Après un début de saison encourageant au Bugatti, la suite des aventures du Team Moto-Net a eu lieu sur le splendide tracé de Dijon-Prenois, très apprécié l'an dernier par l'ensemble des concurrents du Challenge. Compte rendu... en retard !
Après un début de saison encourageant au Bugatti, la suite des aventures du Team a eu lieu sur le splendide tracé de Dijon-Prenois. Très apprécié l'an dernier par l'ensemble des concurrents du Challenge, ce circuit très rapide offre de grosses sensations de pilotage, du moins lorsque la météo le permet...
Episode 2 : Dijon Prenois
Scène 1 : il pleut...
Jeudi, 21h00 : départ en solitaire. Benoît est forfait pour la course. Il vous expliquera mieux que moi pourquoi, mais ce que je sais, c'est qu'il est casse-cou... Bref, je suis un peu triste de faire la route seul, mais je m'en remettrai !
Jeudi, 23h00 : arrivée sur le circuit. Je retrouve le Team Trophy Sport qui cette fois encore nous héberge sous son immense auvent. Le temps de décharger les affaires, de ranger la remorque et zou, je file à l'hôtel me mettre au chaud, la météo ne semblant pas vraiment bonne. Il fait froid et humide, ça s'annonce bien, je n’ai jamais vraiment roulé sous la pluie.
Vendredi, trop tôt le matin (8h25, c'est pas humain). Il fait un temps de crotte, comme prévu par les experts locaux de la météo. Piste très humide, on va se dérouiller sous le crachin. Tiens, c'est marrant, y a pas beaucoup de volontaires pour aller se réchauffer sur la piste ! Bon, on s'équipe, chacun y va de sa combinaison de pluie multicolore, sauf certains malheureux qui vont sérieusement le regretter.
Pour ma part, je reste fidèle à Edith Piaf et me vêt tout de noir, histoire de m'assortir à la couleur de la 95. Je prends la piste avec cette chanson dans le crâne, qui ne me lâchera pas avant la fin de la session.
Vendredi, 9h00 : débriefing. Génial ! Je me suis senti très à l'aise sur la piste, j'ai trouvé un tempo ad hoc (merci Edith), j'ai chanté sous mon casque en passant inlassablement tous les concurrents qui se trouvaient en ligne de mire, sans forcer, sans glisser, comme une fleur. C'était comme une sorte de révélation, un déclic, un truc magique, bref, l'éclate totale ! Je vous le dis : piloter sous l'eau, c'est vraiment un gros plaisir !
Tiens, d'ailleurs, en rentrant, je croise Mikeul qui me félicite pour mon style coulé et mes chronos. J'y crois pas moi-même, il m'annonce grosso modo le troisième temps de la session ! Tout de suite, Régis me remet les pieds sur terre en m'expliquant qu'il y avait peu de concurrents en piste et qu'une fois n'est pas forcément coutume... C'est vrai, mais au moins je retiens la révélation : sous la flotte, on peut AUSSI se faire plaisir !
Vendredi, 11h00 : seconde séance d'essais libres.
Sous une pluie battante cette fois... Bon, c'est tout de suite moins génial : dès le premier tour je sens la moto qui part en glisse à chaque remise de gaz. Faut apprendre à gérer, ce que je fais bon gré mal gré. Mais au moins, le plaisir est toujours présent et je me sens encore une fois à l'aise Blaise.
Au troisième tour, je m'aperçois que des traces d'huile maculent la trajectoire, pile poil où il faut passer. Bon, on fait avec. Au moins, je sais pourquoi ça glisse cette fois ! Allez, on a payé, c'est pas pour regarder les autres tourner, hein ! Au fil des tours, la trace d'huile prend de l'ampleur : y en a un qui vidange son moteur sans le savoir, c'est clair. Note qu'il a de bonnes traj'. Le problème, c'est qu'au début on en joue, on croise la trace d'huile, on fait avec, mais maintenant ça devient impossible ! Décision est prise... d'attendre les consignes des commissaires, qui commencent à signaler le changement d'adhérence puis très vite stoppent la session. Argh, à peine une demi session, si c'est pas du gaspi, ça...
Au moins, le coupable est vite retrouvé : il n'y a qu'à suivre les traces dans les paddocks ! Il n'a pas perdu beaucoup d'or noir, mais avec la pluie, tout prend des proportions inquiétantes. Au point que le responsable de la piste nous punira en annulant notre session de l'après-midi, ni plus ni moins ! Dommage pour moi, je l'avais déjà achetée ! Entre-temps la piste est maculée d'absorbant, mais celui-ci a fini par s'agglomérer au point qu'ils nous demandent de faire des tours en voiture pour évacuer cette boue cracra. Peine perdue, ça ne sert à rien. Dommage pour les concurrents du protwin, qui rentrent de leurs essais avec des motos pleine de gadouillasse grise, façon ciment pas sec.
Vendredi, 16h00. Cet après-midi, repos pendant que certains en profitent pour lapider des cadres à coup de disqueuse.
Y a du proto là-dessous, c'est clair. Avec Charly on étudie un peu la piste, surtout en ce qui me concerne, cette saleté de gauche qui me coûte un temps fou.
Après quelques bières et des chips humides, tout est clair comme de l'eau de roche, y a plus qu'à dîner avec la bande Ronald/Charly/Fred/Guillaume, des pâtes, des pâtes, encore des pâtes, avec du pain mouillé. Je suis bien à l'hôtel, et je plains de tout coeur les vaillants campeurs ! Allez, au chaud, soirée télé en solitaire et gros dodo pour préparer les qualifs matinales.
Scène 2 : il mouille...
Samedi, 10h05. Déjà dix bonnes minutes que je suis en prégrille, sous la pluie, dans les courants d'air, de l'eau plein la visière. Groumpf ! Enfin, le départ est donné. Beaucoup moins à l'aise qu'hier, car il pleut bien dru et j'ai du mal à trouver le grip et à chauffer les pneus. En plus je me fais bouchonner et le pire : je ne vois plus rien ! La visière et les lunettes sont gavées de buée, je ne peux rien faire. A la fin de la qualif, je pointe 29. Régis avait raison, faut jamais fanfaronner ! Il fait tellement froid que nous hurlons tous à la mort, victimes d'onglées redoutables. Au moins, Charly en profite pour pointer 13ème au scratch. A-t-il joué l'intox ?
Samedi, 12h30. Rebelote, pas mieux, constant dans la nullité : 29. Mais au moins, j'ai amélioré de quatorze secondes en 2'25. Bah, je suis qualif les doigts dans le nez, ce qui n'est pas le cas de Charly, qui ne jouait pas l'intox finalement. Dernière ligne, ça doit lui faire drôle après sa performance du Mans ! Devant, Didier Cantel avionne sévèrement en 1'58 !!! Il est l'extra-terrestre du week-end. RAS sur la moto, qui a la bonne idée de tomber en marche. J'ai même pas sorti les outils !
Allez, on passe l'après-midi à traînasser, à papoter, à sécher le matériel et zou, au lit ! Tiens, c'est marrant, les campeurs sont moins motivés ce soir ! Je trouve une chambre pour mes acolytes Charly, Fred et Guillaume, qui ne supportent plus de dormir les pieds mouillés. Pff, le motard n'est plus ce qu'il était.
Scène 3 : c'est la fête à la grenouille !
Dimanche, 10h30.Tiens, comme c'est bizarre, il pleut. J'aurais jamais cru ! Bon allez, on est pas là pour rigoler, faut se cracher dans les pognes, hein ! Prégrille mouillée, tour de formation, tour de chauffe, rouge, VERT ! Pour une fois, je prends pas un départ canon, je garde à peu près ma place. Tiens, je vois un missile rouge qui me passe à gauche. Mais... mais c'est Charly et sa Bimota ?
Hola, comment il est parti comme un cochon celui-là ! J'y crois pas une seconde ! La moutarde me monte au nez du coup ! Pas possible de le laisser devant, je vais me le faire !
A côté de moi, le 78 Philippe Leplattenier roule exactement dans le même rythme. On va faire la course ensemble, je le lâcherai pas, j'ai décidé de me battre. On enchaîne les tours dans un tempo sympa. On joue bien avec le 78 et je m'aperçois qu'on remonte quelques concurrents au fil de la course. C'est marrant, j'ai de plus en plus l'impression que j'arrive à bien gérer les dépassements et la course en général. C'est pas bien compliqué : le gars qui est DEVANT toi, faut que tu te mettes dans le crâne qu'il doit être DERRIERE toi le plus vite possible. Et ça, c'est bête, mais ça change pas mal de choses quand tu le gardes à l'esprit toute la course.
Hop là... Mais... mais que vois-je en ligne de mire ? Une Bimota rouge, juste dans le premier droit après la ligne droite ! Attends donc mon p'tit gars... Tu te rappelles du gauche qui me coûte un oeil à chaque tour ? J'arrive à sa droite, je freine tard, et... je passe Charly comme une fleur au freinage ! OUIIIIIII, j'en gueule de bonheur sous mon casque, ce qui me vaut 5 secondes d'aveuglement pour cause de buée. J'y crois pas moi-même, j'ai passé Charly à l'endroit même où je me traînais le plus sur cette piste...
Au fil des tours, les dépassements s'enchaînent (pas tant que ça en fait, mais j'aime à le croire), ainsi que les abandons (nettement plus que de dépassements). Tiens, les missiles de tête commencent à me passer. Je remarque surtout Cantel sur son superbe proto 93, qui mène la danse dans un style impeccable et des gerbes d'eau impressionnantes. C'est bientôt la fin, et j'ai un peu perdu la 78 de vue, il m'a collé 3 secondes au passage d'un groupe d'attardés.
Plus qu'un tour, je m'accroche, j'ai les doigts qui commencent à me faire souffrir le martyr. Drapeau à damiers. Je finis à ma meilleure place depuis le début de l'aventure : 19ème !
Scène 4 : debriefing
Un tour embarqué de Prenois sous la pluie
Départ en montée dans la ligne droite des stands. Pas d'arrière pensée : à fond !
Au bout de la ligne droite, le double droite de Villeroy. Rapide (on arrive à environ 200, un peu moins sous l'eau), on rentre 2 rapports à partir des 150 m et on enquille pour aller chercher la corde assez rapidement.
On enchaîne avec le S des sablières, bien rapide aussi. On met du gaz sur l'angle et il faut impérativement aller chercher les quilles pour se retrouver en bonne position à l'entrée du gauche de la bretelle. C'est celui-là qui m'impressionne : aveugle, en descente, il me rappelle un peu Ledenon. Pourtant, y a de la place en sortie. Mais rien n'y fait, j'ai du mal à me lâcher (sauf quand il s'agit de passer la 96 de Charly). Dans la descente, gros gaz, on passe la 4 et on aborde le plus gros freinage : la parabolique. Passage de la 2, virage lent en cuvette, puis gaz dans la montée. Ici, pas mal de sorties de piste à déplorer, l'adhérence dans la montée est un peu précaire et la sortie se rapproche dangereusement lorsqu'on est un peu optimiste ou sur une mauvaise traj.
Tout de suite en haut, un freinage pour le gauche aveugle (au sommet), sur lequel j'ai passé pas mal de concurrents. Un double gauche qui ressemble un peu au "gauche qui tue" de Carole. A la seconde corde on commence la partie sérieuse du circuit, réservée aux plus courageux qui font leur temps ici. Le droite de la Combe, en 4, avec une belle bosse en plein milieu, conditionne la suite des opérations. La bosse est vraiment gênante, surtout quand il pleut.
Ensuite un petit bout droit en descente qui permet de se replacer pour la fameuse courbe de Pouas (pouah, poisse... c'est selon les concurrents). Je suis un peu paumé, deux droits qui se ressemblent.
D'autant qu'à la corde, une magnifique flaque d'eau permet de s'entraîner à la maîtrise de l'aquaplanning (ce qui ne semble pas déranger Cantel). Ici, y a pas le choix, on conditionne l'intégralité de l'interminable ligne droite, qui de plus débute par une montée impossible à 10%. Tu te rates dans Pouas, tu le payes très cher dans la ligne droite.
On envoie plutôt fort dans la dernière partie, pour aller lécher le vibreur extérieur. Ici, pas de dégagements mais des air fence. Tu te sors, t'es très mal. Au sommet de la première côte, passage de la 4, puis on garde les gaz au taquet jusqu'au freinage de Villeroy. Fin du tour de manège.
Scène 5 : on continue sur la lancée ?
Plus le temps passe, plus je me sens devenir combatif. J'ai pas lâché durant la course, j'ai de moins en moins la frousse de doubler et je sens vraiment que je change de comportement sur la moto. Après une saison, je commence à comprendre qu'une course, c'est pas une balade entre potes. On peut très bien respecter ses adversaires tout en les ayant en ligne de mire avec pour seule pensée "toi, je te pourris au prochain freinage, ta place doit être la mienne". Comme le dit Régis, y a pas 36 façons de rouler : faut aller plus vite que le mec qui est devant. Et ça, ça change tout...
A bientôt pour le compte rendu de Carole, troisième épreuve de la saison, qui s'est déroulée les 21 et 22 mai...
Merci à HJC, qui nous fournit gracieusement des casques de qualité, à Urbanmoto.com pour son soutien toujours aussi inconditionnel et au TTS qui nous remet les pieds sur terre en plus de nous fournir le gîte !
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