR n°3 : impliquer les constructeurs dans l'information et la formation à la bonne utilisation des aides à la conduite

La généralisation de dispositifs d'aide à la conduite - comme l'alerte de franchissement de ligne et le freinage d'urgence automatisé - n'est pas toujours prise en compte par les conducteurs, par manque de (d'info)formations sur ces dispositifs.

"Il semble essentiel d'agir en faveur d'un emploi correct et éclairé de ces derniers par les conducteurs", estime le CNSR qui préconise de mettre en place des "tutoriels pédagogiques, aisément accessibles", détaillant les fonctionnalités de "chaque modèle" sur une "plateforme officielle dédiée".

  • L'avis de MNC

    Difficile d'imaginer qu'un conducteur indifférent au contenu technologique de son véhicule décide soudain de rattraper son retard en se connectant sur un site gouvernemental ! A cet égard, cette recommandation ne semble pas convaincante.

Avoir connaissance du potentiel des aides à la conduite sera pourtant incontournable dans un avenir proche, autant en automobile qu'à moto : les premiers dispositifs commencent à arriver sur les deux-roues, comme le détecteur d'angle mort sur les scooters BMW.

Honda installe sur certains modèles un système d'avertissement au freinage, qui active automatiquement les warnings en cas de ralentissement prononcé. Ducati et KTM développent quant à eux des régulateurs de vitesse automatiques inspirés de l'automobile, capables à terme d'adapter l'allure des motos aux conditions de circulation...

Recommandation du CNSR n°4 : préserver la mobilité et la conduite des seniors

"Cette recommandation identifie des voies pour préserver au mieux, dans les meilleures conditions de sécurité, la mobilité des seniors et notamment leur capacité de conduire", indique le CNSR en déployant de visibles efforts pour ménager ce sujet particulièrement conflictuel (car oui, les seniors ne font pas que rouler : ils votent)...

"Une mobilité préservée est un gage de lien social et de bonne santé physique, notamment dans les territoires où les transports publics font défaut", souligne l'organisme gouvernemental en assurant qu'il n'y aurait pas d'intérêt à mettre en place "des visites médicales systématiques et obligatoires à partir d'un certain âge".

  • L'avis de MNC

    Attention, sujet sensible ! L'idée d'imposer une visite médicale obligatoire aux seniors pour vérifier leurs aptitudes à la conduite fait régulièrement surface sans jamais aboutir. D'où les tergiversations du CNSR qui évoque prudemment "le repérage des situations à risque" et des "auto-évaluations"...

Les raisons ? Les dirigeants politiques veulent éviter de braquer un électorat puissant, tandis que les constructeurs automobiles soutiennent une clientèle susceptible de "monter en gamme". Même chose pour l'industrie du camping-car : on croise bien plus de "têtes grises" que de trentenaires au volant d'un "Distinction i1090", fleuron du constructeur français Rapido (à partir 127 000 euros) !

Recommandation du CNSR n°5 : sensibiliser au risque routier professionnel les personnels entrant dans l'entreprise

Le CNSR envisage de sensibiliser les "jeunes en début de carrière" dans une entreprise ou ceux qui changent d'employeur grâce à "une méthode et des outils pratiques à définir avec l'appui des branches professionnelles".

Objectif : "prévenir plus efficacement les risques routiers tels qu'ils se présentent dans chaque entreprise en fonction des particularités liées à son activité".

  • L'avis de MNC

    Former ses employés aux risques de la route n'est pas une mauvaise idée en soi... en tout cas bien meilleure que l'obligation de dénoncer ses salariés en excès de vitesse avec un véhicule professionnel !

Encore faut-il se donner les moyens de dispenser une formation adaptée, car un livreur en scooter n'est certainement pas exposé aux mêmes risques qu'un chauffeur routier. Mais qui paiera la note ? L'entreprise, l'État ou le salarié ? Autant de détails laissés au jugé de cette mystérieuse "méthode" et de ces hypothétiques "outils pratiques à définir"...

Recommandation du CNSR n°6 : définir un cadre d'évaluation pour les expérimentations de véhicules à délégation de conduite (dits autonomes) sur les voies ouvertes à la circulation

Le CNSR constate le manque de retours concrets sur les expérimentations des "véhicules dits autonomes (à délégation totale ou partielle de conduite)", hormis les "accidents déclarés" les concernant.

Il propose donc de réaliser annuellement "une évaluation complète en définissant, avec l'appui d'experts, un cadre précis et une méthode d'évaluation qui englobe tout à la fois les volets techniques, mais aussi les aspects comportementaux et la perception par tous les usagers de la route".

  • L'avis de MNC

    L'avenir des déplacements motorisés passera-t-il par des véhicules tout ou partie autonomes ? C'est une possibilité réelle envisagée par BMW, Honda et Yamaha avec leur moto capable de rouler toute seule ! Doit-on s'en réjouir ? Sûrement pas ! Mais s'y préparer au travers d'études concrètes est indubitablement avisé.

Recommandation du CNSR n°7 : améliorer la protection des cyclistes

Le CNSR poursuit trois objectifs avec cette recommandation : "étendre le continuum éducatif cycliste bien au-delà des seuls jeunes", "sensibiliser davantage les autres usagers de la route pour un meilleur partage de l'espace avec les cyclistes" et "intensifier le développement de pistes cyclables".

  • L'avis de MNC

    Une préconisation utile dans la mesure où l'apprentissage du vélo ne se concentre que sur les jeunes, alors que de plus en plus d'adultes délaissent leur voiture au profit de la "petite reine" pour de courts déplacements. Or, si selon l'adage populaire "faire du vélo ne s'oublie pas", encore faut-il y avoir été initié !

Pour la même raison, développer les pistes cyclables paraît indispensable au regard des risques dans certains centre-villes, notamment les rues où les vélos circulent à contre-sens des voitures. Instaurer des standards européens serait une piste (cyclable) à suivre en s'inspirant de pays comme le Danemark, la Suisse et bien sûr les Pays-Bas, où la pratique du vélo est aussi naturelle que la beuh dans les coffee shops !

Recommandation du CNSR n°8 : former aux gestes qui sauvent sur la route

Cette recommandation vise à instaurer une formation pratique "en lien direct avec la nature des risques et des accidents routiers". Elle reposerait sur un volet théorique assuré à distance "à l'aide de tutoriels adaptés", suivi de deux heures "en présentiel dispensées par des organismes agréés".

"La validation de cette formation serait un prérequis pour passer l'épreuve pratique du permis", suggère le Conseil national à la sécurité routière.

  • L'avis de MNC

    Pourquoi cette mesure frappée au coin du bon sens ne figure-t-elle pas en tête de liste des recommandations du CNSR ?! Le Journal moto du Net encourage cette initiative susceptible de sauver des vies, et pas seulement sur la route : placer une personne inconsciente en position latérale de sécurité (PLS) peut souvent suffire à éviter le pire...

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