Des gendarmes belges organisent des sorties piste en France !

Pour être tout à fait franc, lorsque Pierre C. (un fidèle lecteur de Moto-Net.Com) a attiré notre attention sur un improbable moto-club belge organisant des journées piste "low cost" en France, un léger sentiment de scepticisme a envahi la rédaction du Journal moto du Net...

Baptisée "Circuitdagen", cette association fondée en 1996 par cinq gendarmes belges (si, si !) propose pourtant le plus sérieusement du monde plusieurs dates entre avril et août sur les tracés de Croix-en-Ternois (62) et des Écuyers (02)... Avec effectivement des tarifs oscillants entre 60 € et 80 € la journée ! Des sommes tout ce qu'il y a de plus raisonnables, sachant qu'une journée sur circuit avoisine ou dépasse souvent la centaine d'euros.

Certes, le motard tricolore souhaitant faire boulocher ses pneus sans se ruiner peut aussi se tourner vers l'opération "Portes ouverts des circuits" dirigée par la FFM à partir de 25 € la journée (lire notamment Moto-Net.Com du 26 novembre 2008, rouler gratuitement à Carole le week-end ou participer à des opérations comme les FMA Day's (lire Moto-Net.Com du 3 juillet 2009) de 59 € à 75 € (lire Moto-Net.Com du 21 juillet 2007).

Mais ces alléchantes opportunités sont encore bien rares et laissent de nombreux intéressés sur leur faim... au risque de les voir continuer à se défouler sur les petites routes sinueuses pas toujours optimales en termes de sécurité...

Arrivés aux mêmes conclusions au sein de leur Belgique natale, Marc Vanduynslager, Ides Vankeirsbilck, Irwin Pillaert, Hendrik Van Rintel et Eric Verlinde ont donc décidé de créer Gd Motordag (Gd étant l'abréviation de gendarmerie !) pour proposer à leurs collègues de venir tourner sur le tracé de Zolder (Belgique) contre une bouché de pain.

Dès 2004, Marc Vanduynslager et ses confrères étendent le concept : ils rebaptisent leur association Circuitdagen et ouvrent leurs journées à tous les motards... non sans un certain sens de l'humour (belge ?) : "qui n'aimerait pas dépasser un flic motard ?", s'interroge ainsi le site de l'association !

A la bonne franquette... une fois !

Rapidement, la formule dépasse les frontières : Marc Vanduynslager assure que des motards hollandais, belges et français participent régulièrement et constitueraient un carnet d'adresse de près de 4 000 contacts ! Ouvert et franchement sympa, notre flic gendarme belge nous a ainsi accueilli très chaleureusement lors du rendez-vous de Beuvardes le 17 juillet dernier.

"L'idée, c'est de démocratiser la pratique de la piste et la rendre abordable à tous les motards quels que soient leur niveau, leur machine ou leurs pouvoir d'achat", nous explique-t-il avant de préciser que ses douze journées se tiennent désormais exclusivement sur des tracés français "pour des questions de coûts".

Basées sur le bénévolat et la camaraderie, ces journées circuit proposent un service minimum pour contenir les coûts : pas de petit-déj' ou de repas, pas de débriefings après chaque session et un contrôle de l'état des machines assez sommaire. Néanmoins, l'équipe ne néglige pas l'essentiel et fait appel à la Croix Rouge pour assurer la présence médicale indispensable, tandis que du personnel du circuit est sollicité pour améliorer la sécurité des pistards : "pour cette journée, nous avons engagé deux commissaires de piste du circuit mais ça nous coûte 180 € la journée pour chacun d'entre eux ! C'est difficile dans ces conditions de maintenir nos tarifs populaires, d'autant que la location du circuit est déjà sacrément chère au vu des infrastructures mises à disposition".

Pestant notamment contre l'absence d'un camping, l'organisateur aime en effet rappeler que ses journées se déroulent dans une ambiance bon enfant ou chacun se file un coup de main pour monter et descendre une machine d'une remorque ou se prêter une clé de 12 : "nous avons juste la prétention de permettre aux motards roulant au quotidien sur la route de venir faire quelques incursions sur circuit avec leurs machines pour un tarif abordable".

Une vraie bonne idée, tant profiter pleinement des performances toujours plus élevées des sportives ou roadsters modernes se révèle de plus en plus délicat ! Ce qui n'empêche pas, bien entendu, de croiser des participants au guidon de motos méchamment affûtées, sorties avec précaution de camionnettes reconverties en camions-ateliers où trônent même couvertures chauffantes et autres équipements dignes d'un championnat de vitesse national !

Rouler plus et dépenser moins !

Après un rapide briefing, suivi de la distribution des autocollants et des bracelets signalant l'appartenance à un groupe (débutants, peu expérimentés, expérimentés et experts), les joyeuses troupes (environ une soixantaine de personnes au total) prennent possession de la piste les uns après les autres.

Les débutants commencent par une session où ils évoluent chacun leur tour derrière un guide, tandis que les autres sont lâchés sur la piste sans autre forme de procès. Le tracé s'assimile assez vite pour tous ceux qui ont déjà tâté de la piste, mais un peu plus d'encadrement et de rigueur ne sauraient nuire : les débutants et les peu expérimentés seront même regroupés en un seul groupe l'après-midi, occasionnant des écarts de niveaux à la limite du dangereux...

Toutefois, comment reprocher à cette équipe motivée - "et qui ne rentre pas toujours dans ses frais !", souligne Marc - de ne pas être aussi organisée qu'un stage coûtant parfois plus du double ?

D'autant que dans les paddocks l'ambiance est effectivement plutôt détendue et oscille - comme souvent autour d'un circuit - entre bonne franquette, arsouilles et mauvaise foi : Moto-Net.Com s'est ainsi lié d'amitié avec une équipe de belges en sportives bluffés par l'efficacité de la Hornet 2009 - essai à suivre ! - sur le tracé de Beuvardes !

Pour tester cette journée dans son intégralité, nous n'avons pas hésité à bourrer lamentablement la Honda à 5 km/h en l'arrêtant dans un dégagement en herbe après avoir redressé aux abords d'un gauche abordé bien trop vite... Résultat : la session est immédiatement interrompue à grands renforts de drapeaux rouges, l'équipe médicale est sur le qui-vive et un bénévole placé dans la courbe accourt en demandant si un remorquage sera nécessaire. Euh, non : juste un nouveau rétro pour la Hornet et un peu moins d'optimisme en entrée de courbe, merci !

Évidemment, cette stupide péripétie n'altère en rien notre bilan global plutôt positif de ces journées Circuitdagen : elles ne sont peut-être pas spécialement recommandées pour quelqu'un n'ayant jamais mis les roues sur circuit mais s'adressent plutôt aux rouleurs occasionnels ou confirmés, recherchant des opportunités de se faire plaisir à moindre coût. Ce qui représente une proportion grandissante d'utilisateurs en France, tant la répression s'acharne à étrangler les dernières opportunités de s'amuser - un peu - en dehors d'un circuit !