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SÉCURITÉ ROUTIÈRE
Paris, le 22 juillet 2011

La FFMC défend la remontée de files à l'Assemblée nationale

La FFMC défend la remontée de files à l'Assemblée nationale

Trois représentants de la Fédération française des motards en colère (FFMC) se sont exprimés devant l'Assemblée nationale pour tenter d'expliquer aux députés les spécificités de la moto... Morceaux choisis.

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A l'invitation d'Armang Jung, député (PS) du Bas-Rhin (67) et président de la Mission d'information relative à l'analyse des causes des accidents de la circulation et à la prévention routière, Marc Bertrand (chargé de mission sécurité routière à la FFMC), Frédéric Roy et Nathanaël Gagnaire (membres du Bureau national) ont été reçus à l'Assemblée nationale par les députés qui avaient déjà auditionné plusieurs personnalités pour les éclairer sur différents aspects de la sécurité routière (lire notamment MNC du 20 juillet 2011 : les assureurs souhaitent généraliser l'airbag moto), afin qu'ils puissent voter les lois en toute connaissance de cause.

"Les bruits les plus divers circulent à propos des motards, ils rouleraient trop vite et ne respecteraient rien".

Armand Jung, député (PS) du Bas-Rhin

"Je suis particulièrement heureux de recevoir une délégation de la Fédération française des motards en colère et je compte sur votre témoignage pour nous éclairer sur ce qui se passe sur le terrain et pour dissiper certaines idées reçues", a ainsi commencé M. Jung en soulignant que "les conducteurs d’engins à deux roues, motorisés ou non, paient un lourd tribut à la route".

"Les bruits les plus divers circulent à propos des motards, ils rouleraient trop vite et ne respecteraient rien", a poursuivi le président de la mission d'information : "en tant que parlementaires, nous aimerions découvrir où est le problème, car les drames sont nombreux. Nous avons besoin de connaître votre expérience. N’hésitez pas à nous parler franchement. De nos discussions pourraient naître des propositions, susceptibles d’être reprises par le gouvernement ou par le Parlement".

"Je suis motard depuis 1984. Tous les accidents que j’ai eus étaient dus à des véhicules qui n’avaient pas respecté la réglementation : un camion qui avait déversé son gas-oil sur la chaussée ou une voiture qui m’avait coupé la route… Malgré tout, je me rends compte que celui qui vient d’obtenir son permis moto n’a pas la même approche de la route qu’un motard exercé. Je me demande aussi si l’on ne confie pas trop tôt des machines trop puissantes aux détenteurs du permis. Ne conviendrait-il pas de réduire les puissances autorisées ou d’exiger une certaine expérience avant de pouvoir conduire un véhicule d’une cylindrée supérieure ?".

Philippe Meunier, député (UMP) du Rhône (69)

Les trois représentants de la FFMC ont ainsi pu détailler à loisir les spécificités de la moto, devant des députés visiblement curieux de mieux connaître le mystérieux monde des motards...

Remontées de files

Invités par le rapporteur Philippe Houillon, député (UMP) du Val d'Oise (95), à émettre des propositions sur les remontées de files, les représentants de la FFMC ont préconisé que "quand des voitures sont ralenties sur un périphérique, les deux-roues motorisés puissent remonter la file, avec un différentiel n’excédant pas 20 km/h".

"Si nous souhaitons la légalisation de la circulation interfiles, c’est afin de pouvoir l’enseigner", a ajouté Marc Bertrand : "vous vous êtes demandés si ce mode de déplacement était ou non légal. En fait, nous sommes face à un vide juridique : le code de la route ne le prévoit pas, pas plus qu’il ne prévoit les embouteillages récurrents, deux fois par jour, sur certains axes".

"Il faut absolument convaincre tous les automobilistes que les motards ne sont pas des sauvages qui roulent trop vite et sont responsables de leurs propres accidents, mais des conducteurs vulnérables à l’égard desquels il convient de redoubler d’attention. La formation ne suffira pas : les pouvoirs publics, les assureurs et les associations devront mener des campagnes en ce sens. Le problème est que, dans cette chaîne, les pouvoirs publics constituent le maillon faible. J’en veux pour preuve les annonces du Conseil interministériel de la sécurité routière du 11 mai dernier, qui ont fait beaucoup de bruit, mais n’apportent que de mauvaises réponses à de bonnes questions".

Marc Bertrand, chargé de mission sécurité routière à la FFMC

Le chargé de sécurité routière pour la FFMC a également rappelé aux députés l'importance de la "circulation en décalé entre les voitures et les nombreux fourgons, qui masquent la visibilité : sur une moto, encore plus qu’en voiture, il est particulièrement important de voir très loin. N’oubliez pas qu’on conduit une moto en équilibre. Cet équilibre est autostabilisé dès les plus basses vitesses, mais les anticipations aux freinages, aux accélérations et aux changements de chaussée dépendent essentiellement de la visibilité".

"Nous avons déterminé, avec les services de la Direction de la sécurité et de la circulation routières (DSCR), quatre cas de figure", a poursuivi Marc Bertrand :

  • la circulation complètement arrêtée
  • la circulation fortement ralentie
  • la circulation dense mais roulante
  • la situation normale

"La remontée de files n’est envisageable que dans le cas du trafic totalement arrêté ou très fortement ralenti, avec des phénomènes d’accordéon", a-t-il précisé : "reconnaître cette possibilité de circulation interfiles permettrait de l’enseigner. Nous nous sommes aperçus que bien des motards la pratiquaient de façon dangereuse. Je suis moi-même très souvent obligé de me pousser, parce qu’un deux-roues roule trop près derrière moi et risque de me percuter si je dois éviter un automobiliste qui change lui-même de file. Une formation permettrait d’apaiser cette pratique de la circulation interfiles et amènerait les motards à prendre conscience des risques".

"Pour que les motards se sentent impliqués et prêtent une oreille attentive quand on leur parle de sécurité routière, il faut arrêter de les pointer du doigt à toute occasion. Comme l’a dit Marc Bertrand, sur les six premiers mois de l’année dernière, la baisse de la mortalité en moto a été de 29%".

Frédéric Roy, membre du Bureau national de la FFMC

"Plus généralement, rouler en deux-roues motorisé entraîne des risques qu’on ne fera jamais disparaître", a-t-il rappelé, "mais on peut enseigner ces risques, comme on le fait pour la plongée sous-marine ou la course en montagne".

TVA réduite sur les équipements

"Il est fréquent d’entendre dire que les deux-roues motorisés sont un moyen de locomotion dangereux. De notre côté, nous disons que c’est un moyen de locomotion qui rend les conducteurs vulnérables", a ensuite fort justement nuancé Nathanaël Gagnaire : "concrètement, si deux voitures s’accrochent à un feu rouge, l’accident se limite le plus souvent à de la tôle froissée. Si vous remplacez une des voitures par un deux-roues motorisé, l’accident devient beaucoup plus grave et le motard risque de se retrouver à l’hôpital. Or cette vulnérabilité n’est pas prise en considération par les pouvoirs publics. Par exemple, voici très longtemps que nous demandons, en vain, une défiscalisation pour les équipements adaptés à la conduite des deux- roues motorisés".

"Les cyclistes demandent également un taux de TVA adapté pour les équipements de sécurité", a souligné le président Armand Jung : "mais dites-nous donc de quoi les motards doivent s’équiper ?"

"D’abord du casque, qui est indispensable et obligatoire", a répondu Nathanaël Gagnaire en soulignant que "les casques coûtent très cher et, pour l’instant, ils sont toujours taxés à 19,6%. Ensuite, du blouson, du pantalon, des bottes et des gants. Mais les pouvoirs publics n’ont pas de politique incitant au port de ces équipements et ne prévoient pas de mesure d’incitation fiscale pour leur achat".

Gilet airbag pour motards

"Ce gilet permet de réduire les blessures en cas de chute, mais n’empêche pas l’accident", a précisé Marc Bertrand : "il ne se déclenche d’ailleurs qu’en cas de chute, après l’accident. En outre, à la suite d’un choc frontal ou latéral contre une voiture, le corps touche le véhicule en 90 millisecondes, alors que le gilet le plus rapide ne se gonfle qu’au bout de 120 millisecondes. Il coûte en moyenne 500 euros. Ceux qui l’adoptent sont déjà majoritairement équipés et possèdent une culture de sécurité routière. Ainsi, le gilet airbag ne concernera que les motards les moins exposés aux accidents, et pas ceux qui ne possèdent pas cette culture : les jeunes, les nouveaux utilisateurs, les urbains qui passent de l’auto ou du scooter à la moto de 125 cm3".

"Je tiens à préciser que les airbags dont nous parlons ne sont pas installés sur les deux-roues, mais portés par leurs conducteurs".

Marc Bertrand, chargé de mission sécurité routière à la FFMC

"Le blouson airbag est-il un équipement d’avenir ?", a interrogé le président Armand Jung qui venait justement d'auditionner Jean Péchinot de la FFSA (lire MNC du 20 juillet 2011 : les assureurs souhaitent généraliser l'airbag moto)

"Oui, dans la mesure où il est adopté librement par le conducteur de deux-roues. Mais pourquoi en faire une obligation, alors même que l’équipement de base n’est pas porté par tout le monde ?", a répondu Marc Bertrand, rappelant que cet équipement de base est composé "de chaussures montantes ou de bottes, de vêtements solides même quand il faut très chaud, d'un blouson renforcé avec une dorsale intégrée, de gants et d'un casque intégral ou jet, du moment qu’il est bien attaché et que les yeux sont protégés".

"Rendre obligatoire le port des blousons airbag entraînerait une certaine déresponsabilisation des usagers qui, une fois équipés, se diraient qu’ils ne risquent rien à tomber", a également fait remarquer Nathanaël Gagnaire, estimant qu'il faut "au contraire les responsabiliser. A l’obligation, nous préférons l’incitation".

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Commentaires

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Bravo à nos representants, j'ai lu les minutes completes. Ce devait etre difficile de rester serein devant certaines demandes qui puaient la démagogie electoraliste. Je n'ai que deux points de désaccord :1) je suis pour l'interdiction totale des portables au volant et au guidon. Le partage de la route ne peut passer que par la vigilance de tous. La demande du partage est incompatible avec le coté rebelle historique. Et 2)pour la visibilité, toutes les mesures proposées ne le sont que pour permettre à des quasi aveugles de continuer à conduire. Dommage que cela n'ait pas été dit.
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Être questionné et écouté par les députés, c'est très important. Plus que d'être reçu dans un ministère ou des technocrates vous disent oui oui et n'en font rien. Il faut être réaliste : rien ne bougera dès demain, mais la pompe est amorcée. Si les députés prennent conscience des spécificités (et de l'enjeu en nombre de voix... il faut aussi le dire), ils feront ce qu'il faut, tôt ou tard, pour faire évoluer les choses. Le plus tôt sera le mieux ! En attendant, on peut remercier le député Armand Jung pour son initiative, ainsi que la FFMC qui prouve que le nom, on s'en fout, ce qui compte, ce sont les faits et gestes.
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@ Yosh83 C'était une commisssion, pas une plénière, donc le nombre de députés présents n'a aucune importance. @ Fred La limitation à 34 CV concerne uniquement les conducteurs ayant obtenu leur permis A avant l'âge de 21 ans, pour une durée de 2 ans. @ Blac-k Il ne s'agit pas de faire d'un problème strictement parisien une cause nationale. Déjà, c'est pas vrai, parce qu'à Lyon, Marseille, Toulouse etc. le problème des encombrements existe, et des flics qui font du zèle y'en a aussi. Mais surtout, il s'agit de légaliser le truc pour pouvoir l'enseigner en moto-écoles ou en stages. Le vrai problème propre à la RP, c'est les bourrins qui font de l'interfile à donf, en faisant des appels de phare et de klaxon à ceux qui le font correctement et qui lattent les bagnoles qui les gênent. Là, y'a des baffes qui se perdent.

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