Septembre 1999La devise du département, abondamment proclamée le long des routes - "Ariège, Terre courage" -, risque fort d'inspirer au motard poète la précision suivante : "Terre courage, Routes pourraves"...
L E S R O U T E S |
EN BREF |
Paroles de balade :
"Ouais le SV 650 ça marche fort, mais faut monter des durits aviats" "A Fougères ils étaient moins cons, ils avaient construit leur château dans la vallée !" "Ah oui dans la région y a plein de choses à voir, comme la Dune du Pylat ou l'Ile de Ré" "L'Apocalypse prévue pour le 11 août est également transférée à une date ultérieure, pour raison de santé du grand maître" Lectures de balade : E.M. |
UN ETE 99 SUR LA ROUTE (3)
Ariège, Terre courage !
De retour d'un break de 3 semaines après 4 600 km de bitume au guidon d'une 900 Trophy lestée de ma passagère préférée, les meilleurs plans de Moto-Net. 3ème partie.
Terre courage, routes pourraves !
La devise du département, abondamment proclamée le long des routes - "Ariège, Terre courage" -, risque fort d'inspirer au motard poète la précision suivante : "Terre courage, Routes pourraves". La plupart des routes départementales sont en effet plutôt rock'n roll, et il est rare de pouvoir savourer une portion potable sur plus de 300 m... Mais peu importe : c'est une région splendide, sauvage, montagneuse juste ce qu'il faut, et abondamment arrosée par d'innombrables cours d'eau. Un peu comme en Lozère, mais en plus montagneux. La D618 en réfection, qui ravira les amateurs de prise d'angles "rustiques" (gravillons farceurs, signalisation hasardeuse des virages), se faufile jusqu'à St Girons, petite sous-préf pépère qui présente l'avantage d'être située en plein coeur de notre nouveau terrain de jeu. La ville semble avoir connu son heure de gloire (voir les très belles façades du Grand Hôtel de France et de l'Hôtel de l'Union), mais se vide régulièrement de son sang depuis la fermeture des mines de tungstène. Les hôteliers continuent à péter un peu les plombs, comme cet ex-Parigot du 15ème qui demande 300 balles pour une chambre complètement naze (pour passer la nuit, mieux vaut pousser jusqu'à Massat par la D618). Quant au charmant "Restaurant ariégeois", il est fermé depuis belle lurette. Seules subsistent des pizzerias à la pelle, et un excellent restau de poissons (Grand Hôtel de France). On peut aussi découvrir dans certains bars une bière artisanale plutôt bonne, la Payenne (blanche, rousse ou brune), brassée à la Ferme du bocage (31310). Les jours de marché, St Girons revêt des allures de Katmandu rustique, où le mix de vieux paysans ariégeois et de jeunes joueurs de cithare techno crée un contraste assez saisissant. L'Ariège a en effet conservé pas mal de traces des néo-ruraux des années 70 - ou de leur descendance ? -, qui retapent des granges et vendent du fromage de chèvre. Il faut dire que les Ariégeois sont plutôt ouverts et sympas : ici, même les vieux pêcheurs à la truite, postés au bord de la route en rase cambrousse, vous font signe qu'il y a des flics au prochain carrefour !
"Moujghaligora Tidolou Parisiagou ?"
Là, j'avoue que la question m'a laissé perplexe. Certes, dans certains coins un peu reculés de l'Ariège, la vue d'une plaque 75 est à elle seule un mini événement qu'il convient d'arroser comme il se doit, surtout quand elle est posée sur une 900 Trophy garée devant le seul troquet du village (Oust, le village). Mais là, après l'avoir fait répéter 3 fois, impossible de répondre autre chose que "oui oui" ou "non non", d'un air détaché, à ce petit vieux au béret vissé sur le crâne qui, à peine descendu de sa Diane bleu ciel, attrapait déjà le demi que lui tendait le patron... Après Oust, faute d'avoir pu nouer le contact avec l'autochtone, vous pourrez rejoindre Seix (un abonnement gratuit au premier qui m'apprend comment on appelle les habitantes de Seix), puis Castillon en Couserans par la D17 et le Col de la Core (1395 m). Panorama magnifique sur la vallée de Bethmale (délicieux fromage). Si vos forces, votre courage ou les suspensions de votre moto le permettent, bouclez la boucle par le Col de Saët (1123 m) et le Col de Portet (862 m) par la D137 et la D37 via Alos. Mais attention, il s'agit principalement d'un vulgaire chemin de terre avec des cratères gros comme ça et des touffes d'herbes en guise de ligne blanche ! Pour des valeurs sûres, préférez la splendide D8 et le Col de Latrape (1111 m) par Aulus les Bains, puis poursuivez vers l'incontournable Port de Lers (1517 m) par la D18. On peut même piquer une tête dans l'Etang de Lers, mais c'est froid.
La chasse aux poils de pneus neufs
On peut ensuite rester avec bonheur sur la D18 jusqu'à Tarascon sur Ariège, puis revenir à Massat par la D618 et le Col de Port (1250 m). Ou, si tous ces virages serrés finissent par tirer un peu sur les bras, se laisser couler jusqu'à Ax les Thermes par la très jolie N20 (attention aux hordes de touristes qui reviennent d'Andorre, le coffre de la Fuego plein de kilos de sucre pas cher). De là, pas question de passer à côté du Col de la Chioula (1431 m) et de sa délicieuse D613, qui continue fort agréablement vers Belcaire. On peut ensuite couper par la D29 et la D16 par le Col de la Croix des Morts (898 m), visiter les ruines du château cathare de Montségur sur la D9 (le guichetier, à mi-chemin de la montée à pied, garde sans problèmes casques et sacoches), avant de rejoindre Foix par la D117 (ou, mieux, en restant sur la D9 via Roquefixade, Leychert et Soula). A Lavelanet, les nostalgiques du bon vieux temps iront peut-être visiter le "Musée du textile et du peigne en corne" (!). Les acharnés se feront ensuite un plaisir de regagner Massat par la D17 (La Route verte) et la D72 par le Col des Marrous (990 m), le Col de Jouels (1247 m) et le Col de la Crouzette (1241 m). En fin de journée, le plus récalcitrant de tous vos petits poils de pneus neufs devrait avoir complètement disparu. S'il en reste un dernier, offrez-lui le Col de Rille (938 m), plus au nord par la D18. Il ne devrait pas trop la ramener, et vous pourrez quitter la région la conscience tranquille, par exemple en reprenant la D117 jusqu'à St Girons et la D627 par Ste Croix Volvestre, Montesquieu Volvestre, Rieux et Carbonne.
Toulouse par la D4, royal
Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais il est devenu quasiment impossible de rentrer dans une ville française, quelle qu'elle soit, sans passer par les mêmes rocades débiles, bordées par les toujours aussi tristes hangars à Foirfouille, Halle aux Chaussures, Feu Vert et autres Midas. Eh bien à Toulouse, c'est possible ! Il suffit de ne pas rater la D4 au croisement de la N20 (en venant de la D627, c'est au deuxième rond-point à droite, que l'on retrouve aussi si on prend le C5 direction Justaret), et de suivre Toulouse par Lacroix Falgarde. On peut alors longer paisiblement la Garonne et s'offrir le luxe - gratuit, le critère du vrai luxe ! - de pénétrer dans la ville rose aussi langoureusement que possible. C'est pas beau ça ? Merci Moto-Net ! En revanche, une fois dans le centre, bonjour la galère pour trouver un vulgaire cybercafé. "Un quoi ? Ah oui, avec des ordinateurs d'internet ? Attendez, je crois bien qu'ils en ont mis un vers la Place des Carmes, ou alors essayez plutôt St Michel, près de la prison". Bref, une heure plus tard il s'est avéré qu'il y avait bien un accès internet sur la Grande rue St Michel... fermé entre midi et deux heures car c'est pas un bar, mais un magasin d'informatique ! J'ai donc pu prendre connaissance de vos nombreux messages, répondre aux plus urgents et reprendre la route du Nord, vers les Monts du Cantal et le Puy-de-Dôme.
Eric MICHEL
© Moto-Net n°6 - Septembre 1999
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1. Haut-Doubs et Parc du Haut-Jura (solo)
2. Les Cols des Pyrénées (duo)
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4. Les Monts du Cantal(duo)
5. Les volcans d'Auvergne(duo)
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