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Málaga (Espagne), le 5 décembre 2019

Essai Yamaha MT-03 2020 : A2 doigts d'une grande moto

Essai Yamaha MT-03 2020 : A2 doigts d'une grande moto

Le roadster MT-03 adopte pour 2020 le "grand méchant look" propre aux motos Yamaha de la gamme Master of Torque (MT), ainsi qu'une nouvelle fourche inversée et une ergonomie revue. Cette évolution par petites touches renforce les nombreuses qualités de cette attachante moto naturellement compatible avec le permis A2. Essai.

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Essai MT-03 page 1 : nouvelle tête, nouveaux enjeux

On ne va pas se mentir : les motos de 250 à 400 cc ont autant de succès que des sapins sans aiguilles pendant les fêtes de Noël, malgré leur format taillé pour les exigences du permis moto européen A2. La faute à leur réputation d'utilitaires faits "par-et-pour-l'Asie", à leur finition parfois ingrate et à leurs performances souvent limitées.

La Yamaha MT-03 (re)lancée en 2016 ne fait pas exception : ce roadster dérivé de l'YZF-R3 peine à séduire avec son bicylindre de 321 cc, certes "nativement A2" avec ses 42 ch et 29,6 Nm mais un rien sous-dimensionné face à des Honda CB500F de 471 cc (47,5 ch et 43 Nm), Kawasaki Z400 de 399 cc (45 ch et 38 Nm), KTM 390 Duke de 373 cc (43,5 ch et 37 Nm). Sans parler de la concurrence "interne" : le twin de 689 cc de la MT-07 reste ultra dynamique même bridé de 74,8 à 47,5 ch (puissance maxi pour les permis A2) !

Le constructeur d'Iwata croit pourtant fermement au potentiel de sa MT-03 en se basant sur la croissance de ce segment en évolution : le marché européen des roadsters de 300 à 400 cc serait passé de 7500 unités en 2016 à 12 400 en 2019, sans doute porté par la généralisation du passage du permis A2 quel que soit l'âge du candidat.

La demande augmentant, Yamaha améliore son offre : la MT-03 reçoit pour 2020 une complète mise à jour stylistique pour muscler et crédibiliser son image. Oubliées les lignes un peu fades du modèle précédent : place à l'intimidante face avant chipée à la MT-09 et ses deux feux de jour à LED au-dessus d'un lenticulaire !

Le réservoir de 14 litres (idem en 2019) s'habille d'écopes avec entrées d'air factices, tandis qu'une fourche inversée de 37 mm remplace l'ancienne télescopique. Avec ses nouveaux clignotants à LED, la MT-03 gagne en prestance et présente par ailleurs une finition correcte à quelques détails près (klaxon sous l'optique, radiateur non peint et leviers non réglables).   

Simplement évidente

Étroite, compacte et basse de selle (780 mm), la MT-03 met immédiatement à l'aise les motard(e)s de 1m70 qui posent deux pieds à plat au sol. Ironiquement, c'est loin d'être le cas sur la nouvelle MT-125 et sa selle à 810 mm testée dans la foulée par MNC ! Les jeunes permis A1 de 16 ans auraient-ils de plus longues jambes ?!

Son guidon relevé de 39 mm et rapproché de 19 mm renforce cette facilité de prise en mains, tout en soulageant les poignets. L'ergonomie serait idéale si la selle n'était pas autant creusée, les repose-pieds moins hauts et davantage reculés : les pilotes au-dessus de 1m75 sont comme encastrés dans la moto faute de profondeur d'assise et souffrent d'un repli sensible des jambes, pieds vers l'avant.

Cette position un peu "pépère" tend à trahir les racines de cette moto fabriquée en Indonésie, loin des canons ergonomiques des roadsters à l'Européenne. En revanche, tous les profils apprécieront son excellent rayon de braquage, sa rétrovision efficace et sa douceur d'embrayage : trois atouts clés en ville.

Sa disponibilité exemplaire s'inscrit dans la même veine : le bicylindre calé à 180° repart docilement entre 1500 et 2000 tr/mn sur les premiers rapports, sans autre désagrément qu'une certaine rugosité à la remise des gaz qui fait écho à celle de la sélection. A confirmer toutefois sur des motos davantage kilométrées : "notre" MT-03 n'avait que 102 km au compteur !

Souple, ce moteur identique à la version précédente autorise de musarder en agglomération sur le dernier rapport, à 50 km/h à 4000 tr/mn. Les relances qui s'ensuivent sont toutefois peu musclées, sans surprise au regard de sa faible valeur de couple (29,6 Nm) par ailleurs assez haut perchée (9000 tr/mn). 

Une moto bonne pour le moral !

La Yamaha n'a beau peser que 168 kg - comme en 2019 -, les reprises canons ne sont pas au programme de son twin vertical dans le premier tiers du compte-tours : rien d'étonnant compte tenu de sa course courte (44,1 mm pour 68 mm d'alésage). Son régime idéal pour des relances toniques est situé au-dessus de 6500 tr/mn comme sur l'YZF-R3 testée l'an dernier par MNC

Son moteur exprime alors une joyeuse réactivité qui fait oublier sa linéarité un rien paresseuse sous 5000 tr/mn. La MT-03 allonge prestement la foulée jusqu'à 11 000 tr/mn, forte d'un petit caractère aussi sympathique qu'efficace : son cinquième rapport l'emmène à 170 km/h au rupteur (12 500 tr/mn), preuve de sa santé mécanique et d'un bon étagement de boîte !

Malgré un flagrant manque de rodage, MNC a atteint 178 km/h en 6ème sur une autoroute allemande providentiellement découverte près de Malaga (Espagne), nez dans sa nouvelle instrumentation digitale en noir et blanc (détails en page 2). L'occasion de confirmer l'absence totale de protection au-dessus du nombril et d'apprécier sa stabilité irréprochable à haute vitesse.

Autres atouts de ce moteur : sa sobriété (4,2 l/100 km d'après l'ordi de bord à bon rythme), ses vibrations réduites à quelques grésillements sous les fesses à 6500 tr/mn et sa sonorité flatteuse. Le sourd grondement délivré par l'échappement à la coupure des gaz évoque même une moto de plus grosse cylindrée. Tout ça, pour reprendre la Compagnie créole, "C'est bon pour le moral" ! 

Joueuse mais confortable

Séduit par ce moteur à "deux facettes", MNC est définitivement tombé sous le charme de la MT-03 en découvrant les qualités de sa partie cycle : autant de rigueur et de précision sont remarquables à ce niveau de prix, tout comme la préservation du confort. En clair : la MT-03 est capable d'exciter l'esprit sans esquinter le corps !

La moto se montre diaboliquement maniable grâce à son poids contenu, son empattement court (1380 mm) et son angle de chasse fermé (25°). L'inscrire en courbe est une formalité aussi basique que l'intrigue d'un épisode des Feux de l'amour. Quoi ? Vous n'aviez pas compris que Steve est le père de Cathy, sa deuxième femme rencontrée après avoir assassiné Ashley qui se trouve être la tante de son jumeau Peter ?! 

Virages serrés, épingles en dévers, courbes aveugles : la MT-03 se joue avec maestria et fluidité de toutes ces difficultés topographiques qui font le sel de la pratique motocycliste. Intuitive et rassurante, elle autorise un rythme "enlevé" malgré les conditions parfois glissantes de cet essai débuté sur chaussé humide.

Ses pneus d'origine - Dunlop Sportmax GPR300 - n'ont pas failli dans ces conditions "abîme-visage", offrant adhérence et motricité à défaut d'être très communicatifs. Et avec 42 ch à faire passer au sol, nul besoin d'anti-patinage (artistique) réglable sur 72 niveaux et sensible à l'inclinaison du soleil par rapport à la terre !

Le cadre tubulaire acier présente de son côté la rigidité nécessaire pour maintenir tout ce beau monde sur le droit chemin, alors que les suspensions réalisent un grand écart digne de Jean-Claude Van Damme (version jeune et pas encore trop "aware"). Assez souples en début de course, elles s'affermissent au fur et à mesure par le truchement d'une hydraulique finement gérée. Top !

La nouvelle fourche inversée absorbe ainsi sans broncher les transferts de masse et les freinages sur l'angle, tout en restant active et confortable sur les pavés du centre-ville. Le monoamortisseur est du même tonneau, bien aidé par ses nouveaux tarages. Certaines motos beaucoup plus haut de gamme peuvent s'en inspirer...

Tout va bien, alors ? Presque : le freinage est la seule ombre à ce tableau idyllique. Comme sur l'YZF-R3, le chétif étrier avant - en position axiale - est un peu faiblard et son levier manque de consistance, alors que l'arrière n'est guère qu'un ralentisseur. L'action conjointe des deux autorise néanmoins des freinages satisfaisants, à condition d'avoir la main et le pied droit "lourds" !

Verdict : au-delà des préjugés

La deuxième génération de MT-03 - trois, avec feu la version monocylindre de 660 cc lancée en 2006 - n'a certes évolué que dans le détail, mais le résultat est convaincant : plus sexy, plus confortable et mieux équipé, le roadster Yamaha dédié aux permis A2 coche beaucoup de cases favorables !

Un freinage de meilleure qualité et une ergonomie peaufinée la rendrait tout bonnement irrésistible, tant son moteur joueur dans les tours est accordé à son excellente partie cycle !  

Yamaha peut également renforcer son attractivité en faisant un effort sur les aspects pratiques, trop négligés : coffre riquiqui, repose-pieds sans caoutchoucs, écran monochrome ainsi qu'absence de prise, de poignées passager et de béquille centrale font tiquer MNC.

Des lacunes plus ou moins justifiables par une volonté de contenir le prix à 5499 euros, au même niveau que l'élégante Honda CB300R et 200 euros de moins que la Kawasaki Z400 (liste des rivales ci-dessous). Car après tout, combien de motos sympas et un minimum pêchues sont disponibles sous 5500 euros ?

Problème : certaines de ses rivales profitent de leur cylindrée plus proche des 400 cc pour afficher des performances supérieures, tandis que la Honda CB500F constitue une alternative séduisante avec son "gros" 471 cc pour seulement 800 euros supplémentaires.

Enfin, si la MT-07 ne joue pas dans la même cour avec son tarif supérieur de 1600 euros et l'obligation de la brider à 47,5 ch, elle attire pourtant davantage : plusieurs jeunes permis A2 interrogés par MNC avouent préférer une "07" d'occasion, qu'une "03" neuve pourtant moins coûteuse à entretenir et à assurer : question d'image. Charge aux constructeurs de lutter contre ces préjugés via des motos comme cette MT-03 !

  • Tous les détails de notre essai MT-03 en photos légendées page 2

Les principales concurrentes de la Yamaha MT-03 2020

  • BMW G310R : monocylindre, 313 cc, 34 ch, 28 Nm, 158,5 kg, 5140 euros (- 359 euros Vs MT-03)
  • Honda CB300R : monocylindre, 286 cc, 31,4 ch, 27,5 Nm, 143 kg, 5499 euros (idem)
  • Honda CB500F : bicylindre, 471 cc, 47,5 ch, 43 Nm, 189 kg, 6299 euros (+ 800 euros)
  • Kawasaki Z400 : bicylindre, 399 cc, 45 ch, 38 Nm, 167 kg, 5699 euros (+ 200 euros)
  • KTM 390 Duke : monocylindre, 373 cc, 43,5 ch, 37 Nm, 149 kg, 5999 euros (+ 500 euros)
  • Yamaha MT-07 : bicylindre, 689 cc, 74,8 ch (en Full), 68 Nm, 182 kg, 7100 euros (+ 1600 euros)

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CONDITIONS ET PARCOURS

 
  • Modèle d'origine, 102 km au départ
  • Parcours : 90 km autour et dans Malaga (Espagne)
  • Pneus : Dunlop Sportmax GPR300
  • Consos : non mesurée (4,2 l/100 km au tableau de bord)
  • Problèmes rencontrés : RAS
 
 
 

POINTS FORTS YAMAHA MT-03 2020

 
  • Bond en avant stylistique
  • Facilité et efficacité partie cycle
  • Bicylindre docile et ludique
 
 
 

POINTS FAIBLES YAMAHA MT-03 2020

 
  • Freinage moyen
  • Quelques détails de finition
  • Concurrentes de plus grosse cylindrée
 
 
 

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